La phase d'adaptation incontournable
L'œil est un organe que nous utilisons généralement très mal, surtout la nuit. Il a en effet la faculté de bien voir la nuit, mais il a besoin d'un délai d'adaptation de plusieurs minutes (entre 10 et 15 minutes). Au cours de l'adaptation, la pupille s'ouvre, son diamètre s'agrandit, pouvant passer de 2 à 8 mm. Ce qui permet de faire passer, à pleine ouverture, environ 16 fois plus de lumière qu'en plein jour.
Cette ouverture de la pupille n'est pas la seule adaptation à l'obscurité. La surface sensible de notre œil, la rétine, est tapissée de deux types de cellules réceptrices : les cônes et les bâtonnets.
Les cônes, sensibles aux couleurs, s'adaptent rapidement aux éclairements forts. Les bâtonnets s'adaptent, eux, très lentement aux éclairements faibles, mais sont peu sensibles aux couleurs.
Pourquoi faut-il éviter les lumières fortes ?
Durant la phase d'adaptation, l'œil fabrique des bâtonnets. Ceux-ci sont irrémédiablement détruits si l'on est ébloui. En cas de forte lumière, il faut reprendre l'adaptation nocturne au début… C'est pour cela qu'il ne faut pas utiliser d'éclairage violent pendant une navigation de nuit. Pas de lampe pour éclairer le barreur, pas de briquet pour allumer une cigarette…
Seulement en cas de nécessité, il faut utiliser une source de lumière si faible qu'elle ne permette pas la perception des couleurs. Elle sera verte de préférence. Contrairement à ce que l'on pense, il faut éviter la lumière rouge, car la sensibilité de l'œil est très peu performante pour cette teinte. Cela oblige à utiliser alors un éclairage relativement intense pour voir des détails. L'effet inverse de celui espéré !
La vision nocturne passe par une bonne alimentation !
Une alimentation correcte est essentielle pour garder une bonne vue. Les cônes et les bâtonnets emploient un dérivé de la vitamine A pour convertir l'énergie lumineuse en impulsions nerveuses. Sous sa forme directe –le rétinol– la vitamine A est présente en quantités dans les aliments d'origine animale : les huiles de poisson, le foie, le jaune d'œuf, mais aussi… le caviar !
Mais le corps est aussi capable de transformer le bêta-carotène en vitamine A. On le trouve dans les carottes, les épinards, les patates douces ou le poivron rouge et surtout dans la salade de mâche. Côté fruits, le melon, la mangue et les abricots en contiennent également. Sans oublier les myrtilles et les fruits à baies noires – cassis, bleuets – dont les pilotes alliés faisaient une grande consommation durant la Seconde Guerre mondiale.
Pourquoi regarder les objets faiblement éclairés sur le côté ?
La nuit, on utilise les cônes pour obtenir une sensibilité maximale. Les cônes et les bâtonnets ne sont pas répartis aux mêmes endroits de la rétine. Les cônes sont rassemblés à proximité de l'axe de l'œil (au centre), les bâtonnets entourent cette zone centrale. La région la plus sensible aux éclairements faibles (les bâtonnets) est décalée par rapport au centre de la rétine. Pour distinguer les objets les plus faibles, il faut donc regarder légèrement de côté. On dit qu'on utilise alors la vision périphérique.
Pour le marin, cela revient à promener son regard sur l'horizon sans chercher voir au centre. Les détails lumineux (feux d'un bateau, phares…) seront visibles même à très faible densité.