Pourquoi la longue route ?
Réaliser la Longue Route est un projet que Dominique a en tête depuis longtemps. En effet, le marin envisage cette aventure de naviguer autour du monde, sur les traces de Moitessier, depuis qu'il est jeune adulte. Mais l'engagement important que cette participation représente, le temps qu'elle demande et le budget, n'étaient alors pas réunis pour y prendre part. Le temps écoulé depuis lui a permis d'accumuler l'expérience nécessaire, en plaisance et en tant que professionnel, pour pouvoir mener à bien ce projet. Après 3 ans de restauration de Joietitude, un Sparkman & Stephens 32 de 1975, il se sent fin prêt.
Dans le choix de la Longue Route, le marin ayant déjà réalisé des courses à la voile explique ainsi son attirance par la spécificité de l'évènement : "il n'y a pas de classement, moins de médiatisation, pas de règlement stricte. En ce sens, elle est plus individuelle et propice à des projets singuliers adaptés et adaptables par chaque participant et participante. Il n'en reste pas tant qu'elle compte aussi une dimension collective. En effet, les participants et particpantes partent en même temps, le 11 août 2024 de Lorient. De plus, les 11 inscrits sont aujourd'hui en contact et échangent autour de questions techniques, philosophiques, psychiques orientées au partage d'expérience."
L'expérience : L'ambivalence entre plus de connaissance et plus de tensions
Dominique met en avant une certaine ambigüité face à la place de l'expérience dans ce genre de projet."Les dernières années m'ont permis d'accumuler de l'expérience. Il y en a qui partent avec peu d'expérience et cela va aussi. En réalité, moins tu as d'expérience, plus tu y vas et moins il y a de tensions. J'ai déjà navigué dans de grosses conditions, je sais à quoi m'attendre, et cela crée un autre type d'appréhension".
Cette expérience a également permis à Dominique de bien préparer son bateau, de savoir ce dont il a besoin et comment l'agencer pour s'engager dans ce voyage avec le plus de chance de son côté pour arriver à le boucler. En effet, à la question "Quelles sont tes plus grandes appréhensions ?", sa réponse spontanée est : "De ne pas revenir".
Le point critique : les hautes latitudes
Le point critique pour lui se situe, comme nous pouvons l'imaginer, aux grandes latitudes : Ça passe ou ça casse. Pour Dominique : "Ce n'est pas un passage sans enjeux avec ce bateau. Si ça se corse et que les conditions ne se présentent pas idéales pour passer le Cap Horn, il y a l'alternative de rejoindre Puerto Montt et de passer par les canaux de Patagonie. C'est une manière de passer le Horn plus protégée mais cela met plus de temps et surtout, surtout, ce n'est pas la même chose, ça n'est plus le même projet".
D'autres alternatives s'offrent sur le chemin en cas de pépin ou de changement de programme, comme rejoindre la Polynésie depuis la Nouvelle-Zélande et passer par le canal de Panama par exemple, avant d'effectuer une transat' retour. Mais comme Dominique nous confie en riant "Même si c'est une alternative, ça ne veut pas dire que ce soit court et rapide !"
La capacité la plus importante à avoir : le mental
On peut avoir beaucoup d'expérience de navigation, un bateau très bien préparé, si le mental n'y est pas, il serait difficile de boucler ce tour du monde. Dominique a de longues navigations dans son historique : 59 jours pour relier Le Cap à Lorient, 1 mois pour rejoindre Lisbonne depuis Les Caraïbes avec une mini escale aux Açores. Cependant, pour lui, "une chose est d'arriver à bon port après 59 jours et ne plus naviguer pendant un certains temps, mais c'est tout autre chose d'arriver d'un telle navigation et de savoir qu'on repart 2-3- jours après, le temps d'un ravitaillement. C'est l'accumulation qui peut arriver à peser lourd".
Dans le cadre de la réalisation de « La longue route », Dominique pense faire escale à Cape Town, en Australie ou Nouvelle-Zélande et à Ushuaia. La raison principale de ces différentes escales sera d'effectuer un ravitaillement. Effectivement, son bateau ne compte de l'espace suffisant que pour contenir l'avitaillement de 2 mois à 2 mois 1/2 maximum, s'il veut le maintenir dans des conditions de sécurité.
Une escale forcée qui est un bon entrainement pour le moral
Nous avons rencontré Dominique lors d'une escale à Concarneau, alors qu'il réalisait sa qualification et souhaitait rejoindre Les Canaries, ensuite le Cap Vert et les Açores avant de revenir en Bretagne Nord. Mais venu s'abriter avec Joititude le 24 octobre 2023 ; il n'a pu reprendre la mer que le 21 novembre. Comme il le dit en parlant de cette période : "1 mois, 6 tempêtes » dont Ciaran. Cette tempête fût apocalyptique". Cette période d'attente de fenêtre fût tout un exercice mental aussi, qui pourra s'avérer utile pour la Longue Route.