Choisir son bateau pour une grande croisière est une décision cruciale. Ce choix ne détermine pas seulement le confort à bord, mais aussi la liberté d'exploration et la sécurité en mer. Faut-il préférer la stabilité et les performances d'un quillard ou la polyvalence et l'accès aux mouillages d'un dériveur ? C'est un dilemme récurrent parmi les marins préparant une grande navigation.
Au fil des années, les voyageurs au long cours se divisent en deux clans : ceux qui ne jurent que par le quillard, taillé pour la haute mer, et ceux qui misent sur un dériveur pour accéder aux mouillages cachés et aux eaux peu profondes. Pour trancher, il faut se poser la bonne question : quel type de voyageur êtes-vous ?
Le quillard : performance et stabilité
Le quillard est le bateau emblématique des grandes traversées. Imaginez un navire taillé pour l'Atlantique, stable sous voilure, qui fend les vagues avec assurance. Avec sa quille fixe, idéalement profonde et lestée, il offre une assise incomparable face aux tempêtes du large. Mais est-il fait pour tous les navigateurs ?
Avantages :
- Une stabilité à toute épreuve : La quille profonde maintient le bateau droit et limitant le roulis. En gros temps, c'est un atout pour la sécurité et le confort de l'équipage.
- Des performances accrues au près : Le quillard remonte mieux au vent qu'un dériveur, ce qui fait toute la différence lorsqu'il faut tirer des bords face à un alizé récalcitrant.
- Une charge utile plus importante : Réservoirs d'eau, gasoil, vivres... Un quillard est conçu pour transporter du poids sans trop d'impact sur la stabilité.
- Un entretien simplifié : Moins de pièces mobiles qu'un dériveur, donc moins de risque de casse.
- Nombreux modèles de tous les âge et surtout à tous les prix. Le choix d'un quillard de voyage est très vaste.
Inconvénients :
- Un tirant d'eau important : Oubliez les mouillages confidentiels dans 1,20 m d'eau translucide.
- Difficile de s'échouer volontairement : Carénage ou réparation de la carène sur une plage ? Peu envisageable.
- Une vigilance accrue : Dans les zones de hauts-fonds, il faut calculer ses routes au centimètre près.
Idéal pour : Les marins qui veulent tracer de grandes diagonales sur les cartes et profiter de la fiabilité d'un bateau stable et performant.
Le dériveur : polyvalence et exploration
Imaginez-vous jetant l'ancre à quelques mètres d'une plage immaculée en Polynésie, ou naviguant en eaux peu profondes au cœur des Everglades. Avec une dérive relevable, le monde s'offre à vous différemment.
Avantages :
- Accès aux mouillages secrets : Lagons turquoise, rivières cachées, marécages du bout du monde... Un dériveur vous permet de poser l'ancre là où d'autres doivent renoncer.
- Facilité d'échouage : En cas de besoin, il peut se poser doucement sur le sable sans risque majeur. Et surtout, le voilier reste à peu près horizontal.
- Plus de liberté de navigation : Vous pouvez emprunter des voies intérieures et varier les terrains de jeu.
Inconvénients :
- Moins performant au près : Si vous aimez tirer des bords serrés face au vent, ce n'est pas votre meilleur allié.
- Un entretien plus exigeant : Un système de dérive implique plus de surveillance (corrosion, infiltrations, blocages).
- Capacité de charge plus limitée : Il faut parfois jongler avec l'espace disponible pour l'eau et le carburant. La dérive prend aussi beaucoup de place dans les aménagements.
- Plus instable par gros temps : Par mer forte, un dériveur dont le lest est dans la coque, sera moins stable et retrouvera moins rapidement sa position horizontale s'il vient à se retourner. Il est conseillé d'éviter ce genre d'endroit en dériveur.
- Plus cher à l'achat. A taille comparable, un dériveur est plus cher qu'un quillard, aussi en raison de sa rareté sur le marché, surtout sur celui de l'occasion
Idéal pour : Ceux qui veulent explorer chaque crique, chaque lagon et repousser les limites du voyage.
Quel type pour quelle navigation ?
Le bon choix dépend de votre itinéraire et de votre manière de naviguer :
- Traversées océaniques, hautes latitudes, grands espaces : Optez pour un quillard, robuste et stable.
- Caraïbes, Bahamas, Pacifique Sud, eaux peu profondes : Un dériveur permet d'accéder à des mouillages paradisiaques.
- Navigation mixte (mer et fleuve) : Seul un dériveur peut combiner exploration côtière et voyage fluvial.
- Zones à marées importantes : Un dériveur permet de s'échouer à marée basse sans risque.
Comment faire son choix ?
Le choix entre quillard et dériveur repose sur une évaluation fine de votre programme de navigation et de vos priorités. Privilégiez-vous la performance et la stabilité d'un quillard pour traverser les océans en toute sécurité, ou la polyvalence d'un dériveur pour explorer sans contraintes les zones peu profondes ? D'autres critères, comme le confort en mer, la charge utile, l'entretien et la sécurité en cas d'échouage, doivent également être pris en compte.
En mer comme dans la vie, chaque choix détermine votre trajectoire. « Nous ne pouvons pas diriger le vent, mais nous pouvons ajuster les voiles. » – Aristote.
Finalement, le meilleur bateau est celui qui correspond à votre façon de naviguer… et de vivre l'aventure.
