Walter est un maçon. Rien ne le prédispose à naviguer, mais avec des idées soixante-huitardes, il se lance dans l'achat des plans et décide cette construction en ferro-ciment, car c'est un matériau qu'il maitrise. La coque du voilier est construite à l'envers sur un mannequin en bois. La structure en grillage est faite avec soin, aucune "écharde" métallique ne devant dépasser afin d'éviter que la partie métallique ne soit en contact avec l'eau, au risque de rouiller. Aujourd'hui ce Gribsy 36 est à vendre dans les petites annonces.
Une construction fine
L'intérêt de ce plan tient dans son relativement faible déplacement. Avec ses 8,5 tonnes, il est moins lourd que les constructions amateurs en acier de l'époque. La partie béton est finalement très fine, 13 à 14 mm pour les œuvres mortes, 14 à 16 mm sous la flottaison et 11 mm pour le pont. Le béton doit être coulé en une seule fois en partant du haut. Ce sera une nuit de travail pour tous les amis réunis. C'est un béton spécifique livré depuis la France. Ensuite, la coque recevra 6 couches de résine époxy pour l'étanchéité et la finition.
5 ans de chantier
La construction va durer 5 ans marqués par un incendie du hangar qui heureusement épargne le voilier… Pour suivre le projet de son mari, Martine va négocier des étapes, avec pour chacune la naissance d'un enfant. Ainsi l'ainé naîtra avec l'achat du moteur, un Perkins acheté en Angleterre. Ce sera la fin de la coque qui marquera la naissance du second.
Un ketch plutôt qu'un sloop
Dans sa version initiale, la version 1, le plan du Grisby 36 dessiné par Jean Fleury, le voilier est gréé en sloop. Mais Walter voulait un ketch et il va demander à l'architecte de modifier le plan de voilure en conséquence. Le plan de pont comprend alors un cockpit central et une barre à roue.
La Méditerranée pour débuter
La mise à l'eau se fera au fond du Léman à Bouveret. C'est là que le bateau sera maté pour faire ses premiers essais sous voile. Il est ensuite rechargé sur un camion pour une nouvelle mise à l'eau au Nord de Lyon. Via le Rhône, il va rejoindre la Méditerranée en 1982.
C'est alors le départ pour le grand voyage familial. Pendant 2 ans, les parents et leurs deux enfants (Olivier, 4 ans, et Vincent, 1 an) vont écumer la Méditerranée, explorant la Sardaigne, l'Italie, la Grèce et la Turquie. De retour en France, le voilier ne servira ensuite que pendant les vacances vers la Corse et la Sardaigne.
Un refit qui durera 10 ans
En 1999, Walter décide de vérifier si la structure de la coque est toujours saine. Le risque des constructions en ferro-ciment est de voir le grillage rouiller derrière le béton, la coque perdant alors toute rigidité. Son propriétaire rapatrie le voilier en Suisse et entame une restauration en profondeur. Il va démonter tous les aménagements, sabler l'intérieur et percer toute la coque à de multiples endroits. Par chaque trou, il peut inspecter la qualité du grillage. Heureusement, le voilier se révèle très sain et la coque est intacte.
Walter décide alors d'apporter des modifications au voilier. Fini le cockpit central, place à un cockpit arrière avec une barre franche. Un rouf "panoramique" va donner de la visibilité depuis l'intérieur aux nouveaux aménagements. Ce nouvel aménagement, contrairement à l'ancien, est réalisé entièrement en bois.
Ce refit qui ne devait initialement durer qu'un hiver va se prolonger pendant 10 ans ! Tout l'aménagement va être modifié. Seule la cabine avant n'a pas été touchée.
Une transat pour la version 2 du voilier
Finalement en 2009, le voilier est remis à l'eau à Port-de-Bouc et va partir pour de nouveau horizon. Il va traverser l'Atlantique l'année d'après et coule une vie paisible désormais basé en Martinique.
Hélas le temps avance et Walter vieillissant se voit contraint de vendre son voilier, aucun de ses fils n'ayant la possibilité de prendre sa relève. C'est un déchirement pour ce marin qui espère bien trouver un plaisancier qui appréciera autant que lui le Marwal et aura autant de plaisir à naviguer à son bord.
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