En septembre 2018, nous avions rencontré Jean-Jacques, ancien militaire et surtout sportif de haut niveau. Chez lui, sur le Bassin d'Arcachon, il peaufinait la préparation de son embarcation : un tonneau de 3 mètres de long pour un diamètre maximum de 2,10 m – contre 1,70 m aux extrémités.
Inspiré par Alain Bombard, le marin s'est fixé un objectif : traverser l'Atlantique à la dérive, simplement poussé par le vent et le courant. Pas de voile, pas de moteur, pas même de safran. Afin d'éviter un insupportable roulis, le tonneau réalisé en contre-plaqué époxy à bouchains, présente un semblant de plat qui fait office de carène. Et deux ailerons latéraux, associés à un profond skeg arrière, permettent à l'embarcation de rester en ligne – et non pas travers aux vagues.
Départ le 26 décembre 2018 d'El Hiero, Canaries
La transat prévue se cale logiquement sur un parcours bien balayé par les alizés. Jean-Jacques a donc choisi l'île canarienne El Hiero – la mieux dégagée afin d'éviter de s'échouer prématurément sur une autre île de l'archipel. Ce n'est pas en container, comme initialement imaginé, que le tonneau a rejoint son port de départ mais par la route jusqu'à Cadix puis en ferry, via Tenerife.
Le départ, prévu initialement le 23 décembre 2018, a été repoussé au 26 afin de bénéficier de vents optimum de secteur Est-Nord-Est. Le tonneau, remorqué quelques milles au large du port, a pu démarrer sa longe dérive vers les Antilles.
Sa trajectoire ne sera pas forcément rectiligne – le 29 décembre 2018, le cap a brutalement changé, en direction du Sahara occidental… Où sera l'atterrissage aux Caraïbes ? "Peut-être la Barbade, mais j'aimerais bien une île française comme la Martinique ou la Guadeloupe. Ce serait plus facile pour les papiers, et pour ramener le tonneau".
Cellule de vie ou de survie ?
Le tonneau de Jean-Jacques a été minutieusement étudié pour permettre au marin de vivre dans de bonnes conditions pendant plus de dix semaines : dans ses 10m3, l'embarcation présente une cuisine, un coin navigation, une zone de stockage et un couchage. Dans les fonds, un hublot pour voir les poissons. Une écoutille au somment du tonneau et une petite plate-forme arrière – reliée par une échelle - permettent à Jean-Jacques de prendre l'air par beau temps et surtout de se baigner – s'il n'y a pas de requins…
Notre naufragé volontaire bis repetita sera tout de même mieux lotti que Bombard puisque Jean-Jacques dispose de l'électricité et de vivres. "J'ai emmené un petit Sauternes et du foie gras", se régale d'avance l'aventurier. Pour son anniversaire, le 14 janvier, Jean-Jacques a prévu du Saint-Emilion…
Pour suivre la progression de Jean-Jacques et son tonneau :