Tous les marins redoutent les tempêtes. A tel point que cette crainte peut vous retenir de prendre la mer. Avec un bon entraînement et un bateau bien préparé vous dissiperez une bonne partie de vos peurs.
A bord de Suhaili, l'équipage s'attendait à un fort coup de vent (force 9) qui finalement a été rétrogradé en grand frais (force 7). Qu'ont-ils fait pour se préparer et que risquaient-ils ?
Partir au bon moment
Pour cette traversée de Brest à Horta aux Açores, l'équipage de Suhaili a choisi de différer son départ de 24h pour ne pas démarrer dans des conditions de mer difficiles. Ensuite en prenant la météo régulièrement au large, grâce à la BLU, ils ont pu réfléchir à l'opportunité de se décaler du trajet de la dépression. Dans ce cas précis ce n'était pas opportun, mais parfois il peut valoir la peine de rallonger la route pour éviter des vents trop forts.
Tout ceci suppose de ne pas trop se laisser piéger par la montre. La plupart des coups de vents que j'ai essuyé étaient liés à la nécessité de respecter un horaire d'arrivée. Prévoyez donc autant que possible plusieurs jours de marge autour de vos traversées pour vous donner le choix de la meilleure météo.
Quels sont les risques ?
Au large les principaux dangers du temps gris sont liés à l'état de la mer. Plus le fetch (la distance que parcourent les vagues sans rencontrer de terre) et la force du vent sont importants, plus les vagues seront hautes. De plus lors des rotations de vent, les trains de houle de plusieurs directions se rencontrent rendant la mer beaucoup plus difficile à négocier.
Ces vagues peuvent parfois retourner les voiliers, entraînant très souvent un démâtage quand le bateau se redresse. Il arrive aussi qu'elle brisent le gouvernail, soit en frappant directement sur la pelle, soit parce qu'elles auront brutalement stoppé la course du bateau.
Dans les forts coup de vent le gréement et les voiles sont extrêmement sollicités, la moindre faiblesse peut amener une rupture du tissu, des câbles ou un blocage de l'enrouleur. Il s'agit donc de bien préparer et entretenir son bateau avant de prendre la haute mer.
Quelques techniques de navigation dans le gros temps.
Lorsqu'il devient impossible de progresser au près, il est encore possible de prendre la cape ou la fuite.
La cape courante consiste à placer un tourmentin à contre, grand voile généralement affallée, barre poussée sous le vent. Le bateau se met alors à dériver entre le travers et le bon plein, permettant à l'équipage de se reposer. La cape sèche se pratique sans voile, la barre simplement poussée sous le vent, mais elle ne convient pas à tous les bateaux.
La fuite enfin est une navigation au grand largue, toujours sans grand voile, où le barreur s'efforce de maintenir le voilier dans l'axe de la houle, en surfant sur les déferlantes. L'enjeu est d'éviter à tout prix de se retrouver travers à la lame, au risque d'être retourné.
Il est possible de se préparer au gros temps sans prendre tout ces risques, en sortant par force 7 pour expérimenter les allures de cape et de fuite. Mais cela n'est possible que sur un plan d'eau relativement abrité de la houle.