Soyons clairs sur un point. La meilleure façon de se prémunir contre les actes de piraterie, c'est de ne pas se rendre dans une zone sujette à des attaques de pirates. Si malgré tout, vous envisagez de croiser dans ces eaux, certaines précautions peuvent être prises pour minimiser les risques.
Le Triangle de la menace
Le principe du triangle de la menace est trivial (un peu comme le triangle du feu). Il suffit d'éliminer un des côtés de la menace pour la voir diminuer de manière drastique.
- Une menace est toujours formée de la capacité des attaquants à mener l'attaque, de l'opportunité de l'attaque et l'intention des attaquants à la mener.
- En tant que plaisancier, nous n'avons pas de prise sur l'intention. Elle dépend fréquemment de conditions économiques qui dépassent nos possibilités.
- Nous sommes vus comme des opportunités en raison de la valeur - supposée comme réelle - des bateaux et du matériel (gps, téléphone …) transporté. Ce point est difficilement modifiable.
C'est en revanche sur la capacité à attaquer que nous avons la possibilité d'agir.
Agir sur la capacité d'être attaqué
La plupart des recommandations que nous formulons ici sont, justement, basées sur la diminution de cette capacité d'action.
- Détecter l'approche d'un bateau
Des systèmes tels qu'OSCAR sont particulièrement efficaces à détecter ce qui se trouve au-dessus de l'eau, y compris les embarcations de taille modeste, ce que les radards seront le plus souvent incapables de faire. Si la version actuelle du produit n'offre pas le champ de vision suffisant, le couplage de 3 têtes de détection ferait l'affaire. Et nous avons entendu dire qu'un grand groupe pétrolier pourrait être intéressé pour protéger ses navires.
- Diminuer la capacité d'action
Rentrer tout ce qui facilitera l'accès à bord. Ranger les échelles de bain comme de coupées. Si vous n'en n'avez pas besoin, retirez les pare-battages et autres défenses d'étrave.
- Naviguer en groupe
Plusieurs bateaux amis dans le même périmètre provoquent la méfiance de potentiels pirates. Vous pouvez définir un code d'alerte par défaut. Par exemple, un appel radio par heure, dont vous noterez sur papier s'il a eu lieu ou non. En cas d'attaque, le bateau victime ne pourra pas réaliser cet appel et sera ainsi identifié comme en danger par ses comparses. Si vous ne savez pas avec quels bateaux croiser, pourquoi ne pas lancer une annoncer sur le Yacht Club de Bateaux.com ?
- Entretenir le matériel de communication
La touche "Distress" de la VHF dispose d'une fonction permettant de remonter une attaque de pirates. Il est fondamental que l'ensemble des moyens de communication et de localisation du bord fonctionnent (GPS, VHF, téléphone satellite, balise AIS, balise EPIRB …).
- Commuter l'AIS du navire en mode silencieux
Bien qu'il représente un outil de sécurité utile, l'AIS représente aussi un excellent moyen pour les pirates de localiser la présence de bateaux considérés comme attrayants. Bien sûr, cet arrêt doit se limiter à la traversée d'une zone à risque, l'émetteur AIS devra être remis en mode éloquent dès que possible.
- Maintenir le contact avec la terre.
Nous vous recommandons de disposer d'une personne, à terre, qui sera informée de votre itinéraire et des ETA sur vos différents waypoints. Vous fournirez à cette personne toutes les informations indispensables en cas de besoin. Incluez de la composition de l'équipage jusqu'à vos groupes sanguins en passant par les caractéristiques du bateau ou encore son numéro MMSI. Un protocole de déclenchement de l'alerte sans qu'elle se pose de question sera établi avec cette personne. Ainsi, convenez de vous appeler une fois par semaine le dimanche après-midi par exemple. Cette personne devra, si vous ne l'appelez pas, déclencher l'alerte dans un créneau de 6 heures, par exemple, auprès de la gendarmerie ou la police nationale.
