Le poids d'un bateau est un facteur de performance très important. Pour un même voilier, plus il est léger, moins il s'enfoncera dans l'eau. Cette réduction de la surface mouillée c'est moins de freins sur le bateau.
Grâce aux progrès techniques, les gréements se sont allégés au fil du temps. Sans parler de mât en carbone, les profils aluminium actuels se tiennent mieux et sont plus légers que ceux d'il y a 40 ans. Les voiles et les cordages se sont aussi considérablement allégés, les génois en Dacron ou en matériaux laminés n'ont plus rien à voir.
La diminution des masses dans les hauts, donc l'abaissement du centre de gravité, favorise le confort en réduisant le tangage et le roulis, cela rend les bateaux plus "raides à la toile" qu'ils ne l'étaient.
Chez les régatiers, limiter le poids à bord est un véritable sacerdoce, mais en croisière cela a aussi son importance. Lorsqu'à la fin d'une belle journée de navigation, le vent s'essouffle à quelques milles de la destination, il pourrait être regrettable de démarrer le moteur à cause d'une surcharge pondérale mal placée.
Les poids morts à bord
Un bateau s'alourdit surtout de ce que l'on met dedans. Évidemment, en croisière on emporte plus que le minimum nécessaire. C'est normal, c'est la part d'équipement "Aucazou". Au fil du temps, le poids s'accumule sous forme de couches successives d'objets divers et variés à l'intérêt parfois douteux.
Il faut profiter du réarmement saisonnier pour faire l'inventaire en sortant méthodologiquement tous les objets du bateau et en leur attribuant une catégorie. Ce tri est assez subjectif, mais il a le mérite de poser des questions :
1 -Utile et indispensable Ex : le mouillage, le radeau, un tire-bouchon.
2- Non indispensable, mais utile Ex : la sellerie extérieure, le moteur hb, une bonne bouteille de vin.
3- Inutile et non indispensable Ex : les piles usagées, ce qui traine au fond des coffres, un tire-bouchon sans bouteille de vin
En croisière, on va s'intéresser particulièrement à la dernière catégorie "Inutile et non indispensable " qui représente déjà surement une belle masse. On peut appliquer une règle du type "Si ça n'a pas servi durant 2 saisons, on débarque".
En régate, il faudra être bien plus sévère et l'on s'interdira d'office la troisième catégorie. On se penchera sur la seconde "Non indispensable, mais utile" en se demandant avant la régate si l'on peut débarquer le mouillage secondaire par exemple.
Une fois que le bateau est aussi léger que possible, ce n'est pas fini. On essayera de placer les poids restant le plus bas et le plus au centre possible. On mettra par exemple les packs d'eau et le mouillage secondaire autour de la quille plutôt que dans un coffre arrière. Cela abaissera le centre de gravité et réduira le moment de tangage.
L'équipage a une importance de poids
Assez naturellement, lorsque le bateau gîte tout le monde comprend qu'il est utile de se mettre au rappel dans les filières. Mais poser le séant sur le liston au vent en laissant pendre les jambes le long de la coque n'est qu'un début.
On se souvient que l'angle de gîte a un effet sur la stabilité du bateau. En gîtant, le voilier veut spontanément remonter au vent. A contrario, en contre-gîtant le bateau ne demande qu'à abattre, cette technique est utilisée en régate au portant.
Dans le vent léger, la majorité des voiliers a un penchant pour quelques degrés de gîte. Il faudra alors expliquer à l'équipage toute son importance et lui demander de s'installer sous le vent pour faire légèrement gîter la carène. À mesure que le vent fraichit, le poids de l'équipage se déplace au vent. L'idéal est de garder l'équipage groupé comme un seul homme.
Après l'équilibre latéral, on doit se questionner sur l'équilibre longitudinal en jetant un œil sur l'étrave. Si celle-ci a tendance à sortir de l'eau, l'ensemble de l'équipage doit s'avancer. Un dernier contrôle de l'étrave, si elle s'enfonce il faut reculer un peu.
C'est fascinant de constater à quel point ces quelques ajustements peuvent être efficaces en croisière ou en régate.