Un moteur qui manque d'huile
Janine et Georges viennent d'acquérir leur nouveau bateau, le Croque soleil II. Ils sont partis le convoyer pour atteindre son nouveau port d'attache, mais la mer grossit et l'équipage doit réagir :
- Georges, vite, démarre le moteur on n'arrivera jamais à affaler le foc de brise dans ces conditions.
- Ok, c'est parti ! Je démarre.
- Pourquoi l'alarme continue t-elle de sonner ?
- Je ne sais pas : c'est le voyant de pression d'huile.
- Stoppe avant de casser le moteur ! Vite, on va se mettre à la cape et aller voir ce qui se passe !
Georges saute dans la cabine et s'enferme à l'intérieur du bateau. Le Croque soleil II est au milieu du golfe de Gascogne, une traversée de plus pour cet équipage aguerri qui connaît bien cette zone de navigation. Mais là, ils sont partis un peu tard, au début de l'hiver. Georges commence à avoir des hauts le cœur dans cet endroit confiné. Pas le choix ! Un peu de concentration est nécessaire. Plié en quatre, la tête en bas dans la salle des machines, il commence par contrôler le niveau d'huile. Le mal de mer s'atténue avec le poids des responsabilités. Avec un moteur en panne il n'y a pas de temps à perdre, il va devoir le faire redémarrer par n'importe quel moyen. Ayant un objectif à atteindre, les hauts le cœur se dissipent déjà. Il tire la jauge à huile, le niveau n'apparaît même pas ! Presque soulagé d'avoir trouvé l'origine de la panne, Georges attrape le bidon d'huile moteur, dévisse le bouchon du couvre-culasse et commence à faire le plein d'huile. Au premier coup de roulis, la moitié du bidon recouvre le moteur. Georges ouvre le panneau de la descente et demande à Janine :
- Janine, t'as pas un entonnoir ?
- Non, il est dans le coffre du cockpit, je ne pourrais pas l'ouvrir là ...
A ce moment-là, une vague balaye le travers du bateau et remplit la cabine. Georges referme vite le panneau, et recommence. Un peu d'huile sur le moteur, un peu d'huile dedans. Le niveau finit par être atteint. Il referme le bouchon de remplissage, essuie rapidement l'huile qui gît sur le moteur, et fait signe à Janine de démarrer.
Le moteur démarre, le bateau vire pour se mettre vent debout, et Janine à la proue ferle le foc dans ce début de tempête. A la fin de la manœuvre : BIIPPP. L'alarme moteur sonne à nouveau, et c'est encore la pression d'huile !
Le Croque soleil II a trois ris dans la grande voile, et le tourmentin vient d'être hissé. Il continue sa route plus sereinement, mais le moteur est à nouveau en panne.
- Janine, on recommence, je plonge dans la machine pour trouver où part toute cette huile.
- Ok, je reste à la barre.
Georges recommence, il tire la jauge : pas d'huile ! Il remplit à nouveau le moteur jusqu'au niveau max. Un peu d'huile dedans, un peu d'huile sur le moteur. Il essuie plus minutieusement le moteur, et demande à Janine de démarrer.
VRROOOUUUMMMMM
L'huile qui baigne dans le carter est aspirée par la crépine. Elle rencontre les pales de la pompe et se retrouve propulsée dans le filtre. A la sortie du filtre, sans plus aucune impureté, elle commence son circuit dans les canalisations moteur. Une partie part au vilebrequin : tête de bielle, tourillons et arroseurs de pied de bielles sont irrigués, l'ensemble bielle/manivelle est correctement lubrifié sans problème. L'autre partie part dans le haut du moteur pour les soupapes et l'arbre à cames contenu dans le cache culbuteurs. Cache culbuteurs, qui … fuit beaucoup. En effet, Georges peut observer qu'un filet d'huile jaillit sur l'arrière du moteur. Le joint de couvre culasse est H.S.
La panne a pu être identifiée, et cet équipage pourra rentrer sereinement au port, car le problème sera résolu à temps et le moteur ne manquera plus d'huile.
Comment contrôler le bon fonctionnent du système de lubrification
Le système de lubrification doit maintenir une pression d'au moins 3 bars pour fonctionner correctement. Si une chute de cette pression a lieu, l'huile moteur ne circulera plus correctement, et les pièces en mouvement s'échaufferont et finiront par s'immobiliser définitivement. C'est le serrage du moteur, en d'autres termes : moteur cassé.
Les alarmes de pression d'huile sont donc primordiales à contrôler lors de la mise en route du moteur. Il y en a de deux sortes : alarme sonore et voyant. Un manomètre de pression d'huile est aussi un excellent moyen de contrôler la pression d'huile, mais tous les bateaux n'en sont pas équipés.
Donc, pour ne pas casser le moteur, il faudra immédiatement le stopper si :
-
une alarme sonne
-
un voyant rouge de pression d'huile s'illumine
-
ou si la pression d'huile chute sur le manomètre.
Comment faire face à une panne de pression d'huile
Le moteur est stoppé en urgence, car une alarme signale un manque d'huile. Que faire ? Il faut contrôler d'abord s'il y a suffisamment d'huile, à l'aide de la jauge. S'il manque de l'huile, il faudra en rajouter et vérifier qu'il n'y ait pas de fuites apparentes. S'il y a suffisamment d'huile et que le moteur se met encore en alarme, il faudra alors contrôler que le filtre à huile n'est pas colmaté.
Pour le contrôler, il faut le démonter et contrôler visuellement qu'il n'y ait pas de saletés à l'intérieur de celui-ci. S'il semble colmaté, ou s'il y a un doute sur son état, il faudra le remplacer par un neuf.
Avec un moteur rempli d'huile et un filtre à huile en état, vous aurez mis toutes les chances de votre coté pour sa remise en route. Si tout de même, l'alarme sonne à nouveau, ne prenez pas le risque de faire marcher votre moteur sans huile. Il faudra alors consulter un mécanicien le plus rapidement possible.
Entretenir le circuit de lubrification
Pour des traversées plus sereines, l'entretien du moteur doit être respecté afin d'éviter au maximum les pannes. Un entretien consiste à faire une vidange d'huile et à remplacer le filtre tous les ans, ou au nombre d'heures d'utilisation atteint selon les périodicités constructeur recommandées.
Un contrôle visuel des fuites préviendra aussi d'un manque d'huile. Au moindre doute, si une fuite est identifiée, remplacez le joint en cause vous évitera de mettre votre moteur en alarme.
