Après une chute à la mer, il importe de déclencher les opérations de recherche sans délai. En effet, plus le temps passe, plus les chances de localiser le naufragé sont réduites et la zone de recherche, produit de la dérive naturelle de la personne et du courant d'autre part, importante.
C'est parce qu'elle peut rapidement atteindre des dimensions considérables que la zone de recherche doit être quadrillée avec méthode et précision, sans précipitation.
Premier arrivé, premier responsable
Deux cas de figure existent. Si la personne tombée à la mer est de votre équipage, il est clair que vous devez démarrer sans délai cette recherche. Vous êtes en effet au cœur de la zone de recherche et serez ainsi le mieux placé pour réaliser cette recherche au plus vite.
Si vous êtes extérieur à l'incident et n'avez fait qu'entendre le Mayday Relais ou l'alerte en provenance du CROSS, il est extrêmement exceptionnel que vous soyez engagé par les autorités. Le cas échéant, bien sûr, non seulement devrez-vous informer l'opérateur du centre opérationnel de votre intention, mais aussi - et surtout - vous devez obéir à ses instructions.
Que la personne recherchée vienne ou non de votre bateau, le premier qui arrive sur la zone devra non seulement se déclarer aux autorités comme s'y trouvant et deviendra référent pour la suite des opérations de recherche. Il passe souvent la main aux autorités plus compétentes (Marine, SNSM, RNLI …) et devra, à ce moment, transmettre des éléments clairs et précis de la manière dont il a quadrillé la zone d'une part, de ce qu'il a vu ou non d'autre part. Autrement dit, vous serez engagé par les opérateurs du CROSS et deviendrez un outil à leur service dans cette phase de recherche.
Mieux vaut mal quadriller que ne pas quadriller
Si des conseils empiriques sont disponibles sur la théorie du quadrillage d'une zone, il faut garder à l'esprit qu'il sera généralement préférable de mal quadriller - mal au sens de l'application de ces grands principes - que rester sans rien faire en arrivant sur zone, en attendant ces instructions.
Au pire, se rendre à l'endroit où a été aperçu le naufragé pour la dernière fois et réaliser des cercles concentriques - en changeant parfois de sens pour épargner le mal de mer à l'équipage - en conservant ce point de chute comme centre des cercles. Cette méthode n'est pas académique, mais elle est active et extrêmement efficace.
La LKP point de départ de la recherche
C'est du reste l'une des principales difficultés pour démarrer les opérations. Connaître la dernière position du naufragé, car c'est d'elle que tout découle. Et c'est à partir d'elle que vous pourrez optimiser vos opérations de recherche.
Ce point, qu'on appelle LKP (pour Last Known Position) représente la composante fondamentale de ce qu'on appelle le datum ou "point à date" Le datum est le résultat d'une formule de calcul qui va intégrer le courant de dérive, la dérive due au vent (rappelez-vous de vous cours de permis hauturier) au LPK. Il indique ainsi la position la plus probable d'une personne selon sa dérive et son heure de chute à la mer.
Les CROSS sont en mesure de la calculer et d'y adjoindre des probabilités, sur la base de modèles mathématiques plus lourds tels que MOTHY.
N'ayez crainte, engagé dans une telle action de recherche, les instructions données par les autorités seront particulièrement claires et précises. Du reste, elles ne sont pas improvisées. En effet, la façon dont ces éléments sont communiqués est standardisée par le code international des signaux, qui prévoit la façon dont elles seront communiquées.
Quadriller selon une méthode éprouvée
Il existe plusieurs méthodes de quadrillage mais, plaisancier engagé sur une opération de recherche, il est quasiment certain que le CROSS vous demandera de réaliser la plus simple, celle dite des carrés concentriques (Expanding Square Search en anglais, SS selon la normalisation).
Vous vous positionnez donc au datum et larguez, sur l'eau, un élément flottant et identifié de votre bateau. Une bouée fer à cheval, par exemple, fera l'affaire. L'objectif est de vérifier que vous maintenez le centre à sa position d'une part et de suivre sans avoir à y penser la dérive due au courant.
Une fois cet objet largué, vous démarrez les manœuvres, selon le schéma ci-dessous.
Le premier mouvement partant de ce point à date se fera en remontant au vent puis, une fois que vous aurez franchi la distance S (le CROSS va vous l'indiquer car elle se calcule elle aussi), vous virez vers tribord de 90° et franchissez de nouveau la distance S. Au Troisième passage, vous parcourez 2 fois la distance S, 3 fois au cinquième passage…
Cette manœuvre sera à réaliser de ainsi jusqu'au septième passage, moment où, selon les instructions, vous quitterez la recherche ou recommencez le circuit, en centrant sur la nouvelle position de la bouée que vous avez larguée.
La nouvelle position de cette bouée étant due à la dérive, il peut être judicieux de la transmettre aux opérateurs avec lesquels vous serez, bien évidemment, resté en contact tout au long de cette phase de recherche.
Si votre erre et l'état du plan d'eau le permettent, il est profitable de couper le moteur régulièrement et de faire silence total pour écouter d'éventuels cris ou appels à l'aide.
Lorsque le naufragé est repéré
Lorsque vous apercevez la personne recherchée, il peut être tentant de filer à sa rencontre pour la sauver. Dans les faits, cela pourrait créer un suraccident néfaste à son sauvetage et à l'opération en elle-même. Il faut faire en sorte que la personne comprenne que vous l'avez localisé et, en même temps, informer l'opérateur du CROSS de ce que vous avez vu.
Ne rompez pas le contact visuel avec ce naufragé et tendez le bras en sa direction. Faites évaluer sa position par rapport à vous avec un compas de relèvement et communiquez cette information aux autorités ("Je viens d'apercevoir une personne dans mon XX ° à environ YY nm").
Attention aux impressions erronées, aux ombres ou aux hallucinations qui peuvent survenir. Faites vérifier par un autre équipier, aux jumelles, que ce que vous avez vu est bien la personne recherchée.
Quitter le dispositif sur ordre uniquement
Ce n'est que si vous avez clairement obtenu une liberté de manœuvre (clearance en anglais) que vous êtes autorisé à quitter le dispositif. Si vous avez besoin de ravitaillement (carburant, eau …) vous ne devez le faire qu'une fois que vous avez achevé un passage complet (7 S) et en avisant l'opérateur avec lequel vous êtes en contact.
Rester prudent et en sécurité tout au long de la recherche
Bien sûr, cet engagement ne doit se faire qu'en sécurité absolue pour votre bateau, vous et votre équipage qui, en permanence durant les opérations devra porter le gilet de sauvetage et l'ensemble des équipements de protection.
Enfin, le RIPAM demeure en application au long de ces opérations et en aucun cas les ordres donnés par les opérateurs du CROSS ne signifient une prise de risque inconsidéré dans votre navigation.