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Philippe habite à Sanguinet, au bord du lac de Cazaux Biscarosse, en dessous de Bordeaux. En 2018, il commence son apprentissage de la voile par la rénovation d'un Edel 2 qu'on lui a donné. Celui-ci attend au fond du parc d'un professionnel qui n'a pas le temps pour le remettre en état : "Tu veux un voilier ? Je te donne celui-là en échange de la remise en état de l'embrayage de mon camion…" Il ne faudra pas longtemps à ce mécanicien automobile de profession pour accepter ce troc. Mais sa femme trouve ce Micro de 5,60 m trop petit et trop instable. Philippe le revend pour acheter alors un Daïmio de 7,00 m. Mais le Covid et un tirant d'eau trop important pour le lac en été, incitent Philippe à le revendre en 2020.
Une place de port à combler
Pour autant, Philippe ne lâche pas l'affaire et maintient une demande de place de port à côté de chez lui, à Sanguinet. C'est au début de janvier 2022 que le port lui propose une place pour un bateau de 6,90 par 2,50 m maximum. Mais il lui faut impérativement un bateau à placer dessus, sous peine de se voir retirer l'emplacement.
Philippe se met en quête de l'oiseau rare, voulant avant tout à combler la place vide. Il cherche un voilier qui entre dans les dimensions du port, suffisamment habitable pour passer un weekend à deux dessus, mais surtout qui offre un faible tirant d'eau. En effet, au coeur de l'été, l'entrée du port de Sanguinet ne présente guère plus qu'un mètre d'eau à certains endroits. Il tombe finalement sur un Jouët 680, un dériveur intégral qui n'a pas vu l'eau depuis 4 ans, et qui végète au fond du parc d'un professionnel, installé au sec sur un ber.
Une coque au sec remplie d'eau !
"Quand j'ai découvert le bateau, il n'était vraiment pas reluisant. Au fond, c'était une véritable piscine, car des infiltrations par les hublots et autres pièces d'accastillage l'avaient rempli. Et vu toute l'eau qui était au fond, j'étais au moins sûr que la coque du bateau ne fuyait pas !", plaisante Philippe. Il va passer les 6 mois suivants, aidé par un ami, à le retaper pour permettre de naviguer cette saison estivale. "Je viens de le mettre à l'eau début juillet 2022. Je n'ai pas totalement fini de le retaper, mais il est déjà propre et navigable."
Une peinture de coque
Après un ponçage total des œuvres vives et mortes, Philippe va repeindre la coque en bleue. Le marin bricoleur détaille : "J'ai utilisé de la peinture International Toplac Plus appliquée au rouleau. Chacun de mes bateaux était bleu. Je n'aime pas avoir le même bateau blanc que tout le monde". Dans sa précipitation, il va faire l'erreur d'attaquer une couche de peinture par un soir d'une journée chaude. La chaleur et l'humidité de la nuit feront un malheur, obligeant Philippe à tout reponcer. "J'ai gâché un pot de peinture, mais j'ai bien compris l'importance des conditions météo pour l'application. Je ne me suis fait avoir qu'une fois, choisissant le matin pour appliquer les autres couches." Un antifouling est aussi passé sous le bateau.
Un intérieur qui fait peur
L'intérieur du bateau n'est pas beau à voir. En effet, l'humidité a tout ravagé. Ainsi, le plafond s'écaille de partout. Les boiseries, qui maintiennent les cadènes et l'épontille, sont toutes pourries à leur pied. Philippe les démonte et les refait tailler dans du contreplaqué marine par un ami menuisier. Ces cloisons seront ensuite traitées avec du vernis Tonkinois. Pour le plafond, après un profond grattage, il va le repeindre avec une peinture de cale, de la Danboline de chez International. Cette peinture épaisse corrige les petits défauts, et même si l'ensemble n'offre pas une finition miroir, cela laisse une agréable sensation de propreté. Les aménagements dans les parties basses sont en gelcoat et ont pu être simplement nettoyés.
Des nouveaux plexi pour supprimer les fuites
Philippe en profite aussi pour remplacer les plexis des hublots, afin d'éviter de nouvelles fuites. Il opte aussi pour un aérateur solaire qui va assurer la ventilation de la cabine. Pour les coussins, Philippe a pu réutiliser les vieilles mousses qu'il a aérées et fait sécher auparavant. Un ami sellier lui a confectionné des housses avec du skaï. Le voilier dispose d'un couchage double dans la pointe avant et de 2 couchettes de chaque côté, qui se prolongent sous le cockpit. Le petit coin cuisine reste identique, avec un réchaud basique et un évier, qui sera complété prochainement d'une vache à eau pour offrir un peu de confort à bord.
Pas de changement sur le pont
Pour l'instant, aucune rénovation n'a été entreprise sur le pont, à part l'installation de quelques poulies. Le bateau dispose aussi d'un hors-bord Suzuki 6 ch 4 temps qui fonctionne. La bonne surprise a été au moment de découvrir les voiles. "C'était mon interrogation à l'achat du bateau, car je ne les avais pas vues… Le bateau dispose d'un génois sur enrouleur, d'une grand-voile et même d'un spi. Le tout en parfait état !" Autre bonne surprise, la simple tôle qui constitue la dérive, qui semblait grippée, se libère très facilement.
Tous les passe-coque renouvelés
Fort d'une mauvaise expérience sur son Edel au moment de la mise à l'eau, Philippe décide de remplacer tous les passe-coque. Ainsi, l'ancien loch/speedo est remplacé par un neuf et l'évacuation de l'évier de la cuisine, passe-coque et vanne sont aussi changés. Ce sont les seuls "trous" dans la coque puisque les WC sont des WC chimiques portables type "caravane".
Prêt pour naviguer
A l'eau, ce Jouët 680 va emmener Philippe et sa femme pour des mini-croisières le temps d'un weekend sur le lac de Sanguinet. Il est désormais baptisé Zakynthos, du nom d'une île grecque qui fait rêver le couple : "Amoureux de la Grèce, nous voulions l'appeler Paros, mais c'était trop court à mon goût pour habiller la coque, alors nous avons choisi Zakynthos que nous espérons visiter un jour, mais sans doute avec un autre bateau…"