Comment transformer un frêle voilier transportable en un véritable petit croiseur hauturier ? Quel matériel embarquer avant un voyage de plusieurs mois à bord d'un bateau conçu pour des escapades de quelques jours ? Comment occuper au mieux cette poignée de mètres carrés en garantissant un niveau de confort et de sécurité optimale en vue d'affronter les rudes conditions de l'océan ? Nous avons eu un an pour soupeser toutes ces questions et préparer notre brave Nordkyn, un Etap 23 de 1986, à sa nouvelle aventure censée le mener par-delà le Golfe de Gascogne, jusqu'aux îles de Madère, des Canaries et pourquoi pas du Cap Vert.
Le choix du régulateur d'allure
Etant donnés ses voyages passés dans les mers du Nord (Ecosse, Spitzberg…), notre monture avait déjà été passablement bien équipée par ses anciens propriétaires. Nous disposions déjà à bord d'un pilote automatique électrique, d'un récepteur BLU ou encore d'un AIS. Le jeu de voiles était quasi-neuf, comme les haubans et l'enrouleur tandis que dans le puits du moteur, l'antique deux temps Yamaha, avait laissé sa place à un quatre temps relativement récent.
Dans les mois précédant notre départ, nous nous sommes donc employés à peaufiner cet équipement. En plus du pilote automatique, nous avons très vite compris l'intérêt du régulateur d'allure. En cas de panne électrique, celui-ci nous offre l'assurance de disposer d'une solution sûre pour faire route sans avoir à barrer 24 heures sur 24. Cependant, très peu de modèles sont adaptés à l'installation sur un petit bateau. Après plusieurs mois de veille sur les sites de petites annonces, nous sommes parvenus à faire l'acquisition d'un indéboulonnable Navik Plastimo et en quelques bricolages, celui-ci a trouvé sa place sur le tableau arrière.
Un gréement modifié pour le gros temps
Le bon sens nous imposait également d'adapter notre gréement aux conditions que nous risquions de rencontrer en haute mer. Outre l'installation d'un étai largable sur lequel nous pouvons envoyer un petit tourmentin, une troisième bande de ris a été ajoutée à la grand-voile. Nous espérons franchement en limiter l'usage autant que possible, notre stratégie étant d'éviter le mauvais temps en choisissant méticuleusement nos fenêtres météo. En tout cas, nous serons parés si l'occasion devait se présenter. Côté sécurité, il va de soi que nous embarquons tout le matériel réglementaire pour de telles traversées. Malgré sa réputation d'insubmersible, nous avons donc fait le choix de doter notre Etap d'un radeau de survie en prenant soin de choisir le modèle le plus compact possible. Celui-ci a trouvé sa place sous le hale-bas de bôme, tandis que l'annexe gonflable occupe la plage avant.
Peu de besoins en électricité
Nous n'embarquons pas moins de trois GPS, dont une tablette et un portable étanches. Sans oublier le Garmin In reach qui nous permettra, à peu de frais, d'échanger par messages via le réseau satellite avec trois copains et copines ayant accepté de jouer les routeurs à terre. Avec la BLU, nous avons donc plus d'une corde à notre arc pour consulter la météo une fois au large. Enfin, grâce au régulateur d'allure et en l'absence d'appareils gourmands en électricité, un simple panneau solaire de 50 watts fixé sur le balcon arrière nous assure une totale autonomie en énergie.
Des astuces pour optimiser le confort
En matière de confort, nous avons tout fait pour créer un maximum de rangements en occupant notamment les places disponibles sur les cloisons de la cabine. Si les aménagements de l'Etap 23 sont déjà bien conçus à l'origine, l'objectif était d'user de petites astuces pour améliorer la chose. Par exemple, la table qui s'installe à la fois dans le cockpit et dans le carré a été sciée en deux parties et dotée de charnières. Nous pouvons ainsi la replier afin de libérer de l'espace lorsque nous la mettons en place. Enfin, après plusieurs expériences gastronomiques malheureuses dans des mers formées, nous avons fait l'acquisition d'une cocotte-minute. Celle-ci nous permet désormais de gâter nos estomacs plutôt que le plancher de la cabine.