En bateau, les appareils qui utilisent le gaz sont avant tout utilisés pour la cuisson (four ou plaque à gaz), plus rarement pour le chauffage ou la production d'eau chaude (on retrouve ces installations le plus souvent sur les unités fluviales).
Butane ou Propane, les principales différences
Benjamin, conseiller du site internet "La boutique du gaz", nous prodigue les conseils utiles à une utilisation sûre et efficace du gaz à bord des bateaux. L'entreprise propose à tous, particuliers comme professionnels, tous les matériels qui permettent d'équiper son réseau de gaz : des adaptateurs, manomètres et accessoires utilisés par les plaisanciers en particulier et tous les nomades en général.
"Tout ce qui est gaz en bouteille est soit du GPL soit du butane soit du propane, à différencier du gaz naturel. Tous les appareils butane/propane/GPL peuvent fonctionner avec n'importe lequel de ces gaz, bien que le mieux soit de respecter ce que préconise le fabriquant de l'appareil. En outre le GPL est un mélange de butane et de propane. Particularité du GPL, c'est le seul en Europe à être disponible en station-service" explique Benjamin.
En France, l'utilisation de l'un ou de l'autre a connu son heure de gloire des années 50 aux années 80, lors de la construction d'immeubles d'habitation. Ce n'est que bien plus tard, au tournant du XXIe siècle, que le déploiement du gaz de ville a connu l'essor actuel et que le gaz en bouteille a vu son usage décroître.
Benjamin explique : "Si une différence doit être prise en compte entre ces deux sources d'énergie, c'est la température à laquelle ils se gazéifient. Ou plutôt, la température en dessous de laquelle ils ne passent plus de l'état liquide (qui permet leur transport) à l'état gazeux (qui en permet l'utilisation). Le butane est efficace en théorie à partir d'une température de 0°. A L'usage, c'est plus aux alentours de 5 degrés, température au niveau de la bouteille, qu'il passe à l'état gazeux. Le propane est un peu plus résistant. Donné en théorie pour une température de 40 degrés en dessous de zéro, en pratique c'est aux alentours d'une température négative de 5 degrés que le propane aura du mal à se vaporiser."
Avantage Propane
C'est cette capacité à se liquéfier aisément qui rend ces gaz si pratiques. Le propane et le butane sont naturellement gazeux à pression atmosphérique (1 bar) et à température ambiante (15°C). Ils peuvent toutefois facilement être liquéfiés et sont alors qualifiés de GPL. Cet état liquide permet de les manipuler, de les transporter et de les stocker dans de faibles volumes. En effet, 1 litre de butane liquide libère 239 litres de gaz et 1 litre de propane liquide libère 311 litres de gaz.
"En termes de rentabilité d'espace, le propane est gagnant, offrant quasiment un tiers de gaz efficace en plus que le butane" ajoute le spécialiste.
Autre élément à prendre en compte, le pouvoir calorifique de ces deux gaz. Le rendement d'un combustible s'exprime en PCI (Pouvoir Calorifique Inférieur), unité de mesure sans récupération de chaleur (vapeurs d'ébullition d'eau par exemple).
- Le butane offre un PCI (en kWh/kg) de 12,66
- Le propane offre un PCI (en kWh/kg) de 12,78
Avantage, ici encore, au propane.
Dernier élément à considérer, le stockage des bouteilles. "Dans tous les cas, le stockage se fera bouteille debout, solidement amarrée pour ne pas tomber, rouler ou se renverser" commence le spécialiste. "Butane et propane sont des gaz lourds, c'est-à-dire qu'ils sont plus lourds que l'air et qu'ils s'accumulent d'abord dans les fonds du bateau. Il faut donc stocker les bouteilles, utilisées ou non, le plus haut possible pour être en mesure de déceler, à l'odeur, une éventuelle fuite de gaz."
A cette détection olfactive viendra utilement s'ajouter un détecteur de gaz, qui pourra se déclencher plus tôt qu'un équipage occupé sur le pont.
Stockage en extérieur
Pour être en sécurité et répondre aux normes en vigueur, le local de stockage des bouteilles à bord du bateau doit être ventilé en partie haute et basse et situé en dehors de l'habitacle. La première, située en partie basse du stockage doit être impérativement au-dessus de la ligne de flottaison.
"Bien sûr, ce stockage se fait à l'abri de l'eau de mer et dans un coffre fermé et ventilé. Isolé, ce meuble permettra de gagner quelques degrés avant de ne plus pouvoir utiliser son installation en hiver et en évitant l'élévation de température importante en été." ajoute le spécialiste.
L'objectif de ces précautions est de ne pas permettre la formation de poche de gaz explosif.
