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Depuis un an, Julian navigue sur son Jeanneau Mélody, un voilier de 10,50 m. Il vient de l'acheter avec comme projet d'organiser des stages d'escalade et de canyoning. En effet, Julian est moniteur dans ce domaine. Ce bateau sera donc son outil de travail comme sa maison. Mais le projet va s'arrêter brutalement le mardi 7 juin 2022 à 12h30.
Ce jour-là, il est bénévole sur un festival à Lampaul proche de Brest. Il reçoit un appel téléphonique du CROSS qui l'informe que son bateau s'est échoué sur les cailloux. Heureusement, il n'y a personne à bord. Il cesse toute activité et file sur place, découvrant son impuissance. Son bateau commence à se disloquer. Le voilier est démâté. Avec les à-coups de la mer, la quille se désolidarise de la coque qui se brise alors en mille morceaux. A 12h30, il n'y a déjà plus de bateau…
Grâce aux enregistrements de la caméra de la mairie, Julian va pouvoir retracer le périple de Border-Line. Le Jeanneau Mélody est au mouillage sur une bouée dans le port de Bertheaume dans le Finistère. Avec un équipage de montagnards, il rentre tout juste d'une croisière aux Scilly. Le samedi, il passe à bord pour récupérer des affaires et vérifie l'amarrage. Il complète les 2 amarres en place par une troisième toujours directement fixées sur l'anneau supérieur de la bouée. Ce mardi, un vent de Sud souffle, avec un peu de courant. Le coefficient de marée est de 50.
Sur l'image de la vidéo, il découvre que le bateau largue sa bouée à 7h15. Que s'est-il passé ? Julian se pose encore la question. Sans doute le ragage a-t-il eu raison des 3 amarres ? Le mystère reste entier. Julian ne retrouvera pas l'étrave de son bateau, ni les taquets, ni les amarres… A 8h00, le voilier a été aperçu devant la plage de Tregana. A 9h30, Border-Line touche les cailloux 1 mille plus loin. Prévenue, la SNSM arrive sur place à 10h30, mais il est trop tard pour intervenir. A 12h30, il ne reste que des miettes du Melody…
Assuré au tiers, Julian prévient son assureur. Mais celui-ci apprenant que Julian vit à bord, une situation qui n'est pas incluse dans le contrat, se désolidarise totalement du sinistre. Il ne prend même pas en charge la dépollution ! Sommé par les Affaires Maritimes, Julian doit donc s'attaquer à nettoyer le site. Dans ce bateau, il a toute sa vie : son matériel d'escalade, ses affaires personnelles et tout l'équipement d'un voilier armé pour la haute mer.
Aidé par des amis, il va faire remonter la falaise aux morceaux de mât, au mouillage, à des pièces d'accastillage et à tout ce qu'il peut ramasser. La mer hélas a pris son dû. Aujourd'hui, il ne reste sur ce rocher que le moteur et la quille.
Reste maintenant à Julian à se reconstruire. Des 23 000 euros estimés de son voilier, il ne lui reste rien. Des amis ont mis en place une cagnotte pour l'aider à recréer un nouveau projet.