Comment le pataras influence-t-il le réglage de la grand-voile?

Sur votre voilier de croisière ou de régate, le réglage du pataras contrôle aussi la forme de la grand-voile. Voici quelques conseils sur l'utilisation de cet outil et son influence sur les réglages de la grand-voile. 

Le fonctionnement mécanique du pataras (ou des bastaques) est assez simple. Mais pour mieux appréhender le réglage, il faut mettre de côté l'idée que le pataras tire simplement le mât en arrière. Ce n'est pas totalement faux, mais en réalité l'effort de contrainte se dirige surtout vers le pied de mât.

Imaginez une latte dont l'une des extrémités est posée au sol, en appuyant sur son sommet elle se courbe. C'est plus ou moins ce qui se passe pour le mât lorsqu'on souque le pataras, on donne de la flèche à l'espar.

En partant du principe que votre mât est légèrement précontraint (le cintrage maximum au repos correspondant à la moitié du profil de mât), la compression générée par la tension du pataras augmentera le cintrage vers l'avant au milieu du mât.

Le pataras peut aplatir la grand-voile

Lorsque le milieu du mât avance, le guindant de la grand-voile s'éloigne de la chute, cela résorbe le creux de la voile. C'est comme souquer la bordure, on éloigne le point d'écoute de l'amure et cela aplatit le bas de la voile.

Le pataras agit de même, mais sur une zone plus étendue puisque dans une certaine mesure, tout le mât avance. Plus l'espar est souple, plus il est facile d'aplatir la grand-voile à l'aide du pataras.

Dans la brise, souquer le pataras participe grandement à aplatir les voiles J111 ©Jboats
Dans la brise, souquer le pataras participe grandement à aplatir les voiles J111 ©Jboats

Sur les bateaux dépourvus de pataras (petits voiliers, multicoque), souquer l'écoute de GV a le même effet. La tension de l'écoute de grand-voile tend la chute de la grand-voile. La chute agit comme un pataras qui induit une compression et donc une flexion du mât.

Le hale-bas aussi peut également aider au cintrage du mât. Tendre le hale-bas abaisse la bôme et la pousse vers l'avant, en cintrant le bas du mât.

En tendant le hale-bas, la compression sur le vit-de-mulet va cintrer la partie basse du mât.
En tendant le hale-bas, la compression sur le vit-de-mulet va cintrer la partie basse du mât.

Le patatras peut ouvrir la chute de la grand-voile

Lorsque vous compressez le mât avec le pataras, la têtière de grand-voile se rapproche du point d'écoute. Cela ouvre la chute de la GV en créant du vrillage.

Normalement, à chaque fois que vous tendrez le pataras, vous devrez border la grand-voile (et/ou le hale-bas) pour que le vrillage reste la même. À moins bien sûr, que vous ne cherchiez à évacuer la puissance du vent avec plus de vrillage.

Enfin, le cintrage du mât réduit également sa hauteur totale de l'espar, ce qui va détendre le guidant de la GV. Vous verrez peut-être apparaitre des plis horizontaux indiquant un manque de tension.

Pour compenser, et replacer le creux de la GV au plus près du mât, il faut étarquer le guindant avec la drisse ou le cunningham. Inversement, lorsque vous choquez le pataras, vous devez vous rappeler de relâcher la tension du guindant et de choquer l'écoute ou le hale-bas.

Amusez-vous à étudier les effets du réglage de pataras dans différentes conditions de vent . En maîtrisant ce réglage, vous disposerez d'un outil supplémentaire très efficace pour contrôler la forme de la grand-voile.

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Alain Gabriel
Alain Gabriel
Quelqu'un peut-il indiquer un minimum de bénéfices de ce ré?glage svp? Merci, Alain
Fabien Hf
Fabien Hf
Bonjour, je navigue sur un voilier de 7.5m sportif en me débattant avec une voile à corne. Comme le plan d'eau est peuplé et limité en surface, les deux pataras (obligés de par la corne qui ne passe pas en dessous), sont une complexité non négligeable. J'essaie donc de naviguer un max sans les tendre (ils se retrouvent alors proches du mât par sandow). Au près (serré), pas de souci: l'écoute de gv est tendue, la bôme centrée et l'étai sous tension. Nickel. A partir que quel angle mât - barres de flèches (poussantes) peut-on estimer avoir un peu de marge avant qu'un mât ne se casse vers l'avant (par vent arrière donc)? L'idée est de tendre le pataras au vent, mais quand faut-il considérer que c'est impérieux ou préférable. Ce n'est pas la même chose lorsqu'on a les mains remplies de lignes et manivelles de winches :-) Merci!
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