Le gaz à bord est-il dangereux ?
Entreposé et maintenu dans les règles de l'art, le gaz (qu'il s'agisse de butane ou de propane) n'est pas dangereux en lui-même, aussi longtemps qu'il est maintenu dans sa bouteille d'origine.
Pour qu'il puisse brûler, il est nécessaire que la concentration de gaz dans l'air soit comprise entre 2 % et 10 %. En dessous et au-dessus, le feu ne peut pas prendre, le gaz n'est pas un combustible alors. Ce qui n'exclut pas d'autres risques, au contraire.
Le risque d'explosion, lui, est élevé, notamment en cas d'incendie. C'est pour cette raison que le stockage du butane est permis à la fois en intérieur (à terre) et en extérieur (pression de 1,5 bar dans la bouteille) là où le propane doit être stocké en extérieur (pression de 7 à 12 bars dans la bouteille).
Dernier danger, et non des moindres, l'asphyxie. C'est pour minimiser ce risque que ces deux gaz ont des odeurs bien spécifiques. En remplaçant les atomes d'oxygène dans le sang, ces gaz provoquent une asphyxie lente qui, dans certains cas, peut être létale.
C'est l'utilité d'un détecteur de gaz, installé aux points sensibles du bateau (fond de cale, au niveau du sol des cabines …)
Ne remplir sa bouteille de gaz qu'en dernier recours
Interdit en France d'une manière générale, le remplissage d'une bouteille de gaz est possible dans certaines régions du monde, en Asie et en Amérique du Sud notamment.
Assez dangereux, le remplacement de la bouteille vide par une autre est toujours préférable au remplissage de celle-ci, surtout si le plaisancier n'est pas habitué à le faire. Pour autant, l'opération peut s'avérer nécessaire pour les plaisanciers en grande croisière.
Cette opération de remplissage d'une bouteille non GPL ne peut se faire qu'avec du gaz de pétrole liquéfié, jamais avec du gaz naturel. Par ailleurs, cette opération n'est pas anodine. Il ne suffit pas de brancher la bouteille à un pistolet de remplissage comme se remplit le réservoir d'une automobile. A éviter, évidemment, tous les bricolages d'une bouteille butane ou propane standard pour pouvoir la remplir en GPL à la pompe.
"Pour refaire le niveau d'une bouteille, il est nécessaire de disposer de différents adaptateurs qui vont d'abord désactiver le clapet anti-retour, puis adapter le pas de vis de la bouteille française au pas de vis du poste de distribution étranger. Enfin, un mécanisme de compensation doit être mis en place, permettant au gaz présent dans l'ensemble de la bouteille [N.D.L.R. les gaz se dilatent et occupent toujours tout l'espace disponible dans un conteneur] de se comprimer et revenir à l'état liquide voulu." explique Benjamin.
"Enfin, dans certaines régions, les gaz distribués peuvent être pollués de restes de paraffine. C'est d'autant plus vrai pour les appareils qui disposent d'un thermocouple, dont la vanne va s'encrasser." Dans ce cas, il est judicieux d'équiper son installation d'un filtre à paraffine.
Quels gaz sont disponibles et où ?
"D'une façon générale, on trouve les deux gaz (N.D.L.R. butane comme propane) partout dans le monde. En Amérique du Nord cependant, propane uniquement. Attention aussi, certaines régions sont si peu regardantes qu'on peut parfois, sans le savoir, utiliser un mélange butane et propane. D'où l'intérêt de considérer son installation comme au plus dangereux des deux, le propane et d'appliquer les précautions de sécurité les plus strictes, notamment de ne remplir que les bouteilles destinées au propane, dont la pression est plus importante."
"Exception notable pour l'Amérique du Sud où on prend ce qu'on trouve sans jamais être absolument sûr de la nature de ce qu'on trouve !" termine Benjamin.
Enfin, toutes ces recommandations s'appliquent aux bouteilles "traditionnelles". Exit donc les systèmes clipsables (clipso, rapido…). En bateau, n'utilisez jamais que des raccords à vis en laiton, à l'exception de toute autre solution.
Quid des boputeilles Camping Gaz largement utilisé à bord ?
Les équipements "Camping Gaz" (les bouteilles bleues remplies en butane ou en propane suivant leur origine) sont de deux types. Ceux jetables sont à déposer, une fois vide de leur contenu, dans un container spécifique pour les bonbonnes. Les autres se recyclent en les déposant chez un revendeur. Malgré certaines astuces proposées sur internet et les réseaux sociaux, il ne faut jamais tenter de remplir de nouveau ces bonbonnes très spécifiques.