Plus de 900 km à parcourir
Un rapide oeil sur la carte des Voies Navigables de France (VNF qui gère le réseau fluvial en France) montre une belle route qui descend par la Saône, rejoint le Rhône à Lyon avant de s'offrir la Méditerranée pour enfin entrer sur le Canal du Midi et finir à Toulouse. Une belle virée de plus de 900 km et plus de 80 écluses…
Naviguer sur le Rhône
Si le capitaine a un peu d'expérience en fluvial, emprunter un grand fleuve comme le Rhône a été une première pour nous. Finalement, la navigation s'est bien déroulée. En effet, avec 2 x 73 ch, nous avions suffisamment de puissance pour rester toujours manœuvrant. C'est important, car sur le Rhône, le courant se situe entre 3 et 5 km/h. Il faut donc être capable de le remonter ou même de garder de la vitesse quand il forme quelques tourbillons. C'est souvent le cas en sortie des écluses et au pied des barrages.
Sur le Rhône, la navigation est assez simple. Il faut surtout bien respecter le balisage. De nombreuses perches rouges et vertes sont régulièrement implantées. Ce balisage est identique à celui des entrées de port en mer. On laisse les rouges à bâbord quand on remonte le fleuve.
Place aux plus gros
La particularité de ce grand fleuve reste le trafic. Ici, on croise de gros bateaux. Ceux-ci sont prioritaires. Un peu comme en mer quand on croise un cargo, il faut s'écarter de sa route et le laisser passer. Du coup, la navigation se fait toujours en jetant un œil par-derrière. En effet, ces convois vont souvent plus vite que vous et vous rattrapent. Heureusement, nous calons moins qu'eux et pouvons longer le chenal en leur laissant le milieu disponible.
Des écluses impressionnantes mais faciles à passer
On pourrait s'inquiéter des écluses du Rhône. En effet (même si l'on n'en compte que 14), elles sont impressionnantes par leurs dimensions. Elles peuvent accueillir des convois de près de 200 m (les écluses font 190 mètres de long pour 12 mètres de large). Mais surtout elles offrent un dénivelé qui donne le vertige. La plus grande, à Bollène, va nous faire descendre de 22,50 m… En fait, la manœuvre est simple. Il faut s'annoncer à la VHF à l'éclusier et s'amarrer dans l'écluse quand le feu est au vert. L'amarrage se fait sur des bollards flottants, c'est-à-dire qu'ils vont descendre avec vous sans que vous ayez à suivre le réglage des amarres. Une fois amarré, il ne reste qu'à attendre l'ouverture des portes opposées pour sortir. Question réglementation, le port du gilet est obligatoire pour toute personne qui se trouve sur le pont dans l'écluse.
Des mouillages comme en mer
La bonne surprise de cette navigation a été de découvrir que l'on pouvait mouiller l'ancre sur un fleuve. Plusieurs fois, pour l'escale du soir, nous avons choisi de remonter un bras mort du fleuve pour nous mouiller tranquillement près d'une rive. Ici, pas de trafic, pas de vague, que le silence de la nature et le chant des oiseaux. On mouille dans quelques mètres d'eau et le bateau se place face au courant sans trop tirer sur le mouillage.
Sinon, quelques ports et quelques haltes sont accessibles avec plus ou moins de services disponibles. Suivant l'offre (électricité, eau, sanitaires…), le prix de nos nuits au port a varié entre 6 € et 20 € (pour notre bateau de moins de 10 m). À chaque fois, nous avons été bien reçus, avec toujours un accueil des occupants des bateaux voisins qui venaient prendre nos amarres. C'est un fait à signaler car cette convivialité va totalement disparaitre sur le Canal du Midi.
Une bonne autonomie en gasoil
L'autre bonne surprise, c'est la consommation du bateau. Certes, nous sommes aidés par le courant qui nous entraine vers la mer. Mais en naviguant sur un seul moteur à 1200 tr/mn, nous naviguons à 12 km/h sur le fond. Ce n'est pas énorme puisque la limitation m'autorise à pousser largement au-delà (30 km/h), mais à ce rythme, nous consommons très peu (moins de 4 l/h). Si la navigation sur un seul moteur ne pose pas de problème en ligne droite, pour les manœuvres (écluses, ports…), nous devons démarrer le second pour maitriser.
Participation à la mécanique obligatoire
Cette descente du Rhône sera marquée par une succession d'ouverture de la cale moteur pour corriger les petits défauts de "vétusté". Le bateau sur lequel nous naviguons affiche presque 50 ans au compteur et surtout n'a pas navigué depuis 4 ans. Cela se ressent, avec des durites d'alimentation de gasoil qui sont légèrement poreuses, avec un démarreur qui se dévisse avec les vibrations et quelques autres petites bricoles. Du coup, le bleu de mécanicien est souvent sorti et nous devons avouer que le réamorçage gasoil du Perkins 4.236 n'a plus beaucoup de secrets pour nous. Nous nous attendions à devoir à intervenir (sans doute pas autant) donc ce ne fut pas une surprise.
Cette descente de la Saône et du Rhône nous aura finalement pris 10 jours au bout desquels nous pointons enfin notre étrave en mer.
La suite au prochain épisode…