Apivia, Charal, Malizia… en IMOCA, Lamotte - Module Création en Class40… Depuis quelques années, les bateaux de course – que ce soit en IMOCA, en Class40 et peut être bientôt en Mini 6.50 – se dotent d'étrave spatulée. Si certains naissent directement avec cette caractéristique – comme ce sera le cas de Charal 2, plan Manuard – il s'agit avant tout d'une modification d'étrave apportée sur des bateaux existants.
"Il s'agit de remettre à jour des carènes plus anciennes. C'est pas mal utilisé en IMOCA, en Class40. Et je vais sans doute le travailler pour la Mini Transat. Jusqu'à présent, cette modification était appliquée sur des bateaux existants qui pour améliorer le comportement des bateaux pointus. Sur un nouveau design, on voit les choses de façon plus globales. Mais ça peut aussi être de naissance, comme Charal 2.
De la même manière, Maxime Sorel qui crée un sistership d'Apivia, aura certainement une étrave spatulée. Mais malgré tout ça reste une modification d'un bateau existant."
Quel est l'avantage d'une étrave spatulée ?
"Le spatulage d'étrave présente un intérêt pour tous les bateaux rapides, mais pas seulement à foils. Le Class40 de Luke Berry (Lamotte – Module Création) qui vient de terminer 2e de la Normandy Channel Race possède aussi une étrave spatulée. C'est un bateau sur lequel on a beaucoup de recul. On a pu y voir un gain assez intéressant, notamment au portant, quand le bateau rattrape les vagues. Ça présente un vrai intérêt en améliorant la performance par mer formée au portant. C'est valable pour n'importe quel bateau de course à l'architecture classique. Ça permet de rebooster le gain des bateaux" explique Sam Manuard.
Si le spatulage d'étrave permet de gagner en performance au portant, il améliore également la vitesse moyenne du bateau, mais aussi le confort à bord.
"L'étrave spatulée réduit l'enfournement. Et lorsque l'on enfourne moins, il y a moins de coups de frein. Le bateau ne va pas vraiment plus vite, mais il ralentit moins. Il a donc des vitesses moyennes qui sont meilleures. Il est vraiment là le gain : avoir des vitesses plus constantes, réduire les coups de frein. Ce qui réduit le stress à bord. On navigue plus sereinement. Ça mouille moins aussi. Cela permet d'aller vers un peu plus de confort, et donc plus de performance. On s'épuise moins, on pousse moins. Tout ça participe à avoir des vitesses moyennes qui sont supérieures."
Si l'étrave spatulée améliore donc les performances au portant, elle s'avère moins à l'aise au près.
"Il y a une toute petite pénalité dans le petit temps au près mais le gain dans les mers formées présente un avantage bien plus important et finalement c'est un bilan très positif."
Comment fonctionne t-il ?
L'étrave spatulée a le même fonctionnement qu'une spatule de ski ou qu'une luge, qui permettent de ne pas s'enfoncer dans la poudreuse, mais de rester à la surface.
"C'est le même principe. La surface spatulée à l'avant génère un appui hydrodynamique. Ça fonctionne comme une petite surface qui va aider le bateau à se relever. On crée du lift avec la vitesse."
Pourrait-on imaginer ce concept sur un bateau de croisière ?
"C'est sur les bateaux de course que l'on cherche la limite d'utilisation au portant. En croisière, on cherche un compromis, le confort et la vitesse. En course on ne cherche que la performance. Du coup il faut trouver les moyens pour pallier le fait qu'au portant le bateau va trouver sa limite et commencer à enfourner."
Et par rapport au scow ?
Si l'idée de base du spatulage d'étrave est équivalente à celle du scow, les deux conceptions n'ont pas les mêmes effets.
"Le scow, en plus de l'étrave spatulée et aussi très large sur le quart ou le tiers avant du bateau. Il cumule les effets. Ce qui n'est pas le cas sur des bateaux pointus spatulés. L'Occitane est le premier IMOCA à être un scow à l'étrave spatulée.