Mais qui est Anatole Facon ? Ce jeune marin, né en 2000, vient de battre le record de la traversée de l'Atlantique Nord en Class40 en solitaire. Le 3 juillet 2024, il vient de franchir la ligne virtuelle entre Ouessant et le Cap Lizard 10 jours, 9 heures et 15 minutes après avoir quitté New York. Le précédent record était détenu par Eric Defert en 11 jours 11 heures 30 minutes et 58 secondes.
On attend encore l'homologation par le WSSRC, mais Anatole Facon vient de le battre de plus de 24 h ! Une prouesse pour ce très jeune marin.
Une liste d'attente qui déclenche tout
Cette aventure débute en 2022. Inscrit à la route du Rhum, il est alors sur la liste d'attente vue le trop grand nombre de participants. Cette situation le fait réfléchir. "Puisque les courses sont surpeuplées, pourquoi ne pas faire un projet avec des records ?", nous explique Anatole que nous avons en ligne alors qu'il vient juste de couper la ligne d'arrivée.
2 records prévus
Ce marin va donc tenter de s'aligner sur 2 records : celui de la transat Atlantique Nord et celui du Tour du Monde, le Jules Verne en Class40. Pour s'y préparer, il cherche un bateau performant, mais surtout marin. Il réussit à mettre la main sur le numéro 123, un proto dessiné par Botin Partners en 2013, qui a encore le nez pointu. "Je cherchais un bateau avec un grand rouf et une étrave volumineuse pour réaliser un tour du monde. Le 123 est en plus bien construit. Mon projet a démarré tard, car j'ai eu le bateau juste avant le départ de la Transat CIC et un sponsor la semaine avant le départ. Hélas rapidement après le départ, un safran s'est arraché m'obligeant à faire demi-tour pour le réparer. Mais je me suis accroché, reparti et j'ai fini cette transat 4h avant la fermeture de la ligne !"
Un faux départ pour le record
Après 10 jours de réparation et de repos, Anatole se met en stand-by à New York le 1er juin. "Battre ce record de l'Atlantique Nord est difficile. Avec un temps de parcours de 10 jours, on ne peut pas compter sur une prévision météo fiable. On part avec une vision à 5 jours et ensuite c'est un coup de poker", nous raconte le marin. "En plus, si l'on rencontre moins de vent, on n'a pas le temps de se refaire sur seulement 10 jours."
Un routage précis
Anatole est routé par Christian Dumard avec lequel il réalise 3 points par jour. Grâce à une connexion Starlink, le routeur a toutes les informations du bord en live. Il reçoit un journal de bord du logiciel Adrena toutes les minutes. Un premier départ est décidé au début juin avec une belle fenêtre. Mais la route le fait passer très près de Terre-Neuve. "Là-bas, tu rencontres des baleines, des poissons-lunes et surtout des casiers. Ce premier essai avorté, faute de bonne météo, nous a permis de déterminer une zone d'exclusion. Afin d'éviter ce type de rencontre qui n'est bon pour personne."
Le second essai sera le bon
Anatole revient à New York. Il est seul. Son équipe est déjà dans l'avion retour. Mais une nouvelle fenêtre se dessine. Ce sera la bonne. "J'ai eu une météo de rêve, une fenêtre optimale. Ce n'était pas des conditions cool, car j'ai eu 22 nœuds de vent en moyenne sur les 10 jours. J'ai fait des journées de fou avec même un record pour moi de 366 milles en 24h. J'ai toujours eu des angles de vent serré au portant sans jamais descendre trop au portant VMG. Le vent a été toujours fort, mais je n'ai pas eu à faire d'empannage, sauf le dernier jour pour passer le cap Lizard. La vie dans ces conditions est très stressante. Je passe mes journées à checker le bateau, à chercher les problèmes. À part une déchirure dans la GV, rapidement réparée, je n'ai rien cassé. Je n'ai pas eu à faire de stop pour réparer. Mais tu passes ton temps préoccupé. En effet, contrairement à une course, là tu es tout seul. C'est un peu un état de transe. Tu vis pour ton bateau qui est une sorte de prolongement de toi."
Un Jules Verne devant l'étrave
Maintenant Anatole a en ligne de mire son record autour du monde. Il est prévu qu'il se mette en stand-by à Brest le 1er novembre 2024. Il espère que son parcours va créer une dynamique dans la Class40, en donnant une nouvelle vie aux "vieux" bateaux qui peuvent encore procurer beaucoup de plaisir et de performances.