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Ti Koï est un Menorquin 55 qui navigue principalement entre la Camargue et le Bassin de Thau. Lors d'un carénage, Jean Hersen son propriétaire remarque quelques cloques dans le gelcoat de la carène. Une fois percées, celles-ci laissaient suinter un liquide à la forte odeur de vinaigre, caractéristique de l'osmose. C'est le chantier MEF de Frontignan (Hérault) qui a été retenu pour les travaux sur le bateau.
Mise à terre du bateau
Le bateau est tiré à terre. L'ensemble de la carène doit être rabotée pour retirer les anciennes couches d'antifouling et surtout le gelcoat poreux. Pour permettre aux outils de travailler sans entrave, les 2 hélices sont déposées ainsi que les passe-coques situés sous la flottaison.
Pelage de la coque
Le chantier emploie un rabot électrique réglé pour retirer les anciennes couches de surface jusqu'à mettre la fibre à nu. C'est une opération délicate qui nécessite un bon coup d'oeil et une main sûre, sous peine de causer des "marches" qui seraient fastidieuses à reprendre ensuite. C'est un travail pénible, bruyant, salissant... Un professionnel bien outillé le mènera généralement à bien dans la journée.
Une odeur prenante
Une fois le polyester à l'air libre, la solution acide qui était emprisonnée derrière le gelcoat dégage une odeur vinaigrée très prenante. Ce liquide est principalement composé d'acide acétique qui s'est concentré dans les fibres du polyester. Il est impératif de passiver cet acide par dilution et de l'éliminer par rinçage.
Séchage à l'eau...
Un premier rinçage a lieu au nettoyeur haute-pression dès la fin du rabotage. Le polyester doit sécher à coeur et aussi étonnant que cela puisse paraître, cet assèchement est facilité par les rinçages réguliers de l'acide qui remonte à la surface du matériau. D'abord hebdomadaires, ces rinçages à l'eau claire peuvent être ensuite espacés, lorsque le PH du polyester se rapproche de valeurs proches du neutre.
Pourcentage d'humidité
Régulièrement le taux d'humidité du polyester est mesuré à l'aide d'un testeur. Ce contrôle se fait en divers points de la coque, à des endroits repérés pour que les mesures soient comparables entre elles d'une fois sur l'autre. Ce suivi permet de s'assurer de la bonne avancée du processus de séchage et de son homogénéité en tous les points de la coque.
Traitement aussi de l'intérieur du bateau
Pour éviter les points de condensation par l'intérieur, les fonds de cale sont vidés ainsi que les réservoirs moulés dans la coque. Toujours pour faciliter le séchage, tous les aménagements et les trappes d'accès aux fonds sont maintenus ouverts pour assurer la meilleure ventilation possible.
A tous les vents !
La phase de séchage peut durer de 6 à 12 mois selon l'état de bateau et les conditions climatiques. Pour Ti Koï, 9 mois seront nécessaires, un temps mis à profit par Jean Hersen et son épouse pour rénover les boiseries intérieures du bateau.
Application à la brosse et au rouleau
Le traitement débute par l'application d'un primaire époxy au rouleau et à la brosse pour bien remplir la moindre anfractuosité du polyester. Le but est d'offrir la meilleure barrière protectrice et la meilleure accroche possible pour la suite du traitement, en l'occurence un Gelshield International.
La forme et la ligne !
Outre sa fonction protectrice, le primaire permet de mieux visualiser les défauts de surface causés par le rabotage. Tout l'art du chantier consiste donc à "re-shaper" la carène, c'est à dire à lui redonner des formes, des lignes et un aspect de surface aussi parfait qu'à sa sortie du moule. On utilise un enduit époxy qui peut être appliqué en couche épaisse, qui sèche rapidement et est facile à poncer.
Les joies du ponçage !
Un premier ponçage permet de reconstituer les lignes de la carène. C'est à cette étape que les compagnons apprécient la qualité du travail du raboteur et pestent contre l'architecte qui a placé autant de redans et de virures sur la coque ! Les défauts d'aspect sont mastiqués et poncés et plusieurs couches de primaire sont appliquées. Le ponçage est grandement facilité par les couleurs des couches qui constituent des repères visuels.
Dernières couches de surface !
Un primaire époxy dit "avant antifouling" est appliqué. La période de séchage recommandée est de 10 jours qui sont mis à profit pour monter les nouveaux passe-coques, les anodes neuves et remettre les hélices en place. Parallèlement, un voile de peinture est appliqué sur le bas des bordés pour rattraper les parties touchées par le rabotage au niveau de la ligne de flottaison.
Comme neuf !
Après 2 couches d'antifouling et près de 10 mois au sec, le bateau est remis à l'eau. Il n'a jamais été aussi pimpant et Jean Hersen a pu mettre à profit ce temps pour travailler sur son bateau en bénéficiant des conseils éclairés et des facilités du chantier. Bien sûr la note est conséquente, près de 15 500 Euros TTC mais c'est le prix d'une intervention professionnelle.