Traverser l'Atlantique : nous en rêvons tous ou presque, sans forcément oser se lancer. Les rallyes, comme l'ARC dont nous avons suivi le départ à Las Palmas, peuvent vous aider à franchir le pas. En flottille, vous serez en effet en bien meilleure sécurité en cas de pépin sérieux. Et vous vous ferez des copains pour la suite… et peut-être pour la vie !
Obligé de dédoubler la flotte
Ce rallye, dont c'est la 32ème édition, se pose comme le leader incontesté : face à l'ARC, de nombreux organisateurs – RIDS et Atlantic/Carribean Odyssey - montent (ou remonte, pour Jimmy Cornell) des projets similaires mais rassemblent seulement une quinzaine de voiliers. L'ARC, lui, est victime de son succès ! Les organisateurs, faute de place dans la marina de Las Palmas, ont dû se résoudre à organiser deux épreuves distinctes…
La première, l'ARC +, comptait 69 participants – contre 54 l'an passé, lesquels ont quitté Las Palmas le 5 novembre, cap sur Mindelo, au Cap Vert, pour un nouveau départ vers Sainte Lucie le 19 novembre, au même moment que l'ARC "canal historique".
186 voiliers et 3 catégories
L'ARC 2017 rassemblait 186 voiliers de 27 nationalités différentes, répartis en plusieurs catégories. Les 27 régatiers purs n'ont pas droit d'utiliser le moteur. Les autres – 129 monocoques et 30 multicoques, dont un magnifique trimaran, un Rapido - le peuvent. Une savante formule permet néanmoins de classer les "croiseurs", tenus de communiquer – sans tricher s'il vous plait ! - leur temps de moteur quotidien.
Le gros des troupes est constitué d'anglais (57 bateaux), d'Allemands (27 unités) et de Norvégiens – ils sont 18. Les français sont bien présents cette année avec 16 participants, contre 7 seulement l'an passé.
Une organisation stricte sur la sécurité
L'ARC exige un équipement de sécurité très complet. Chaque bateau doit être en mesure de donner sa position tous les jours et avant le départ, les organisateurs passent en revue tous les voiliers. Balises, gilets auto-gonflants, lignes de vie : le poste sécurité est passé au crible. Des contraintes, certes, mais une incroyable ambiance assurée par 1 008 marins de 40 nationalités différentes dans une marina. Entre avitaillements gargantuesques et bricolages de dernière minute, le spectacle mérite d'être vécu.
Des enfants de toutes nationalités
Et les enfants ? Ils sont 20, et déambulent en grappes, à pied ou à vélo et s'invitent à dormir sur leurs bateaux, même s'ils ne parlent pas la même langue ! Les organisateurs, entre grandes fêtes en plein air et feu d'artifice, leur proposent même des activités comme des régates en Optimist.
Soyons francs : si vous recherchez la solitude et la tranquillité, ce rallye n'est pas pour vous. Contentez-vous du mouillage, moins pratique et gratuit, situé juste au nord du port. Mais pour les autres, désireux de partager l'aventure que représente une transat, les prestations offertes sont particulièrement intéressantes : épreuve de ralliement à Lagos (Portugal), possibilité d'amarrage à la marina de Las Palmas - la plupart des bateaux arrivent début octobre et certains même en août -, rallye retour vers l'Europe ou tour du monde, l'ARC peut répondre à tous les programmes. Idéal pour ceux qui souhaitent naviguer sans se prendre la tête.
Question budget
Parlons gros sous. En moyenne, une inscription à l'ARC coûte 1 500 euros. Ces frais importants sont en partie amortis par les tarifs portuaires, plus avantageux. Mais l'argument choc des rallyes, c'est bien la sécurité. Les organisateurs, en contact quotidien avec tous les skippers, sont à même de faire intervenir un voilier tout proche en cas de naufrage, démâtage ou bris de safran.
Un départ tranquille
L'impressionnante flotte, diminuée de seulement quatre voiliers qui ont déclarés forfait, a pris le départ comme prévu le 19 novembre 2017. Malgré un alizé une peu timide établi à 10 nœuds, les voiliers sous spi se sont vite éparpillés sur l'horizon. La présence d'une longue dorsale anticyclonique, pile sur la route, impose aux skippers un choix sans tarder, faute d'être encalminés : la route Nord, plus rapide mais certainement musclée – vents de 45 nœuds attendus pendant quelques heures, et au près -, ou la route très Sud, bien plus calme, mais… bien plus longue !
L'ARC en chiffres
- 18 à 21 jours : c'est le temps moyen qu'il faudra pour couvrir les 2 700 milles du parcours.
- 190 voiliers sont inscrits. 4 n'ont pas pris le départ en raison de problèmes techniques.
- 1 008 membres d'équipages, dont 20 enfants. 18% sont des femmes, dont 8 skippers.
- 9,14 m, c'est la taille du plus petit voilier, le Pogo 30, Avel Biz mené par Pierre‐Yves Luxey. Tous deux ont déjà participé à l'ARC en 2013.
- Le plus grand voilier est Farfalla, un yacht de charter de luxe de 31,7 mètres.
- La longueur moyenne des bateaux est de 15,29 m, contre 14,30 m en 2008.
- 12 ans : c'est la moyenne d'âge des voiliers de la flotte – elle était de 11 ans en 2016.
- 16 unités sont des Bénéteau. Le chantier vendéen est le plus représenté.
- 30 multicoques sont inscrits, contre 15 en 2008 et 20 l'an passé. Les plus représentés sont les Lagoon, avec 10 unités.