Un bateau fin prêt pour le tour du monde
Pour la première édition de 2018, le départ de La Longue Route se fait de manière individuelle, au départ d'un port situé au nord du 50° parallèle. Basé à Ouistreham, Pierre-André largue les amarres depuis ce port le 28 juillet, fin prêt, comme il nous l'explique : "J'avais à peu près lu tout ce qui avait été écrit sur des tours du monde entre 1930 et maintenant. Tous ces bouquins-là, crayons en main. Ma femme me disait "on dirait que tu vas passer un examen". J'avais aussi mon expérience. J'ai beaucoup navigué dans des conditions difficiles de l'Atlantique Nord. Quand j'ai vu comment VDH avait préparé son bateau sur la GGR, on avait fait les mêmes choses. J'avais aussi ajouté des cloisons étanches après mon expérience en Pogo. J'ai eu l'expérience de voir comment une vague peut remplir le bateau en une seconde. L'erreur que j'avais faite, c'était de ne pas avoir fermé le panneau de la descente. Le Contessa n'est pas insubmersible, et est très lourd. J'ai installé trois compartiments pour sécuriser le bateau au maximum. J'ai une totale confiance dans mon Contessa. Dans la première édition 2018 et sur cette édition 2024, c'est à mon avis l'un des meilleurs bateaux. Dans les hautes latitudes, on peut taper quelque chose, avoir une voie d'eau, mais le choc est quand même moindre sur nos bateaux qui naviguent à 7 nœuds maximum. Mon bateau à 50 ans, mais il n'a pas bougé sur ce tour du monde complet, il est très costaud. Sur mon premier tour du monde, je me suis fait coucher à 90°, mais le Contessa 32 a un gros couple de rappel, il se redresse. Je sais que sur ce nouveau tour du monde, je peux me faire rouler à 360°."

Un tour du monde sans moteur
Pour son premier tour du monde, Pierre-André fait un choix particulier. Celui de débarquer le moteur, comme il l'explique : "Quand je pars en mer, ça fait un peu romantique, mais c'est toujours une première fois. J'ai toujours le même plaisir et bonheur d'être sur l'eau. J'adore la voile. Pour la Longue Route j'enlève le moteur. À quoi ça sert au large ? Le moteur sert à entrer et sortir d'un port. Quand je navigue l'été, il tourne 2 heures en deux mois. Je prends mes mouillages à la voile et les quitte de la même manière. Je navigue beaucoup en Écosse et Irlande et je fais tout à la voile."
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La plus grande vigilance et prudence
S'il navigue donc exclusivement à la voile, il n'en oublie pas la vigilance nécessaire à un tour du monde en solitaire et sans escale. Il raconte : "Je fais attention. Je sais que je ne sais pas tout, que je peux me faire surprendre. J'y vais de façon prudente, même si j'ai un côté téméraire. J'ai préparé mon bateau de façon prudente. Je n'aime pas forcer sur le bateau. Je veux réduire à temps, ne pas être surtoilé... Normalement, les haubans doivent être changés tous les 15 000 milles, or on parcourt 26 000 milles. Il ne suffit pas de grand-chose pour qu'un mât tombe. Je passe beaucoup de temps à tout checker pour ne pas que ça s'abîme. C'est aussi un des plaisirs de naviguer, que de participer à tout ça."
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La sécurité, l'atout majeur de Pierre-André
Pour sa première Longue Route, Pierre-André a ajouté une bulle sur son bateau, à la place des habituelles capotes que l'on trouve sur les Contessa 32 pour voir tout en étant protégé. Il détaille : "Le Contessa est un bateau qui mouille beaucoup. Les Anglais l'appellent le "sous-marin à voile". Au lieu d'un capot à glissière, j'ai installé un capot sur charnière avec une bulle sur la descente pour voir l'extérieur. J'ai fermé les coffres de cockpit en ajoutant des planches de contreplaqué avec des trappes de visibilité pour voir ce qu'il y a dedans. Ce sont de vraies caisses étanches. "
Le navigateur a également rajouté deux cloisons étanches de 10 mm à l'avant au niveau de la soute à voile et à l'arrière. Victime d'un chavirage en 2008, l'homme reste marqué par la force d'inertie de l'eau et sa capacité à tout détruire.

Pour la sécurité, Pierre-André a installé des lignes de vie centrées sur les passavants et sur l'arrière du roof, qui glissent vers le mât comme un V. Positionnés à hauteur de main, elles assurent le marin de ne pas tomber à l'eau. Il a également installé une autre ligne de vie devant le mât, au milieu du pont. Enfin, pour le gros temps, une dernière ligne de vie est positionnée de manière transversale dans le cockpit, pour pouvoir crocher la ligne avant de sortir de la cabine.
"Mon approche c'est de compter uniquement sur soi. On est loin de tout, loin des cargos, loin des côtes. On doit essayer de faire tout par soi-même. Il faut naviguer comme si on n'avait pas de contacts avec la terre. Il faut se démerder tout seul. C'est mon premier principe de sécurité. J'ai conçu mon bateau et choisi et préparé dans cette optique-là", conclut Pierre-André.

Pierre-André boucle son premier tour du monde en 221 jours, après un passage par les trois caps, revenu en héros à Ouistreham.