Le Tour Voile 2024 promet d'être une belle compétition, mais qui restera dans la Manche et la Mer du Nord. Avec un parcours s'étendant de Dunkerque à Saint-Cast Le Guildo, les équipages des Figaro Beneteau 3 feront face à des défis variés. Yann Eliès, directeur de course, a dessiné un tracé exigeant pour cette 45e édition.
Dunkerque en entrée
La navigation dans les eaux de la Mer du Nord et de la Manche est ardue, testant même les marins les plus chevronnés. Contrairement aux côtes bretonnes, hérissées de rochers, les bancs de sable de cette région sont mouvants et représentent des pièges redoutables. Les forts courants ajoutent une dimension cruciale à cet ensemble, tout comme le trafic maritime dense.
Jules Delpech, à bord de La Réunion, s'enthousiasme : "C'est une opportunité extraordinaire que le Tour Voile nous offre de découvrir le Nord de la France et la Belgique. Cela change vraiment de nos circuits habituels. Ces zones complexes rendront la compétition encore plus intéressante."
Le lien entre la ville de Dunkerque et le Tour Voile est tout à fait singulier. Pour Albane Dubois, skipper de Mars'elles Sailing Team, pouvoir prendre le départ dans sa ville natale est un rêve de gosse sur le point de se réaliser. "C'est une émotion particulière de s'élancer de la maison. En 2021, juste avant de partir aux Jeux Olympiques au Japon, je suis venue saluer les copains au départ du Tour Voile. C'est une étape mythique." Yann Eliès ajoute : "C'est une terre d'accueil. Ses bassins sont super sympas, car Dunkerque est un ancien port de pêche à la morue. Il y a aussi une grande tradition voile là-bas."
La Belgique à l'honneur
La première étape de ralliement, dont le départ sera donné le 29 juin, conduira les marins à Blankenberge, station balnéaire bordée d'une plage s'étirant sur près de 3 kilomètres. Une navigation le long de ce plat pays, avant d'entamer, le 2 juillet, la première épreuve de 24 heures offshore, les menant jusqu'à Dieppe.
"Les concurrents devront contourner une vaste zone interdite qui les contraindra à traverser La Manche et à s'aventurer dans le trafic maritime au large. Nous sommes dans un goulet d'étranglement avec l'un des plus gros trafics au monde à cet endroit-là", confie Yann Eliès. "Nous les cantonnerons au Nord de la France, ils repasseront donc vers Dunkerque, Calais… avant d'arriver en Normandie."
Les équipages tireront des bords le long de cette côte de craie afin d'atteindre Dieppe. "Une côte sympa. Mais par temps venteux, la mer n'est pas facile, car les vagues sont très courtes", souligne le directeur de course. Entre chaque épreuve de ralliement, des parcours côtiers viendront nourrir la compétition. "Je viens du large, je suis donc vraiment typée offshore", souligne Estelle Greck, à bord de Auray Quiberon by Orlabay, "je me suis engagée dans ce projet, car je dois progresser sur les parcours inshore."
Des étapes de ralliement de 24 heures
À chaque étape de ralliement, les concurrents s'embarqueront pour 24 heures de navigation. Ils quitteront "la ville aux quatre ports" le 5 juillet pour Deauville et son port à marée ; l'occasion pour le Tour Voile de saluer le passage de flamme devant la ligne de départ.
"Selon les conditions météo, nous tenterons de leur faire traverser La Manche jusqu'à l'île de Wight, détaille Yann Eliès. Et si cela n'est pas possible, nous essaierons lors de l'étape entre Deauville et Le Havre."
Le Havre, ville chère aux marins, aujourd'hui inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, accueillera, après Deauville, la caravane du Tour du 9 au 11 juillet, avant que celle-ci ne rejoigne Saint-Cast Le Guildo. Mais avant de connaître le podium final, les jeunes marins devront affronter les passages du Raz de Barfleur et du Raz Blanchard, comptant parmi les endroits aux courants les plus forts, les obligeant à faire de la navigation rase cailloux. "Nous connaissons un peu ces coins-là, c'est très intéressant techniquement ; et si tu arrives à passer au bon moment de la marée, tu peux prendre une avance considérable. En revanche, une mauvaise gestion peut aussi te coûter cher", relate Estelle Greck.
Cette dernière étape est emblématique et caractéristique du Tour Voile, selon le directeur de course. "C'est comme ça que je l'ai connu dans les années 2000. Ça sera du rase-côte, des cailloux, du courant, du mélodrame et du suspense", plaisante-t-il. "Et puis Saint-Cast Le Guildo, ce sont aussi des navigations vers le Cap Fréhel, cap mythique du départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe."
Une compétition ancrée dans l'avenir
Cette saison encore, les coureurs seront confrontés à une grande diversité de situations de navigation et de formats de course. Les bons coups comme les erreurs auront un impact direct sur le classement. Une compétition toujours ancrée dans la transmission intergénérationnelle et la préparation de l'avenir. "Je suis convaincu que ceux qui remporteront le Tour Voile seront les grands marins de demain", se réjouit Yann Eliès. "Ce sont ceux que nous verrons au départ des prochaines Route du Rhum ou du Vendée Globe."