Omnipotent et toujours connecté. Prêt à tweeter depuis le milieu de l'Atlantique comme au fin fond de l'Amazonie, Homo Connecticus version 2020 s'est rendu dépendant, à bord comme à terre, d'outils de communication dont la vocation première est et a toujours été la sécurité du navigateur et de son bateau. Recevoir un mail n'importe où nous semble aujourd'hui aussi naturel que respirer ou lire. Faisons cependant un panorama des solutions de communication disponibles à bord, de leurs coûts, leurs limites et utilités.
Si la VHF demeure la règle et l'équipement réglementaires par défaut (avec ses déclinaisons fixe ou portable selon la distance depuis la côte) pour ce qui est d'alerter les secours ou demeurer en contact avec la côte, la téléphonie mobile dans son ensemble a fait d'énormes progrès, tant en termes de couverture que de facilité d'utilisation ou de disponibilité des terminaux.
Trois solutions satellitaires se partagent aujourd'hui notre ciel :
- Inmarsat
- Iridium
- Thuraya
Inmarsat, des solutions de données hétéroclites
Sans doute la solution de téléphonie par satellite la plus ancienne déployée, Inmarsat est une société britannique qui propose des services de télécommunication aux mobiles (bateaux, avions…) sur la quasi-totalité du globe terrestre, pôles exceptés. À l'instar du réseau GSM, il faut disposer d'un terminal compatible inmarsat et d'une carte SIM (Subscriber Identification Module). La souscription d'un abonnement auprès d'un opérateur est nécessaire pour obtenir un numéro de téléphone et l'émission d'appels.
Selon les bandes de fréquences utilisées (KA, L …) le débit de données peut atteindre 5 mb montant (50 mb pour la voix descendante) par seconde. Dans des modes plus domestiques cependant, le débit de données atteindra les 500 kbps.
Qu'il s'agisse de modems installés à poste ou de téléphones mobiles, Inmarsat nécessite de pointer, en permanence, le satellite choisi pour maintenir la communication active et de qualité, ce qui est virtuellement impossible en mer sans équipement de stabilisation de l'antenne parabolique.
La location d'un terminal Inmarsat basique coûte une vingtaine d'euros par jour, auxquels il convient d'ajouter l'achat de la carte SIM (comptez une trentaine d'euros) et la consommation des unités téléphoniques (à la minute, selon le service et la destination demandés). L'achat d'un terminal (isatphone 2), lui, coûte environ 800 €, souvent proposé en pack incluant le terminal, la carte SIM ainsi qu'un crédit d'unités.
Un appel de 10 minutes par inmarsat à destination de la France vous coûtera entre 11 et 17 €, selon le type de formule prépayée choisie.
La réception d'un grib via inmarsat vous coûtera, elle, de 7,28 € à 24,40 €. En effet, la facturation minimum est de 50 Ko, soit une dizaine de fichiers à la fois. Autant, dans ce cas, coupler le maximum de fichier à recevoir en une seule session !
Ci-dessous, les tarifs des communications par le réseau Inmarsat, en utilisant le seul téléphone Inmarsat existant, le Isatphone 2
Iridium, la référence se paye cher
Iridium tend, aujourd'hui, à s'imposer comme le système de référence pour les communications téléphoniques en mer. Fondée dans les années 90, cette solution de télécommunications offre l'avantage d'une couverture de l'intégralité du globe, pôles compris, et des terminaux faciles à utiliser. Ici aussi, le principe de fonctionnement demeure basé sur la paire terminale et carte SIM, auquel il faut ajouter du crédit de temps ou d'unités pour émettre et recevoir des appels.
Iridium permet le transfert de données à bas débit (2.4 bps), impossible donc de visionner une vidéo ou d'écouter de la musique, mais suffisant pour la récupération de fichiers grib par exemple.
La qualité majeure d'Iridium réside dans la possibilité d'exploiter le terminal sans pointage ni visée, comme serait utilisé n'importe quel téléphone mobile. Il est donc idéal en mer où la houle et les mouvements du navire n'auront aucun impact sur la qualité de la conversation.
La location d'un terminal iridium coûte une centaine d'euros par semaine, auxquels il convient d'ajouter l'achat de la carte SIM (comptez une trentaine d'euros.) et la consommation des unités téléphoniques (à la minute, selon le service et la destination demandés). L'achat d'un terminal, lui, coûte environ 1200 € pour un terminal de moyenne gamme, souvent proposé en pack incluant le terminal, la carte SIM ainsi qu'un crédit d'unités. Notons le bien connu Iridium GO, plébiscité par les plaisanciers qui offre un point d'accès wifi à bord, vous offrant la possibilité d'utiliser votre téléphone habituel (android comme iphone) pour émettre des appels, comme à la maison, via l'application idoine à installer sur le terminal. Deux terminaux mobiles existent le 9555 et le 9575, ce dernier proposant, notamment, un gps, une fonction SOS ...
Un appel de 10 minutes à destination de la France depuis un terminal Iridium vous coûtera entre 10 € et 21 €, selon le type de formule prépayée retenu. À noter, la société iTabNav (dont nous vous parlions ici) propose des forfaits de transfert de données illimitées incluant, au choix, 50 ou 150 minutes de communication.
Un appel terre vers iridium vous coutera plus de 5 € par minute, facturés par votre opérateur habituel. Pour minimiser ce coût, Iridium a déployée une passerelle localisée aux états unis. Vous composez le numéro d'appel de cette passerelle depuis votre opérateur habituel (et profitez, donc, de la gratuité parfois des appels vers les états unis) et le destinataire de l'appel ne paiera qu'une communication iridium vers iridium, à environ 1 € la minute.
