Si vous prenez l'histoire en cours de route, Marc est un marin qui s'est fixé comme objectif de relier l'Inde avec son First Class 8. Ce petit voilier prévu pour régater en baie en équipage autour de 3 bouées n'est pas vraiment pensé pour la navigation hauturière. Après ses préparatifs et une première descente de la Méditerranée, Marc a rejoint la Grèce et la Crête.
Des pièces de rechange qui n'arrive pas
Nous avons laissé Marc en Crète. Il est arrivé à La Canée avec un pilote automatique cassé. Il est donc resté dans ce port pendant 15 jours espérant l'envoi d'une pièce de rechange. Tout se goupillait bien : Le SAV de Raymarine a réagi très rapidement travaillant de concert avec le revendeur à Marseille. Puis les pièces ont été envoyées via UPS direction la Grèce. Hélas un grain de sable est venu se mettre dans les rouages et le colis s'est retrouvé bloqué à Athènes… Malgré les demandes pressantes et insistantes de Marc auprès de UPS, le colis a finalement été renvoyé à son expéditeur en France. Et Marc de se retrouver sans pilote.
Un collage fibré pour réparation
C'est la pièce en bout de vérin qui tient l'ergot du pied de pilote qui a cassé. Si le vérin est en métal, cette pièce est en matière plastique. Du coup, Marc a sorti la résine et la fibre et a réparé au mieux cette pièce. Ne touchant pas à la partie métal du vérin, il garde toujours la possibilité de revisser une nouvelle pièce… si celle-ci arrive.
Une météo très favorable
C'est donc avec ce pilote bricolé, en qui il a toute confiance, que Marc a pris la mer vendredi 11 septembre 2020. La fenêtre météo lui promet 15 jours de vent portant pas trop fort (15 à 20 nœuds) et une mer belle. De quoi voir venir sereinement les 500 milles à réaliser pour rejoindre Port-Saïd en Égypte, l'entrée du canal de Suez.
Le génois utilisé comme un gennaker
Au portant, Marc utilise son grand génois. Mais plutôt que de le brider avec une écoute sur le rail, il l'utilise comme un gennaker en lui ajoutant une écoute qui vient se reprendre tout à l'arrière sur les poulies de spi. Le point d'écoute monte plus haut et le génois ne se dégonfle pas. Au besoin, un barber vient un peu limiter les mouvements. D'autant plus que Marc affale totalement la grand-voile. La bôme ainsi libérée, il peut même gréer un taud de soleil, bien utile en cette fin d'été dans cette partie Est de la Méditerranée.
Ainsi toilé, le first Class 8 affiche 100 milles par 24h au loch. Tout cela sans fatiguer son équipage qui peut se laisser porter à cette allure très confortable. Ce trajet, avec cette météo idyllique sera bouclé en 6 jours et c'est le jeudi 17 septembre au matin, que Marc pointe son étrave devant Port-Saïd.
Trafic très dense devant l'entrée du canal
Mais avant de franchir les jetées, la dernière journée a été un peu pénible. En effet, le trafic commercial qui se concentre à l'entrée du Canal de Suez lui a demandé toute son attention. Un oeil sur l'AIS, l'autre sur la carte, Marc a cherché à comprendre quelles routes empruntaient les cargos, souhaitant les éviter au maximum. Ainsi il est venu très près de la côte, là où les sondes sont inférieures à 15 m, des zones qu'évitent naturellement les tankers.
Après une nuit à la cape pour se reposer et arriver frais le matin, il s'est présenté, tel un super pétrolier, s'annonçant à la VHF à l'entrée du port. Un bateau-pilote est immédiatement venu à sa rencontre et l'a guidé vers "une marina" privée. A l'abri, il peut se reposer, profiter de la douche d'eau douce ("1ère douche et rasage avec autre chose que de l'eau de mer depuis le 11 juillet aux Saintes Maries de la Mer, ça fait du bien !") Même s'il ajoute : "L'amarrage des voiliers de plaisance c'est pas encore ça. Entre la marée et les vagues des tankers et des pilotes de ports, les coques des voiliers ne sont pas à l'abri amarré le long d'un quai en béton. Pour mon Class 8 de 1983 je dois surveiller l'amarrage en permanence. Mais je ne mettrais pas une belle unité toute neuve à cet endroit là !" Même s'il ajoute, "la marina" en reconstruction est 100% ouverte sur le trafic du canal 24h/24. Par contre ce qu'ils font au niveau de la reconstruction est super sympa. Je m'attendais franchement à pire. Toute la marina est en travaux de reconstruction, certains endroits en marbre sont magnifiques et il y des sanitaires et des douches. Ça va être super bien une fois les travaux terminés. Et au niveau administratif ils sont au top."
En transit Marc n'a pas le droit de quitter la marina. Pas de visite touristique de prévu, mais un parcours administratif (agent, police, douane, médecin…) pour se mettre en règle avant de se lancer dans le canal…