Jouer à cache-cache avec le courant et découvrir un mouillage des plus paisibles.
Horaires de marée et un petit vent de sud oblige, nous décidons de nous abriter alors que le courant de la fin du sound de Jura nous porte à plus de 3 noeuds. La géologie de cette région est contituée de "lignes de roches" clairement visibles sur une carte.
Les îles ont des formes plutôt allongées et des sortes de petits fjords constituent de bons abris. Sous l'eau, à plus petite échelle, un caillou est rarement isolé, cela peut former comme une barrière naturelle protégeant les plages mais en revanche, complique le mouillage. C'est ce que nous découvrons à Carsaig Bay, offrant une halte des plus paisibles.
Si le fond est constitué de sable, une forte concentration de laminaires nous fait sérieusement douter de la bonne tenue de l'ancre. De plus nous ne pouvons pas nous approcher de la jolie plage, protégée par une fameuse ligne de roches affleurantes. Par précaution, nous manoeuvrons afin d'enfouir au mieux notre pioche et ajoutons un orin.
La jetée toute en pierres au bout de la plage invite à la balade. De petits cottages bordant le chemin nous mène jusqu'au village de Tayvallish, de l'autre côté d'une sorte de fjord au fond duquel nous n'aurions pas eu le temps de nous aventurer.
Le village est lui aussi au fond d'une petite anse très protégée : on y trouve de jolis petits bateaux, un camping avec son pub au bord de l'eau et une superette. Le mouillage de Carsaig Bay donne donc accès à ce bel endroit que nous avions repéré sur la carte sans avoir le temps d'y remonter par la mer : une charmante surprise que ce lieu où le temps semble s'être arrêté.
De retour à Carsaig Bay, nous remarquons amarré sur un coffre, un navire de pêche local fonctionnant uniquement à l'énergie solaire, une démarche engagée qui attire notre attention. Malgré un petit vent de sud la nuit au mouillage sera des plus tranquilles.
Les quatres saisons à Easdale.
Nous quittons Carsaig Bay et longeons l'île de Luing pour la minuscule île d'Easdale.
L'île présente un mouillage au nord, séparer de Seil par un étroit passage. Toute la zone est une ancienne carrière d'ardoise aujourd'hui inactive. En revanche, les habitations ouvrières ont été réhabilitées en petites résidences secondaires.
L'arrivée à ce mouillage est des plus délicates : l'entrée est très étroite et les deux perches balisant l'accès sont posées sur des rochers sur lesquels la houle porte dangereusement.
Concentrés, nous retenons notre souffle le temps de prendre ce virage sur tribord. Une fois à l'intérieur, la zone est calme mais très exigue, il y a peu de marge pour y manoeuvrer avec un voilier de 14 mètres. Le fond sombre en ardoise nous motive rapidement à prendre un des coffres visiteurs (il y en a 5). C'est par un temps d'été que nous débarquons sur l'île d'Easdale pour en faire le tour à pied.
La visite en vaut l'escale ! Les maisonettes blanches sont adorables, la végétation est semie tropicale et les anciennes carrières constituent de véritables piscines pour une (fraîche) baignade.
En fin de journée, c'est par des températures printanières que nous irons dîner d'un barbecue en bord de plage, sur l'île de Seil. Des grains avec un vent soutenu sont prévus pour la nuit. Nous rentrons à bord doubler l'amarre du coffre.
Dans la nuit, c'est un coup de vent hivernale qui nous réveille, un grain plus violent que les autres et le capitaine démarre le moteur afin de soulager le coffre. En effet, si le coffre venait à défaillir, nous n'aurions que quelques secondes avant de finir sur le rocher d'une des perches d'entrée, juste derrière nous ...
La pluie diluvienne pique la surface de gouttes applatissant le plan d'eau. Les nuages bas défilent à vive allure dans un lever de soleil de fin du monde tandis que des éclairs zébrent le ciel et que le tonnerre retentit tout autour de nous, quel spectacle !
La fin de matinée voit le temps se dégager comme par magie. Nous nous aventurons à terre, côté île de Seil afin de nous dégourdir les jambes et de nous remettre de nos émotions. On se croirait maintenant en automne.
Nous avons vécu les 4 saisons dans ce mouillage que nous quittons avec la même prudence que lorsque nous y sommes rentrés.
La piscine des loutres
Nous longeons l'île de Seil émerveillés par sa végétation et le découpage de sa côte Ouest. Puilladobhrain (la piscine des loutres, en gaelique) est, paraît-il, un des mouillages les plus prisés des navigateurs locaux.
Une bonne ligne de roche ferme et protège ce mouillage par lequel nous accédons par le nord. Sur babord, De hautes falaises verdoyantes auxquelles les moutons s'accrochent en de petites tâches blanches et en face de nous, un premier îlot hébergeant un impressionnant comité d'accueil : une colonie de phoques. Ils sont une petite vingtaine à nous observer depuis leur promontoire rocheux.
Toute en longueur, l'anse est déjà occupée par quelques voiliers. Un peu à la queue leuleu, nous prenons la dernière place, proche de l'autre bout de l'îlot où séjourne la colonie de phoques.
En annexe nous accedons au fond de la zone de mouillage pour une balade "into the wild"... à notre grande surprise, un panneau indique les heures d'ouverture d'un pub ! Nous empruntons le sentier traversant l'île et arrivons au pied d'un magnifique pont en pierre enjambant le Clachan canal, un étroit bras de mer. Clachan bridge est le seul moyen de rallier l'île de Seil au rivage et permet de rejoindre la ville d'Oban en seulement 30 minutes de voiture.
Sur la droite, le long de la route se trouve le fameux pub. L'ambiance à l'intérieur est chaleureuse et il deviendra une étape incontournable pour la famille et les amis venus nous rendre visite en Ecosse. Par chance nous assistons aux concours local d'épouvantails (oui, ça existe !). Et chaque maisonnée le long de la route redouble d'inventivité afin de présenter l'épouvantail le plus original, inédit !
En fin de journée, nous regagnons le mouillage et aperçevons, au coucher du soleil deux loutres jouant dans les rochers. Elles se coulent habilement entre la rive et l'eau et réussisent à nous semer dans un tour de passe-passe. Nous retrouvons sur la berge les fameux indices confirmant leur occupation des lieux. Nous rentrons à bord, ravis par nos découvertes du jour.
Au petit matin, en allant relever le casier encore une fois plein de petits crabes, plats, poilus et inmangeables, sauf en soupe, le capitaine et la moussaillonne observent des chevreuils fuyants à travers les fougères. Ce mouillage abrité de la plupart des secteurs de vents et de la houle se trouvant à 6 bons milles d'Oban constitue une halte attrayante où la faune est riche et sauvage.
Cette fois-ci nous appareillons de Puilladobhrain pour un retour à la civilisation : une douche chaude garantie, des supermarchés pour un bon avitaillement et pour la moussaillonne, un marchand de glaces et un parc de jeux !