Doit-on acheter un bateau d'occasion s'il affiche beaucoup d'heures moteur à l'horamètre ?

Acheter sur le marché de l'occasion un bateau avec le moins d'heures moteur est une quête qui prévaut tant chez les plaisanciers néophytes que chez les brokers chevronnés qui jouent sur ce levier pour la vente. Si certains résument en peu de navigation = peu d'usure = peu de panne, d'autres préconisent une approche plus calculée, scrutant avec vigilance l'entretien moteur et cosmétique du bateau. Voici quelques questions à se poser avant d'acheter un bateau.

Avant d'acheter un bateau, se pose souvent la question des heures moteur. Un bateau avec un horamètre affichant peu d'heures moteur est-il toujours le meilleur achat ? Voici quelques éléments de réflexion.

Qu'est-ce qu'un horamètre ?

Contrairement aux voitures, les bateaux n'ont pas de compteur kilométrique, mais disposent d'un compteur d'heure ou "horamètre". Ce compteur sert à mesurer de façon précise le temps de fonctionnement effectif d'un moteur en mer, mais aussi à quai quand on le fait tourner en hiver. Outre son intérêt pour déterminer les périodes de contrôle et d'entretien, il permet d'avoir une idée de la valeur d'un bateau. Bien sûr, il peut avoir été débranché par un propriétaire filou, mais une inspection du bateau et du moteur révélera vite le subterfuge, comme on le verra plus loin.

A la lecture des annonces de vente de bateaux d'occasion, le nombre d'heures moteur peut varier du simple au double pour des bateaux identiques d'une même année de construction ce qui, on vous l'accorde, peut jeter le trouble. Seulement, un bateau est fait pour naviguer régulièrement et faire fonctionner son moteur. Par conséquent, ses conditions d'utilisation et la régularité dans ses entretiens sont à prendre en considération, tout autant que le nombre d'heures de fonctionnement.

Des bateaux faits pour naviguer

Pour clarifier les esprits, il faut savoir que l'utilisation d'un bateau de plaisance est en moyenne de 30 à 50 heures par an, parfois moins. Il est donc sous-utilisé, qu'il soit hors-bord ou in-board. En effet, selon les experts, 80 à 100 heures par an constitueraient une utilisation convenable d'un bateau. Il n'y a donc pas de règle absolue. Un bateau de 10 ans avec 800 à 1000 heures ne doit pas rebuter pour autant dans la mesure où le propriétaire possède un carnet d'entretien du moteur à jour.

Horamètre à quartz
Horamètre à quartz

Que penser de la corrélation heures/pannes ?

Les soucis sur un moteur sont souvent dus à la corrosion, aux contacts électriques, aux problèmes de qualité des carburants dans les stations, des périphériques (alternateur, démarreur, pompes diverses...) mais très rarement à un problème mécanique, sauf en cas de mauvaise utilisation du propriétaire. Un usage constant n'occasionne pas vraiment de dommage sur le moteur. A contrario, de longues périodes d'inactivité du bateau ne sont pas forcément une garantie d'un moteur en bon état. Un bateau de dix ans avec très peu d'heures peut signifier que le moteur est resté longtemps sans fonctionner et. vraisemblablement pas entretenu.

Quel type de navigation a été faite avec le bateau ?

Lors de l'achat d'un bateau, il faut ainsi réunir le plus de renseignements possibles pour se faire un avis. Vous l'aurez compris, le nombre d'heures n'est qu'un élément parmi d'autres. Questionner l'ancien propriétaire ou le broker pour savoir dans quelle condition a été utilisé le bateau est indispensable. Les régimes de navigation effectués peuvent affecter la durée de vie d'un moteur. Naviguer à un régime de croisière est la meilleure condition d'utilisation d'un moteur. A l'inverse, faire tourner un moteur à sa puissance maximale en permanence, le sollicitera de manière anormale.

Le type de navigation est important
Le type de navigation est important

Quels sont les entretiens à vérifier ?

Tout d'abord, vérifiez les opérations d'entretien et de réparations effectuées sur le moteur dans le livret d'entretien fourni avec le bateau. L'absence d'entretien régulier est à considérer comme un problème majeur. En effet, certains plaisanciers n'utilisant leur bateau que quelques heures dans la saison font l'impasse d'un entretien invoquant "l'inutilité" après seulement quelques heures de navigation. Bien que le compteur horaire soit un repère pour les périodes de changement des pièces majeures préconisées par les constructeurs, la plupart des moteurs devraient être entretenus à chaque saison plutôt que de tenir compte des heures de fonctionnement qui peuvent ainsi s'étaler sur plusieurs années.

Prenons un exemple simple. Si la durée de vie des bougies est de 150 heures et que le plaisancier ne navigue que 30 heures par saison, elles pourraient, selon ce raisonnement, être changées tous les 5 ans (5 saisons x 30 heures). Est-ce vraiment conseillé ?

D'autres propriétaires font les entretiens moteur eux-mêmes ou par des mécaniciens sans factures. Même si le travail peut avoir été bien fait, il n'y a pas d'historique d'entretien par un professionnel, et cela peut poser un problème dans certaines situations. En effet, sachez que lors d'une avarie moteur qui nécessiterait de grosses réparations, l'expert de votre assureur vous demandera les factures d'entretien du bateau. Sans celles-ci, il vous sera difficile de démontrer que le bateau et, notamment le moteur, était entretenu. Une vétusté maximum pourra être appliquée. Sachez aussi, qu'en termes de responsabilité, c'est le mécanicien professionnel chargé de l'entretien du moteur qui engage sa responsabilité. Il est de son devoir de conseil de préconiser et mentionner sur sa dernière facture les travaux à prévoir,  afin d'éviter toutes déconvenues voire de procédures en justice avec son client en cas de panne en mer.

Des moteurs modernes avec des historiques
Des moteurs modernes avec des historiques

Si vous voulez avancer plus en avant dans le diagnostic, les moteurs nouvelle génération mémorisent la vie du moteur. Un mécanicien spécialisé dans la marque du moteur branchera une valise et fera le point sur celui-ci. Le coût de son déplacement restera quoi qu'il en soit, un bon investissement. Ensuite, une analyse d'huile (même si celle-ci est sujette à discussion en fonction de la date de la dernière vidange) avec un relevé des compressions à froid et à chaud par un mécanicien complétera votre diagnostic. Une expertise pourra aussi être effectuée par un expert.

Des heures pas si essentielles

Si les entretiens sont toujours à jour et si le bateau est soigné, la question du nombre d'heures est alors un point moins important qu'il ne paraît. Sans aucun doute, un livret d'entretien à jour complété par des factures justifiant de travaux d'entretien et de réparation est un gage du sérieux du propriétaire et peut augmenter ainsi la valeur d'un bateau. Dans ce vaste océan d'incertitudes, un principe demeure : la meilleure condition pour un bateau est de quitter le port le plus souvent possible et qu'il soit toujours bien entretenu !

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