Le vent est souvent capricieux et une sortie en mer peut changer d'ambiance si le vent se lève. Observer les chandeliers se noyer dans l'eau tout s'accrochant péniblement à un winch est une expérience rarement agréable pour les néophytes. En outre, ce n'est bon ni pour les performances ni pour le matériel.
Naviguer avec la toile du temps est une de missions du chef de bord. À ce jeu, son anticipation sera toujours bienvenue pour la sécurité et le confort de l'équipage. Donc il faut prendre des ris avant d'y être contraint, c'est systématiquement plus facile à faire.
Les grands voiles de nos croiseurs sont en général équipés de 2 à 3 bosses de ris. Chaque voile est particulière, mais fréquemment sur une grand-voile à 3 ris, ils se repartissent ainsi : 1er ris 80 % ; 2e ris 60 % ; 3e ris 40 % de la surface totale.
En général, on prend un ris à une allure proche du vent. On choque l'écoute et le hale-bas pour laisser s'échapper le vent et plus tard étarquer sans résistance.
Ensuite, on choque la drisse, pour faire descendre la voile. L'idéal serait d'avoir prévu une marque sur celle-ci afin de s'assurer que la voile descendra suffisamment. On va alors accrocher le point d'amure du ris au mat ou au vit-de-mulet. On peut d'ores et déjà rejoindre le cockpit.
De retour dans le cockpit, en premier lieu il faut étarquer la drisse de GV. On vérifiera que le hale-bas et l'écoute sont bien choqués pour ne pas opposer de résistance. Lors d'une prise de ris, il faut veiller à protéger le guidant du risque des déchirures et arrachements en étarquant la drisse rapidement.
Ensuite, il faut étarquer la bosse de ris. À cause de l'augmentation du vent, on cherche à limiter la puissance de la grand-voile. On va donc résorber le creux en étarquant fortement la bosse de ris. Il faut tout même veiller au circuit de cordage en bout de bôme pour s'assurer qu'il n'endommage pas le reste de la voile par ragage.
Si vous avez une bordure libre, roulez la portion de ris sur elle-même et fixez-la avec des sandows. Il faut éviter les garcettes, car si vous oubliez de les enlever, vous déchirerez la GV au moment de hisser, alors que les élastiques opposeront une résistance qui vous mettra surement la puce à l'oreille. On reprend aussi le mou des ris supérieurs qui risquent de fouetter l'air.
C'est bon, la grand-voile est prête à encaisser le vent, il reste à border l'écoute, le hale-bas de bôme et reprendre sa route.