Sous un voilier, les œuvres vives peuvent être très variées. Les formes dépendent avant tout du programme du bateau. En effet, la quille sert de plan antidérive pour la marche du bateau sous voiles et de lest pour sa stabilité. Plus un voilier sera raide, plus il sera performant. La raideur passe notamment par la position du centre de gravité, la répartition des poids. Plus on fait descendre les poids vers le bas, et plus le voilier peut porter de la toile et gagner en vitesse. C'est pourquoi une quille profonde avec un lest tout au bout est préférable.
Le choix d'un appendice va donc influencer les qualités marines de votre voilier. Mais comme un voilier reste avant tout un ensemble de compromis, il peut être utile d'aménager la forme de la quille pour diminuer le tirant d'eau ou bien encore pour faciliter le transport.
La quille longue
Avant l'apparition de la quille droite, les formes de voiliers de plaisance issues du monde des voiliers de travail possédaient une quille longue. C'était lié aux matériaux de construction, à la méthode de construction et de mise à l'eau qui ne laissaient pas beaucoup d'autres possibilités. Le safran n'est pas suspendu, mais se retrouve dans le prolongement de la quille. Souvent le lest rapporté en pied de quille est particulièrement bien disposé pour obtenir un parfait centre de gravité bien bas.
La quille droite
Avec l'apparition de la fonte ou du plomb moulés, les constructeurs ont pu rajouter la quille en dessous du voilier en fin de construction. La quille a pu alors s'affiner pour offrir une meilleure pénétration dans l'eau. Les quilles droites en fonte sont les plus courantes sur les voiliers de série, car les moins couteuses à fabriquer.
Pour baisser le centre de gravité, on a vu apparaître des "pieds d'éléphant" en bas de la quille. En ajoutant de la masse en bas de la quille, l'architecte descend le centre de gravité.
Pour leur bateau, les chantiers proposent en général plusieurs tirants d'eau. Un tirant d'eau standard, un tirant d'eau long pour plus de performance et un tirant d'eau court pour rentrer dans certains ports. À chaque fois, en changeant de quille, l'architecte est obligé d'en faire varier son poids : moins lourd avec une quille profonde et plus lourd pour une quille courte.
La quille en L
Pour toujours plus de performance, le voile de quille s'amincit et le lest est reporté en pied de quille sous forme d'un bulbe. Pour éviter que les algues ne se bloquent dans la quille (comme c'est le cas sur les quilles en T), celle-ci est en forme de L. Les quilles en L sont un peu moins efficaces hydrodynamiquement que les quilles en T
La quille en T
C'est la quille du voilier de régate par excellence. Tout le poids se trouve dans une torpille qui est installée sous le voile de quille. Ce dernier est réduit à sa plus simple expression pour freiner au minimum. La forme de torpille constitue le meilleur profil pour offrir la meilleure pénétration dans l'eau.
La quille relevable basculante
Comment concilier un voilier très raide à la toile donc avec un centre de gravité très profond, et un voilier dont le tirant d'eau lui permet de naviguer dans les eaux peu profondes ? Tout simplement en relevant la quille quand on approche de la terre ! Pour cela les chantiers proposent des quilles basculantes. La quille relevable qui bascule assure une sécurité en cas de talonnage (elle se relève), elle est aussi couteuse et difficile à mettre au point.
La quille relevable sabre
La quille relevable sabre est l'alternative à la quille basculante. Elle permet de réduire le tirant d'eau tout en étant plus facile à mettre au point. Mais elle comporte deux gros inconvénients. Elle demande un puits de quille qui traverse le bateau en son milieu (très gênant sur un petit bateau), mais surtout reste très fragile face à un talonnage. On retrouve souvent ce type d'appendice sur les très gros yachts pour qui un puits de dérive s'intègre facilement dans les aménagements.
Le biquille
Le biquille est adopté par les architectes pour réduire le tirant d'eau en multipliant par deux le lest. En pouvant aussi s'échouer sur ses deux quilles, le biquille a la faveur des navigateurs des eaux à marées. Très prisé des anglais, le biquille avait une image de voiliers peu performants. Les Biloup en étaient la meilleure image. Mais des architectes comme Marc Lombard ont mis un coup de jeune à ce concept avec des quilles très étroites et très fines. Fora Marine avec la gamme RM a démocratisé ce nouveau type de biquille.
Le dériveur intégral
Le dériveur intégral possède une dérive qui s'escamote totalement dans la coque. Avec un tirant d'eau ridicule, c'est le voilier de grand voyage par excellence qui peut se faufiler dans très peu d'eau. Les voiliers en aluminium type Ovni ont basé leur réputation sur ce type d'appendice.
Mais les dériveurs doivent avoir un puits de dérive que l'on retrouve immanquablement au milieu du carré. En plus, la dérive ne sert pas de lest (sinon ce serait une quille…). Le lest est donc réparti dans les fonds de la coque, engendrant un centre de gravité très haut. Pour conserver de la raideur, il faut donc beaucoup de lest. Les dériveurs intégraux ne peuvent pas être des bateaux performants.
Le dériveur avec saumon
Sur ces voiliers, le lest est dans le saumon (ou aileron). La dérive pivotante s'escamote à l'intérieur de cet aileron qui reste proéminent sous la coque. Cela permet de diminuer le tirant d'eau sans que les aménagements soient gênés par un puits de dérive encombrant au centre du carré. En plus l'aileron étant lesté, il faut moins de lest que sur un dériver lesté. Ce type d'appendice est souvent proposé par les chantiers qui peuvent offrir une version dériveur sans modifier les aménagements de leur bateau. Jeanneau et Bénéteau proposent souvent une version dériveur avec saumon sur leur voilier de croisière de petite taille.
home - concept.pg - design naval