Après 1 mois et demi de raid côtier à bord de son trimaran de 4,8 m, Violette a parcouru la Côte d'Azur, les rivages de l'Italie et la façade Est de la Corse. Elle nous décrit maintenant sa découverte de la Sardaigne et une grave avarie qui aurait pu mettre fin à son voyage.
Arrivée en Sardaigne aux prémices de l'hiver
Après avoir longé la côte Est de la Corse, Violette entame sa traversée vers la Sardaigne le 1er décembre :
"C'est reparti et ça fait du bien ! La mer m'a offert une belle journée pour compenser ces journées d'attente. Un bon vent arrière m'a poussé de Porto Vecchio jusqu'à la côte sarde. Le sud de la corse est magnifique, la roche ocre a remplacé les longues plages de sable. Je suis passé par l'île de Cavallo et l'archipel des Lavezzi, avant de traverser les bouches de Bonifacio. Bivouac sur une magnifique plage de sable au fond d'une crique sauvage ".
Mais avec le début de l'hiver, cette navigation devient difficile à vivre, surtout sur un petit bateau. Violette ne peut s'abriter que dans sa tente quand elle bivouaque. Passepartout est constamment humide, et la navigation en solitaire se joue au mental :
"Être seul, c'est un quotidien. Quand tu te lèves le matin, et que tu dois enfiler ta combinaison froide, il faut garder le mental. Je commence à naviguer un peu moins. Je passe plus de temps à l'arrêt, c'est moins la dolce vita ".
Mais la beauté des plages sardes met du baume au cœur, et Passepartout bat son record de vitesse pendant la traversée du golfe d'Olbia : 6.5 noeuds !
Un violent chavirage en Sardaigne
A l'approche de Siniscola, Violette connaît sa première grosse avarie après 45 jours de mer :
"Les vagues se levaient et ça déferlait un peu. Je cherchais à passer entre deux séries pour arriver sur la plage. J'ai déjà vécu des accostages un peu sport, quand le bateau part au surf, j'ai des difficultés à le contrôler. Près de la plage, une vague a pris le bateau par l'arrière et l'a fait sancir en quelques secondes.
J'ai quelques secondes de panique, puis je parviens à ressaler Passepartout, en repliant un flotteur. Au moment où le bateau se remet facilement à l'arrêt, j'ai une vision d'horreur quand je constate que mon mât est cassé en deux. Je récupère mes affaires qui flottent un peu partout. Je suis trempé, je remonte le bateau sur la plage. Je me dis que l'aventure est terminée et je suis triste d'avoir cassé mon bateau."
C'est le coup de massue pour Violette. Mais trois Sardes, témoins de la cabriole, débarquent de nulle part et proposent leur aide. La ville la plus proche est à deux heures de marche.
"Ils ne parlent pas un mot d'anglais, et on part en voiture avec le mât brisé dans le coffre. Ils m'amènent dans un atelier, et on trouve un tube en aluminium qui nous permet de manchonner mon mât en carbone. Puis, ils m'offrent une pizza pour me remettre de mes émotions".
Le lendemain, Violette effectue des réparations sur le safran, dont la tringlerie s'est rompue dans le chavirage.
Doutes et break dans cette navigation
Contente de repartir, mais doutant de la viabilité de la réparation de son mât, Violette maintient son cap vers le sud de la Sardaigne. Elle fait escale à Cala Luna, où l'alternance entre les falaises et les grottes est incroyable.
"Le décor est incroyable. Les falaises sont magnifiquement sculptées, elles forment par moment comme des calanques profondes et étroites. A l'intérieur, l'eau est translucide. Des mini-paradis inaccessibles depuis la terre".
Mais les conditions de navigation sont de plus en plus difficiles, malgré l'accueil incroyable des locaux. Bloquée par le mistral, Violette trouve un camping disponible :
"J'y ai trouvé un camping ouvert où j'ai fait de supers rencontres. Les Sardes sont d'une hospitalité extraordinaire. D'autres voyageurs d'Allemagne et d'Autriche sont aussi au camping. J'ai partagé de supers moments avec eux. Mais je commence à douter, et la navigation devient moins agréable. J'ai du mal à sortir de mon duvet le matin. Je souffre du froid. Je décide d'aller à Cagliari, pour stocker le bateau et revenir plus tard afin de poursuivre mon périple.
Après deux mois d'expédition, je rentre chez mes parents pour fêter Noël avec eux. Je devais repartir au printemps, mais j'ai finalement renoncé et vendu Passepartout à un Sarde.
Impossible de continuer une telle navigation si tu n'es pas motivée à 100%. Cette façon de naviguer nécessite un engagement sans faille. Je voulais découvrir des pays et un itinéraire magique. Le tracé géographique vers la Turquie continue de me faire rêver et je reviendrai avec un nouveau Passepartout, un tout petit peu plus grand".