Coté exploit en voilier : le Vendée globe est le summum
Celles et ceux qui se lancent en mer dans la compétition du Vendéee Globe appartiennent à une communauté de gens totalement hors du commun. On pourrait presque dire que ceux-là sont entrés en religion ! Engagement personnel, opiniâtreté, courage, nombreux talents variés sont des qualités dont ils ont dû faire preuve, avant même d'être admis à participer. L'instigateur de la première édition avait énoncé cette formule magistrale et toujours d'actualité : "Dans le Vendée Globe, tous les arrivants sont des vainqueurs".
Accomplir le tour du monde est une expérience d'une richesse et d'une intensité extraordinaires
Mais Tour du monde n'est pas forcément synonyme de compétition. Il y a autant de manières d'accomplir ce voyage original et fantastique que de personnes attirées par le concept. On peut se lancer dans la boucle à pied, à vélo, en pédalo ou en bateau à voile. Mais, partir d'un endroit de la sphère, dans une direction, et en revenir par l'opposé n'a rien d'anodin. Bien que le monde moderne ait grandement facilité l'accès à ce périple passionnant, le réaliser n'est pas à la portée de tous les individus et le résultat se mérite.
Accomplir un tour du monde n'est jamais un acte banal
Témoin le nombre élevé de candidats qui échouent dans ce projet et qui ne parviennent jamais à recroiser leur propre sillage dans l'autre sens. Loin de moi l'idée de prétendre qu'il y ait là un quelconque exploit. Bien des équipages réalisent de magnifiques périples. Ils font ce qu'Éric Tabarly appelait avec poésie "du bateau joli", sans pour autant se contraindre à "faire la grande boucle". Cependant, accomplir une circumnavigation complète, c'est autre chose.
Un tour du monde, quel voyage merveilleux !
L'alternance des phases maritimes et des périodes terrestres représente les différents mouvements d'une réjouissante symphonie de la vie. Aux passages allegro, dans une mer formée, excitée par un alizé vigoureux, succèdent des épisodes plus délicats, boursouflés d'humanité et d'humour, qui se savourent à l'escale comme autant de menuets, tempo moderato.
Une traversée procure toujours un niveau rare de symbiose et d'intimité avec la Sainte Trinité du marin : le vent, la mer et le bateau.
Et puis bientôt, presque trop tôt parfois, malgré le bien-être du large, survient la pause sédentaire. Alors, ce sera le tour des communions apéritives et autres manifestations d'amitié.
Difficultés variées et escales de rêve
J'évoque la confrontation (j'aurais dû dire la rencontre…) avec l'autre. L'inconnu, le "différent", celui chez qui l'étranger, c'est nous ! Le sentiment d'être en demande d'hospitalité est permanent et même insistant pour le voyageur maritime. Nous sommes des intrus qui devons nous faire admettre. Situation très contrastée avec celle du vacancier qui sort d'un avion après quelques heures de somnolence et va rejoindre son hôtel climatisé. Le navigateur, lui, survient d'un ailleurs qui s'appelle la mer, impitoyable et sans état d'âme. Soit on a compris et accepté ses règles. Soit on l'a mal jaugée et le passage a probablement été plus douloureux. Toujours est-il qu'à l'arrivée, on est chez les autres. Afrique, Amérique, Asie, Océanie, on est rarement dans un territoire français. Et c'est aussi un peu le but.
Pour un flirt autour du monde en bateau
Un tour du monde en croisière océanique, c'est un flirt en voilier, avec une quarantaine de pays. On y découvre des cultures et des habitudes sociales très différentes Encore faut-il prévoir des escales suffisamment longues pour avoir le temps de faire connaissance.
En traversée, l'apprentissage de ce quotidien proche de la nature permet de savourer le goût subtil de la lenteur, qui est le gage d'une qualité de vie largement oubliée et pourtant si précieuse. Et puis c'est le retour aux fragrances suaves et délicates des victoires insignifiantes et intimes. Comme cette conclusion : "Nous l'avons fait ! C'était bon ! Et que l'on se sent bien à présent !". Mais, attention à l'addiction. Un tour du monde a vite fait d'en susciter un autre. Et nul n'est à l'abri d'une récidive, car la vie n'offre pas pléthore d'expériences de cette intensité.