A 23 ans, Violette est parti de Sète en solo pour un raid côtier à bord de son trimaran Passepartout. Son objectif final est de rejoindre la Turquie. Dans ce 3e volet, Violette nous décrit sa traversée vers la Corse et la découverte de la côte Est.
Changement d'itinéraire
Après 25 jours de mer depuis Sète, Violette et Passepartout découvrent la Toscane, dans des conditions plutôt favorables au petit trimaran. Mais Violette va modifier son itinéraire. Après tout, rien n'est écrit, et ce trip se fait dans une totale liberté, et en solo :
"A la base, je voulais descendre la cote italienne jusqu'au talon de la botte. Puis je me décide à changer d'itinéraire, et à rejoindre la Corse et la Sardaigne ".
Violette rejoint facilement la côte nord de l'île d'Elbe, puis se met en stand-by pour attendre la bonne fenêtre météo :
"Je voulais une journée parfaite pour parcourir les 28 milles vers la Corse. Passepartout reste un petit bateau, la Méditerranée est d'une humeur colérique en hiver. Il me faut un peu de vent et pas de vagues. Je suis restée plusieurs jours à Elbe, un véritable exil napoléonien ! Mais les locaux étaient tellement sympas et hyper hospitaliers. Les propriétaires de camping acceptaient de m'ouvrir gratuitement leurs commodités".
Une fenêtre météo semble se profiler. Violette échange avec les pêcheurs locaux : ça se confirme, dimanche sera une journée parfaite pour effectuer la traversée.
Petit bateau mais grande traversée
Violette rejoint Porto Azzuro, à l'ouest de l'île, pour être mieux positionnée pour cette grande navigation. Le 20 novembre, c'est le grand jour !
« Hier soir dans la nuit, je voyais les lumières rassurantes de Bastia depuis l'Ile d'Elbe. C'est avec un peu d'appréhension que je prépare cette traversée. Il y a 28 milles entre l'Ile d'Elbe et la Corse. C'est une grosse journée de navigation avec mon bateau. Avec ces conditions, je pense tenir 3,5 noeuds de moyenne, ce qui représenterait 8 à 9 h de navigation. Je prévois un départ à 6h30 pour avoir un peu de marge.
Départ à l'aube, un peu avant 7h finalement. On y voit tout juste. Un peu de peur au départ ! C'est une première pour moi de naviguer seule loin de la côte. Cette peur, je la connais, c'est la même qu'avant une grande course en montagne. C'est une bonne peur, celle qui t'indique que tu es dans le bon niveau de vigilance. Privilège de lève-tôt, j'ai le droit à un magnifique lever de soleil sur la mer !
La journée a été incroyable. Se retrouver seule au milieu de rien, c'était génial. Je n'ai croisé aucun bateau".
Après 8h de navigation sans encombre, Violette et Passepartout beachent sur une plage corse. Objectif atteint pour cette belle étape !
La côte Est de l'ile de beauté
A Campoloro, Violette fait une halte forcée pour s'abriter de la tempête Denise. Elle en profite pour refaire son approvisionnement en attendant que le coup de vent passe.
La vie de marin solitaire n'est pas la plus facile sur un petit bateau aux prémices de l'hiver. Il commence à faire froid, et Violette commande une combinaison étanche pour supporter les températures en baisse.
Le 23 novembre, à l'approche de Solenzara, elle effectue une belle journée de navigation, en parcourant plus de 30 milles :
"Les montagnes au loin sont déjà bien enneigées. La côte est maintenant sauvage. Des kilomètres de plages désertes bordées par la végétation. La vue sur les montagnes derrière est magnifique. Le temps se couvre ensuite, et le vent faiblit. Les montagnes jouent à cache-cache avec les nuages dans un jeu de lumières magnifique."
Arrivée à Porto Vecchio, Violette effectue un pit-stop technique de quelques jours, et attend désespérément la livraison de sa précieuse combinaison étanche, qui n'arrivera jamais.
Malgré cette déconvenue, Violette reste motivée à bloc. Cap vers la Sardaigne pour espérer y retrouver des températures plus clémentes !