La chute d'un équipier à la mer représente une expérience stressante et génératrice d'éparpillement. Entre la tentative de manœuvre de récupération, l'appui sur le bouton Ditress de la VHF et le contact avec le CROSS, collecter les informations efficaces peut s'avérer compliqué. Lorsque nous sommes confrontés à un stress aussi intense, ce n'est qu'en ayant préparé, au préalable, les choses à faire que nous sommes plus certains de ne rien oublier.
Avant toute chose, il faut garder en mémoire que le bateau le plus proche de l'équipier qui tombe à l'eau, c'est le sien ! Il faut donc immédiatement tout mettre en œuvre pour le récupérer par vos propre moyens. Pour cela une fois un équipier à l'eau, immédiatement, une personne de l'équipage le fixe et le garde au maximum dans son champs de vision. Cette personne dédiée ne doit faire que cela et ne jamais le lacher du regard. Le reste de l'équipage peut alors s'occuper à donner l'alerte et à entammer une manœuvre de récupération d'homme à la mer.
Donner l'alerte
Cela peut sembler basique, mais vous ne devez pas perdre de temps pour donner l'alerte. Il vaut généralement mieux une alerte fausse (mais annulée évidemment) donnée trop tôt qu'une vraie donnée trop tard. Après avoir pressé le bouton "DITRESS" de la VHF pour donner l'alerte.
Vous pouvez aussi lancer un MAYDAY sur le canal 16 avec la VHF.
"Mayday Mayday Mayday
ICI <NOM DU BATEAU> <NOM DU BATEAU> <NOM DU BATEAU>
Un de mes équipiers a chuté à la mer.
Je me trouve <LOCALISATION GPS>
Je fais route à <VITESSE> vers <CAP>
Au moment de la chute, la personne, <SEXE > portait des vêtements <COULEUR DES VETEMENTS>
Je demande assistance immédiate.
Fin du message mayday"
Et relancez ou faites relancer cet appel toutes les 2 minutes jusqu'à ce qu'une autorité ait accusé réception et qu'une action réelle soit lancée (le CROSS vous informera le cas échéant).
Si vous ne possédez qu'un téléphone GSM à bord, vous pouvez appeller le 196.C'est le numéro pour joindre le CROSS en France.
Méthode et efficacité
Parce que la mémoire vous jouera des tours, nous vous conseillons de noter, par écrit sur un cahier ou un carnet tous les éléments que nous vous recommandons. Mais pas uniquement. En effet, il faudra horodater les évènements et les actions de manière à être certain de pouvoir dérouler les actions et pouvoir exposer la façon dont se sont passés les évènements si besoin.
À propos de la personne tombée à l'eau
La personne qui est tombée à la mer peut être dans différentes conditions. Malade et en maillot de bain, la victime sera plus rapidement en danger qu'en bonne santé et équipé d'un gilet de sauvetage. Ce sont ces informations que les autorités pourront être amenées à vous poser et auxquelles nous vous recommandons d'être préparés. Il ne s'agit évidemment pas de prendre note de tous ces points, au fur et à mesure de la journée, mais d'avoir en tête la liste des points à aborder, pour les mémoriser inconsciemment.
- La personne tombée porte-t-elle un gilet de sauvetage ?
- La victime est-elle en bonne santé ? A-t-elle une maladie ou un état particulier ?
Dans le cadre d'une croisière longue, vous aurez au préalable demandé à chaque équipier de vous confier cette information.
- L'équipier qui est tombé portait-il des chaussures ? Des bottes ? Des vêtements ? De quelle couleur ?
- Les gilets sont-ils équipés d'un MOB-AIS et/ou d'un dispositif lumineux et/ou d'une VHF portable ?
Chef de bord, vous devez connaître cette information.
- Votre membre d'équipage sait-il nager ?
Cette information doit figurer au même endroit que les informations médicales.
- A-t'il absorbé de l'alcool ou de la drogue ?
Vous êtes responsables de ce qui se passe à bord de votre bateau.
À propos de l'environnement
Les informations relatives à l'environnement au moment de la chute, à l'endroit où elle s'est produite constitueront des outils efficaces pour rechercher la victime de cet incident. Selon l'état de la mer, la distance avec la côte ou encore la houle, les recherches s'effectueront d'une façon ou d'une autre.
- Au moment de la chute, quelle était la force du vent ?
- Lorsque l'équipier est tombé, comment était la mer ?
- Quelle est la température de l'eau ?
- Quelle est la température extérieure ?
- À quelle heure est tombé l'équipier ? Sur quel fuseau horaire ?
- Quelle était la position GPS précise au moment de la chute ?
- À quelle vitesse filait le bateau au moment de la chute ?
Nous vous recommandons de conserver toutes ces notes, tout au long de la récupération de votre passager autant qu'après. S'il n'a pas pu être retrouvé bien évidemment, mais s'il l'a été, pour vous rappeler la méthode appliquée et pouvoir thésauriser dessus pour la rendre plus efficace à l'avenir.
Se préparer à l'incident
Comme dans beaucoup d'incidents, les premières secondes qui suivent sa survenue sont cruciales pour son issue. C'est pour cette raison que, bien que cela soit plus facile à écrire qu'à vivre, nous vous recommandons d'être aussi calme et distant que possible avec l'incident, de ne pas crier ni faire de grands gestes. En étant physiquement aussi posé que possible, vous demeurerez plus calme et ainsi, moins au risque de faire des erreurs.
Éviter d'aggraver l'accident
Enfin, c'est en ayant prévu la possibilité que survienne ce type d'incident, en ayant expliquée la méthode à votre équipage aussi, que vous pourrez l'aborder avec plus de sérénité et de calme et parviendrez ainsi à mieux assister celui qui en serait victime. Pensez à répartir les rôles dans votre équipage entre ceux qui alertent, ceux qui scrutent l'horizon et ceux qui pilotent le bateau.
Pour conclure, même s'il s'agit d'une répétition évidente, le meilleur moyen de ne pas disparaître entièrement en cas de chute à la mer est de porter le gilet de sauvetage et de s'accrocher au bateau avec sa longe, en permanence.
