Créer une course transatlantique en solitaire reliant le Vieux Continent aux États-Unis
64 ans après la première édition et huit après la dernière, The Transat CIC - initialement baptisée la Transat Anglaise - fait son retour en avril 2024 pour sa 15e édition. La course naît, en 1960, à l'initiative de deux hommes, Herbert Hasler et Francis Chichester. Le premier est un ancien des Royal Marines, héros de la 2e guerre mondiale, le second un as de l'aviation. Tous deux sont passionnés par la voile. Hasler rêve d'une course transatlantique à la voile en solitaire, d'est en ouest, reliant l'Europe aux États-Unis. Mais le projet est critiqué, considéré comme insensé.
Pourtant, grâce à l'arrivée du journal The Observer, en tant que partenaire principal, le projet voit le jour. 115 personnes se montrent intéressées par le projet, 50 dossiers sont déposés, mais seulement 5 personnes prendront le départ de Plymouth pour rejoindre New York. Cette première édition est remportée par Sir Francis Chichester sur Gispy Moth III, en 40 jours et 12 heures. Elle signe également l'avènement d'une nouvelle course en solitaire, parmi les plus difficiles, qui sera organisée tous les quatre ans.
L'entrée dans la légende de la course au large
L'édition suivante, baptisée OSTAR pour Observer Single-handed Trans-Atlantic Race, en hommage au journal qui la sponsorise, va faire naître une légende de la voile française. Pourtant, il ne s'agit pas du premier Français à participer à la course, puisqu'il a été précédé par Jean Lacombe, en 1960, sur un Cap Horn de 6,50 m dessiné par J.J. Herbulot et construit aux chantiers Jouët, qui termina 5e.
En 1964, Eric Tabarly, alors jeune officier de marine, fait construire spécialement pour la course un ketch de 13 m, Pen Duick II. Il remporte la course en seulement 27 jours et fait découvrir la course au large à la France. Quatre ans plus tard, le marin réitère l'opération et se verra même le droit de descendre les Champs-Élysées, acclamé par la foule.
Des évolutions au gré des éditions
La Transat Anglaise a changé de nom au gré de ses sponsors : Carlsberg Star en 1988, Europe 1 Star en 1992 et 1996 puis Europe 1 New Man Star en 2000, elle est rebaptisée The Transat en 2004, ou encore The Transat Bakerly en 2016. Depuis 2019, elle est sponsorisée par la banque CIC. Elle accueille également plusieurs classes selon les années, monocoques et/ou multicoques. L'édition 2024 accueillera les IMOCA et les Class40, ainsi qu'une classe Vintage. Les villes de départ et d'arrivée varieront également selon les éditions, Plymouth cédant la place à Brest en 2020, puis Lorient en 2024 et 2028, et New York se voyant préféré parfois Newport, Boston ou Charleston, selon les éditions. L'édition 2024 renouera avec la "grosse pomme".
La consécration de grands marins français
La Transat Anglaise a consacré de très nombreux marins français, parmi lesquels Yvon Fauconnier en 1984, Phillippe Poupon en 1988. Loïck Peyron remportera la course à trois reprises : 1992, 1996 et 2008. Francis Joyon sera le premier à passer sous la barre des 10 jours en 2000. Michel Desjoyeaux ajouta la course à son palmarès en 2004. En 2016, lors de la dernière édition - celle de 2020 ayant été annulée en raison du Covid - ce sont quatre vainqueurs qui ont été consacrés : François Gabart en Ultim, Gilles Lamiré en Multi50, Armel le Cléac'h en IMOCA et Thibaut Vauchel-Camus en Class40.
Un parcours nord-atlantique rude et inchangé
Si la course a donc évolué au fil de ces 60 années, le parcours, lui, reste globalement inchangé. Courue dans l'Atlantique nord, elle a la réputation d'être dure, sur le plan météo comme maritime. Comme le précise Francis Le Goff, directeur de course, il s'agit de la seule transatlantique au départ de l'hexagone à avoir une route aussi nord. Le principe est simple donc, une course en solitaire contre courants et vents dominants. Le parcours est libre, il n'y a aucun waypoint et la route la plus rapide n'est pas forcément la plus directe, comme l'explique encore une fois Francis Le Goff : "Le parcours est ouvert même si la route la plus directe fait passer par le Nord, en montant vers Terre-Neuve, mais pas forcément la plus rapide."
Sur cette édition 2024, elle proposera un parcours inédit de 3 000 milles entre Lorient et New York, ville d'arrivée de la course pour la 3e fois, après 1960 et 2016.
Les conditions rencontrées par les concurrents seront difficiles, avec du près pendant plusieurs jours et peut être un peu de portant. Rien n'est moins sûr. Ces conditions exigeantes avant un Vendée Globe sont une aubaine pour les 33 IMOCA qui partiront à l'assaut de leur tour du monde plus tard cette année. Les premiers pourraient mettre autour de 8 jours pour boucler le parcours, les 13 Class40, 5 jours de plus. La ligne d'arrivée fermera le 19 mai 2024 à 11h02 UTC.
Escales techniques et préservation des cétacés
Les escales techniques seront autorisées en accord avec la direction de course sur le lieu d'arrêt et les réparations à effectuer. Pour autant les navigateurs trouveront peu d'endroits où faire escale sur la route. Enfin, instaurées pour la première fois sur le tour du monde des Ultim en janvier 2024, des zones de protection des cétacés (ZPC) seront mises en place sur The Transat CIC.