Un rallye pour traverser l'Atlantique
L'ARC, vous connaissez ? Sans doute pas, si on en juge par la faible participation française. Cet incroyable Atlantic Rally for Cruiser connaît pourtant un tel succès depuis 31 ans que les organisateurs, faute de place dans la marina de Las Palmas, ont dû se résoudre à organiser deux épreuves distinctes… La première, l'ARC +, comptait 71 participants – contre 54 l'an passé, lesquels ont quitté Las Palmas le 6 novembre, cap sur Mindelo, au Cap-Vert, pour un nouveau départ vers Sain Lucie le 16 novembre. Quant à l'ARC "canal historique", il rassemblait 216 bateaux de 31 nationalités différentes, répartis en plusieurs catégories.
Chaque année, plus de 1 000 voiliers font escale à Gran Canaria. La plupart relâchent à Las Palmas, grande ville de près de 400 000 habitants. Parmi eux, les participants de l'ARC représentent donc un quart des grands voyageurs…
Une course où le moteur est autorisé
Les 35 régatiers purs n'ont pas droit d'utiliser le moteur. Les autres y ont le droit – près de 160 monocoques et 29 multicoques (20 l'an passé…), dont un trimaran, Juniper, gréé en ketch. Une savante formule permet néanmoins de classer les "croiseurs", tenus de communiquer – sans tricher s'il vous plait ! - leur temps de moteur quotidien. Le gros des troupes est constitué d'Anglais (67 bateaux), d'Allemands (29 unités) et de Norvégiens (16 voiliers). Les Français, seulement représentés par 7 voiliers, se font donc bien discrets avec nos amis belges (4 bateaux).
Pas de concession sur la sécurité
Pourtant, nous avons bien eu nos rallyes, nous aussi ! On se souvient bien sûr de la Transat des Alizés et celle des Passionnés. Et de nouveaux rallyes, comme celui qu'organise l'équipe du Grand Pavois, sont sur les rails. Trois raisons peuvent expliquer cette relative désaffection. Tout d'abord, la barrière de la langue ne doit pas être négligée : si vous ne parlez pas un mot d'anglais, il vous sera difficile de vous lier aux autres équipages. Ensuite, l'ARC exige un équipement de sécurité très complet. Chaque bateau doit être en mesure de donner sa position tous les jours et avant le départ, les organisateurs passent en revue tous les voiliers. Balises, gilets autogonflants, lignes de vie : le poste sécurité est passé au crible. On connaît des skippers moins réticents que les Français aux contrôles…
Une ambiance de folie
Ajoutez pour finir l'incroyable tohu-bohu que représentent 1 265 marins dans une marina, et vous comprendrez pourquoi l'ARC ne séduit pas forcément les pavillons bleu-blanc-rouge. Et c'est vraiment dommage. L'ambiance sur les pontons de Las Palmas est en réalité extraordinaire. Entre avitaillements gargantuesques et bricolages de dernière minute, le spectacle mérite d'être vécu. Et les enfants ? Ils sont 23, et déambulent en grappes, à pied ou à vélo et s'invitent à dormir sur leurs bateaux, même s'ils ne parlent pas la même langue ! Les organisateurs, entre grandes fêtes en plein air et feu d'artifice, leur proposent même des activités comme des régates en Optimist.
Une organisation bien rodée
Soyons francs : si vous recherchez la solitude et la tranquillité, ce rallye n'est pas pour vous. Contentez-vous du mouillage, moins pratique et gratuit, situé juste au nord du port. Mais pour les autres, désireux de partager l'aventure que représente une transat, les prestations offertes sont particulièrement intéressantes : épreuve de ralliement à Lagos (Portugal), possibilité d'amarrage à la marina de Las Palmas - la plupart des bateaux arrivent début octobre -, rallye retour vers l'Europe ou tour du monde, l'ARC peut répondre à tous les programmes. Idéal pour ceux qui souhaitent naviguer sans se prendre la tête.
Combien ça coûte ?
Parlons gros sous. En moyenne, une inscription à l'ARC coûte 2 000 euros. Ces frais importants sont en partie amortis par les tarifs portuaires, plus avantageux. Mais l'argument-choc des rallyes, c'est bien la sécurité. Les organisateurs, en contact quotidien avec tous les skippers, sont à même de faire intervenir un voilier tout proche en cas de naufrage, démâtage ou bris de safran.
Un départ dans des conditions idéales
L'impressionnante flotte, diminuée de seulement quatre voiliers qui tentent de résoudre des problèmes techniques, a pris le départ comme prévu le 20 novembre 2016. Avec un alizé de demoiselle établi à 10/12 nœuds, les voiliers se sont vite éparpillés sur l'horizon. Le spectacle a été assuré par la division course : deux concurrents ont mordu le départ, écopant d'une pénalité de trois heures. Record à battre de l'épreuve – établi l'an dernier par le VO65 Team Brunel : 8 jours, 7 heures, 39 minutes et 30 secondes.
L'ARC en chiffres
- 18 à 21 jours : c'est le temps moyen qu'il faudra pour couvrir les 2 700 milles du parcours.
- 216 voiliers sont inscrits. 3 n'ont pas pris le départ en raison de problèmes techniques, un autre est rentré au port pour réparer son bordé abîmé lors d'un abordage, juste avant le départ.
- 1 265 membres d'équipages, dont 23 enfants. 18% sont des femmes, dont 7 skippers.
- 9,50 m, c'est la taille des deux plus petits voiliers, des Comfortina 32.
- Le plus grand voilier est Iemanja, un superyacht en aluminium dessiné par Ron Holland. Il bat pavillon mexicain.
- La longueur moyenne des bateaux est de 15,51 m contre 15,29 l'an passé et 14,30 m en 2008…
- 13 ans : c'est la moyenne d'âge des bateaux de la flotte – elle était de 11 ans l'année dernière.
- 26 unités sont des Bénéteau. Le chantier vendéen est le plus représenté.
- 30 multicoques sont inscrits, contre 15 en 2008. Les plus représentés sont les Lagoon, avec 16 unités.