Le virement de bord, timing et esprit d'équipe

En naviguant au près, les virements rythment toujours la vie du bord. En équipage, on mettra en place une procédure et l'on attribuera des rôles permettant de réussir la manoeuvre. Voici quelques conseils pour perfectionner les virements de bord.

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La procédure de virement de bord

La réussite d'un virement réside en grande partie dans la façon dont l'écoute en tension sera larguée. Non seulement celle-ci doit être libre de cheminer comme nous l'avons vu dans l'article précédent, mais surtout, il faut choquer l'écoute de génois au bon moment. Sur un bateau en croisière, on organisera les rôles avec un équipier prêt à choquer et un autre paré à border, ce sont les embraqueurs.

Le rôle de l'équipier qui choque

Lorsque le virement de bord est annoncé, il n'est pas encore temps de larguer l'écoute. Il faut se retenir quelques secondes, sinon on perdra une précieuse énergie pour traverser le lit du vent. Cependant, tout étant une question de timing, il ne faut pas trop attendre pour choquer cette écoute. Si l'équipier est trop lent - ou la rotation trop rapide - le génois se gonflera à contre en forçant sur les barres de flèches, usant prématurément la voile.

Donc, on choque quand le bateau est entré dans le lit du vent, lorsque le guidant du génois se dévente et qu'il n'est plus propulsif. À ce moment, on peut larguer l'écoute de génois qui va filer à une vitesse incroyable.

On veillera à éviter qu'une "cocote" bloque dans une poulie. Le cas échéant, il faut l'annoncer immédiatement au barreur. Il se maintiendra dans le lit du vent, le temps que vous puissiez tirer un coup sec sur le dormant de l'écoute pour défaire cette satanée cocote qui voudrait ruiner votre virement. Si l'on est réactif, en moins de 5 secondes on peut régler ce problème.

Il faut choquer le génois lorsqu'il commence à être déventé
Il faut choquer le génois lorsqu'il commence à être déventé.

Le rôle de l'équipier qui borde

L'équipier préposé à l'embraque doit faire preuve de patience avant de tirer comme un veau de mer sur le point d'écoute du génois. Il doit reprendre le mou du bout au fur et à mesure du virement. S'il tire fort et trop tôt sur cette écoute, il y a de grands risques de bloquer la voile dans le gréement, ce qui demande davantage d'énergie et de temps pour s'en libérer.

Par contre, lorsque le point d'écoute passe sur l'autre bord, c'est le moment d'embraquer comme si votre vie en dépendait. En fait, c'est le temps passé à mouliner sur le winch qui dépend de votre célérité à embraquer. Alors qu'il n'y a encore aucune tension dans la voile, c'est le moment idéal pour ramener le plus d'écoute possible, attention tout de même de ne pas tomber en arrière.

On embraque un maximum d'écoute avant que le vent ne gonfle le génois
On embraque un maximum d'écoute avant que le vent ne gonfle le génois.

Bien se positionner pour minimiser les efforts

Pour être efficace, il faut une bonne position de travail. On va se placer debout, face au winch avec les jambes fléchies. En effectuant d'amples brassées, on pourra embraquer la quasi-totalité de l'écoute dans un court laps de temps. Il ne faut même pas envisager d'exécuter la manœuvre en restant assis sur le banc de cockpit. Quand l'écoute devient dure, on utilisera le poids du corps et ses jambes pour tirer autant qu'on peut, mais dès qu'on est en limite de force on passe immédiatement à la manivelle de winch.

Avec une bonne position on minimise les efforts
Avec une bonne position, on minimise les efforts.

Sur certains bateaux, un pied prendra appui sur l'hiloire, voire sur les passe-avants ou le liston. Tous les voiliers de croisières ne sont pas égaux en matière d'ergonomie de manœuvre et il faut parfois s'accommoder d'une mauvaise position de travail.

L'ergonomie des manœuvres diffère d'un voilier à l'autre.
L'ergonomie des manœuvres diffère d'un voilier à l'autre.

Savoir regarder pour être efficace

Lorsque l'on borde une voile, il ne sert à rien de regarder le winch et sa manivelle faire des tours. En effet, il n'y a que peu de surprises à attendre de ce côté-là. Au contraire, c'est la voile que l'on est en train de régler qu'il faut observer attentivement. On considèrera en particulier la chute du génois par rapport aux barres de flèche et haubans afin qu'elle s'en rapproche sans jamais s'écraser dessus.

Il faut regarder la voile que l'on règle, pas son winch.
Il faut regarder la voile que l'on règle, pas son winch.

Un sport d'équipe

Pendant le temps de l'embraque et des interminables tours de manivelle de winch, le barreur est prié de rester très près du vent. Il aura ainsi la courtoisie de faciliter le travail des équipiers sur les winches en limitant la pression du vent dans la voile. Le barreur s'adapte à la vitesse de manœuvre de l'équipage. C'est très important, il ne peut pas aller plus vite que la musique sous peine de faire échouer la manœuvre.

Soyons clairs, le virement de bord est un sport d'équipe où la technique et le timing sont les clés de la réussite, c'est à force de répétitions de la manœuvre qu'on pourra perfectionner ses virements.

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Lionel Mondon
Lionel Mondon
Je rajouterais que le génois n'étant pas bordé immédiatement, il y a un court moment pendant lequel la grand voile est bordée mais pas le génois. La puissance de la GV peut alors faire loffer et provoquer un manque à virer. Pour ma part, je choque un peu la GV en sortie de virement et je la reborde quand le génois porte bien. C'est vrai en particulier pour les bateaux modernes avec une grande GV et un faible recouvrement.
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