- Maintenir une veille permanente anti-piraterie
Cette veille visera à observer qu'un navire s'approche et semble menaçant et déclencher, le cas échéant, les moyens de protection ou de dissuasions utiles, sirène, alarme, sifflet ou corne de brume seront utiles. Le principe est d'éveiller l'attention de votre équipage et des bateaux accompagnés desquels vous naviguez.
- Ne pas mouiller trop près des côtes dans les zones sensibles
Les attaques se réaliseront d'autant plus facilement que vous serez proche des côtes. Dans les zones sensibles, à plus forte raison dans les zones extrêmement sensibles, nous vous recommandons de vous tenir aussi éloigné que possible des côtes.
- Éviter le cabotage de nuit
Vos habitudes se remarquent rapidement et les pirates seront d'autant plus enclins à attaquer s'ils connaissent votre prochaine destination. Si vous souhaitez néanmoins caboter, faites le de façon relativement illogique en modulant la longueur des étapes ou en revenant sur vos pas par exemple.
- Utiliser des détecteurs de présence
Si une personne monte à bord, il déclenchera un projecteur, déclenchera une alarme ou des aboiement de chien. L'obectif, ici, est autant d'éveiller l'attention de l'équipage que d'effarer les assaillants. Reste à avoir préparé, en amont, la réaction de l'équipage.
- Rester discret lors des escales
Lorsque vous êtes à terre, évitez d'évoquer en public vos plans. On ne peut en aucun cas savoir si le voisin de table ou, encore, le vendeur d'un magasin d'accastillage est d'une probité totale. Valant mieux prévenir que guérir, n'abordez vos plans qu'avec des personnes qui éprouvent le besoin d'en connaître. Et si vous avez à formuler des questions relatives à une prochaine destination, mélangez les questions, histoire de brouiller les cartes autant que faire se peut.
- Assurer des tours de garde dans les ports les plus sensibles
La veille assurée en mer devra aussi se réaliser lorsque vous mouillerez dans des ports sensibles. Appliquez ici les mêmes principes d'alerte qu'au large.
- S'inscrire auprès de la Coopération Navale Volontaire (CNV)
La CNV représente une initiative des pouvoirs publics et des acteurs privés (cargo, plaisanciers …) visant à répertorier les événements et les rapporter aux abonnés. L'inscription se fait en contactant, par mail, l'adresse centcoopnav@marine.defense.gouv.fr. Vous pouvez consulter le site du gouvernement relatif à la Coopération Navale Volontaire XXXhttp://www.sgdsn.gouv.fr/communication/instruction-interministerielle-relative-a-la-cooperation-navale-volontaire/XXX
- Entrer en contact avec le MICA (Maritime Information Cooperation & Awareness Center)
Le MICA est le centre français d'analyse et d'évaluation de la situation sécuritaire maritime mondiale. Il est en mesure de fournir, à tout demandeur, des informations sécuritaires personnalisées relative à sa zone. Le site internet du MICA sera à consulter avant votre départ et au cours du voyage.
- Vous annoncer aux autorités militaires lorsque vous êtes sur zone
Évidemment, devant les risques de corruption, nous vous recommandons de vous annoncer aux autorités d'états "sûrs" : France, Etats-Unis, Grande-Bretagne pour n'en citer que quelques-uns. Les MICA évoqués plus-haut peuvent vous indiquer la marche à suivre.
Eviter les zones à risque élevé
En un mot, la mesure la plus sûre, une fois de plus, est d'éviter de vous rendre dans des zones à risque. Nous avons bien conscience que si cela puisse venir contrarier un programme de croisière de rêve. Votre sécurité dépend de cet évitement.
La plupart de ces mesures sont de bon sens et logiques. Il est certain que leur lecture depuis la terre, au calme, semble enfoncer des portes ouvertes. Mais les avoir lues précisément au calme permettra, une fois en croisière, de déclencher et conserver de salutaires réflexes de sécurité. Ces réflexes vous permettront de savourer votre moment sur l'eau.