La réception d'un grib via Iridium vous coûtera, de 4,80 € à 12,20 €. Chez Iridium, hors forfaits data illimités, le décompte de la consommation de données se fait par incrément de 20 secondes, avec une base de 60 unités par minute. Notre calcul a donc considéré 30 secondes pour récupérer un fichier de 5 Kb.
Thuraya, une facturation complexe
Thuraya est le dernier-né des opérateurs de télécommunication par satellite. La nébuleuse Thuraya s'appuie sur 2 satellites géostationnaires, Thuraya-2 pour la zone EMEA, Thuraya-3 pour la zone APA. Attention, la zone des amérique (Antilles, Cuba …) n'est pas couverte du tout, de même que les pôles.. Les terminaux Thuraya ont la double compétence satellite et GSM, ce qui signifie que, s'il est correctement configuré, le téléphone choisira automatiquement le réseau le plus performant au moment du besoin. Inconvénient de cette fonctionnalité, l'un des réseaux (gsm ou sat) sera forcément en roaming par rapport à l'autre, il faut donc vérifier, au préalable à l'utilisation, les coûts éventuels d'itinérances applicables à votre abonnement.
Le réseau de l'opérateur émirati propose un débit de données de 9.6 kbps, largement suffisant pour du mail et de la navigation légère et, à plus forte raison, la prise de météo par fichiers grib.
À l'instar d'iridium, il n'y a pas de nécessité de pointage du terminal en direction du satellite choisi, ceux-ci étant tous équipés d'antennes omnidirectionnelles.
Un terminal Thuraya se vend aux environs de 900 €. La facturation de l'opérateur est assez complexe, que l'on soit en formule abonnement ou prépayée, le tarif dépendra bien sûr de la destination de l'appel (3 bandes de tarification) et, aussi, du forfait prépayé dont dispose l'abonné. Le Thuraya X5 offre un débit de données jusqu'à 60 kb/s fonctionne comme votre téléhone habituel sous android. Bien utile, sa double sim vous permet de l'utiliser à terre sur le réseau gsm en mer (ou à terre aussi d'ailleurs) sur le réseau satellitaire de thuraya. Enfin, le X5 est protégé ip 66.
Un appel de 10 minutes à destination de la France coûtera entre 9 US$ et 17 US$.
La réception d'un grib via Iridium vous coûtera, elle, 0.25 US$. Chez Thuraya, le Mégaoctet de données est facturé 5 US$ avec un incrément ce 0.01 Mégaoctet.
Quelle solution choisir ?
Si la possibilité de téléphoner et recevoir des données depuis n'importe quel point du globe est un avantage indéniable, profiter de la déconnexion de la plaisance vous apportera sans doute une grande satisfaction, d'autant plus qu'un abus de ces possibilités pourrait rapidement coûter très cher !
Si les opérateurs proposent maintenant des solutions permettant une excellente qualité de communication et des taux de transfert convenables pour un usage en mer, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas envisageable, pour l'heure, de disposer en navigation d'un confort et d'une qualité de connexion à l'Internet comparable à son domicile sauf à disposer d'un budget très conséquent.
Il est important, avant d'embarquer, de budgéter le poste télécommunications, car les coûts des communications peuvent s'envoler pour peu qu'on ne prenne pas soin de dialoguer avec efficacité. Nous vous recommandons donc, au préalable, à définir une fréquence et une durée d'appels et d'en tirer une prévision de trafic, afin d'adopter l'offre ou le forfait les plus adaptés à votre besoin, dans le choix imposé par votre zone de navigation.
Quelques Astuces pour la téléphonie par satellite
Nous nous sommes entretenu avec Mickael Da Silva, Responsable commercial d'IEC Telecom. Il nous explique "la solution parfaite et universelle n'existe pas. Le plaisancier devra connaitre sa destination et sa zone de navigation pour choisir un des 3 opérateurs selon la zone de couverture de chacun."
A propos de l'Internet à bord, il nous explique "Il n'est pas envisageable de surfer comme à la maison lorsqu'on est en mer, du moins pour un budget accessible à un plaisancier. Des solutions existent pour de l'accès haut voir très haut débit, mais les tarifs tant des équipements que des abonnements correspondants sont très élevés, plusieurs milliers d'euro rien que pour le matériel." Et il ajoute "Nous mettons à disposition de tous nos clients un logiciel de notre conception, Optiaccess, qui se charge d'optimiser le trafic de données qui sera réalisé, en compressant fortement le trafic par email notamment." Techniquement "il faut garder à l'esprit que l'ensemble des échanges de données Internet sera réalisé par courrier électronique, les protocoles smtp et pop permettant la reprise aisée de connexion, tous les échanges étant réalisées en mode texte, les pièces jointes sont encodées et servies, elles aussi, comme du texte." nous explique-t'il.
Il ajoute "Je recommande aux plaisanciers de consulter régulièrement leurs crédits de consommation et de connaître les délais d'expiration de leurs cartes SIM, Iridium facture plusieurs centaines d'euro la réactivation d'une carte qui n'a pas été rechargée."
A ce propos, M. Da Silva nous communique ces informations :
Pour consulter votre crédit, avec Iridium, envoyez un sms vide au 2888, la carte SIM a une durée de vie sans recharge de 270 jours après expiration du crédit. Du côté de thuraya appelez le 150. La carte SIM a une courte durée de 3 mois. Enfin, du côté d'Inmarsat appelez le *106#. Bonne nouvelle, les cartes SIM Inmarsat n'ont pas de fin de vie.