Sur le principe, rien de plus simple que de raccorder son bateau au réseau EDF lorsque l'on est amarré. Cela permet d'utiliser un chargeur de batteries, un aspirateur, de l'outillage électro-portatif ou un chauffage d'appoint sans plus de contrainte qu'à la maison. Pourtant, ce type de courant réclame des précautions spécifiques, mais aussi une certaine rigueur intellectuelle pour que la rallonge ne se transforme pas en fil à la patte.
Une prise bien protégée
Les prises qui équipent les bornes électriques des ports sont aux normes P17. Ce standard implique de disposer d'un cordon d'alimentation doté d'une fiche adaptée à une extrémité et d'une autre correspondant au raccordement sur le bateau. Les conducteurs de cette rallonge doivent être d'une section suffisante pour la puissance de l'appareillage électrique du bord. Côté bateau, la prise encastrée est protégée par un couvercle, dotée de contacts inoxydables et d'un verrouillage pour la fiche de la rallonge. En la matière, tout bricolage est interdit ! Cette prise doit être protégée des coups de pied et autres risques d'accroc ou de choc.
Un tableau électrique à part
A l'intérieur, le circuit 220V doit être parfaitement identifié. Il doit disposer de protections adaptées, au premier rang desquelles un disjoncteur différentiel de 30 milliampères. C'est obligatoire ! Cette protection doit être placée au départ de l'installation, juste après la prise de quai. Cet appareil protège les personnes en détectant les fuites de courant et en coupant le courant si l'intensité de cette fuite excédait 30 mA. Les disjoncteurs préservent l'installation contre les surintensités et chacun des circuits doit être protégé par un dispositif de calibre adapté. Il est commode que le tableau électrique dispose d'un voyant lumineux. Il indique d'un simple coup d'oeil que l'installation est sous tension. En effet, de nombreux ports ne délivrent l'électricité que pour une durée limitée et il faut réarmer le système régulièrement.
Faire les choses dans l'ordre !
Au ponton, branchez toujours votre cordon au bateau en premier avant d'aller raccorder la rallonge au secteur. Cela vous évitera d'enjamber les filières avec en main un conducteur alimenté... Il n'est jamais plaisant de patauger dans l'eau du port et la compagnie d'une rallonge distillant du 220 V n'y ajoute aucun agrément ! Si l'on a tendance à être tête en l'air, un pense-bête accroché à la manette de gaz évitera tout oubli lors de l'appareillage et le cafouillage qui ne manquerait pas de s'ensuivre en cas de câble électrique toujours en place...
Convertisseur ou générateur ?
Pour qui fréquente peu les marinas, il existe d'autres moyens pour disposer de 220 V à bord. Le convertisseur est un appareil qui transforme le courant des batteries en 220V, au prix d'une décharge rapide de celles-ci. Le générateur, généralement entrainé par un moteur thermique, permet de produire de l'électricité en autonomie. Les modèles isolés sont coûteux et ne s'adressent qu'à des unités de taille respectable ou pour des bateaux de voyage, mais ils fonctionnent où que l'on soit.
L'utile et le futile
Le bateau est fait pour naviguer et donc pour fonctionner en autonomie. La facilité du 220 V "comme à la maison" a tôt fait de laisser dériver ses utilisations pratiques vers d'autres moins essentielles. Alors qu'on ne pensait au départ qu'à un usage utilitaire, voilà que l'on ajoute une machine à café, un micro-ondes, voire un sèche-cheveux… Sans renier tout modernisme, il faut être conscient que cet embourgeoisement énergétique constitue une entrave. Il vous interdira de naviguer aussi souvent et aussi loin que vous le voudriez. Il vous tiendra éloigné des mouillages sauvages, vous contraignant à trouver une escale branchée pour faire fonctionner vos appareils devenus indispensables.
Le 220V apporte un surcroît de confort indéniable à bord, ne serait-ce que pour maintenir les batteries chargées en dehors des périodes de navigation. A chacun de faire en sorte qu'il ne se transforme pas en fil à la patte qui vous retiendrait au ponton.