Initié par Dominique Renouf, "Bateaux pour la planète" souhaite réinventer le tourisme fluvial dans la vallée du Lot-Garonne tout en le rendant respectueux de l'environnement. Cette entreprise se distingue par la conception de Phoebus, des embarcations écologiques et autonomes propulsées à l'énergie électro-solaire. Une initiative novatrice qui aspire à promouvoir un verdissement de la navigation fluviale.
Redéfinir la navigation fluviale avec des coches innovantes
''Bateaux pour la planète'' est né de la volonté de Dominique Renouf de ''faire renaître le tourisme fluvial sur le Lot aval tout en le décarbonant.'' Pour atteindre cet objectif, elle s'est entourée de 15 actionnaires et de partenaires techniques reconnus à l'image du chantier Meta, réputé pour la construction en strongall - alu épais - des coques catamarans, de l'entreprise E'Lectrique responsable du montage photovoltaïque depuis 2018 ou de Navy Clic, qui fournit une prestation de conseiller technique. L'idée est de créer, puis d'exploiter en location saisonnière une flotte de bateaux sans permis fonctionnant à 100 % à l'énergie solaire. À ce jour, quatre Phoebus solaires ont déjà été produits, dont deux modèles qui ont été mis en location en 2023 sur le canal de la Garonne, au départ de la base de Moissac. L'entreprise prévoit la création d'une flotte de dix bateaux en 2024, qui pourront être commercialisés. Pour son développement, elle lance une levée de fonds de 150 000 € pour procéder à une valorisation de l'entreprise, avec un ticket moyen fixé à 40 000 € et une réduction d'impôt de 25%. L'opération est réalisée avec pour partenaire, la société AYOMI, chargée de réaliser cette levée de fonds.
Le coche solaire Phoebus est un concept de catamaran fluvial propulsé à l'énergie électro-solaire, pouvant accueillir 6 passagers en couchage et jusqu'à 12 en navigation. Équipé de 24 m2 de panneaux solaires, il produit sa propre énergie qui recharge un pack composé de 4 batteries lithium. ''Sa puissance de propulsion est proportionnelle à la surface mouillée : nous naviguons avec 2 moteurs électriques de 6 kilowatts, alimentés directement par les batteries. Nous n'utilisons que 30 % de la puissance, ce qui nous donne une marge de réserve'', affirme sa conceptrice. ''Généralement'', poursuit-elle, ''lorsque le ciel est couvert, on pense souvent que cela ne charge pas, alors que c'est le contraire ! Par temps clair, on consomme pratiquement ce que l'on produit, ce qui signifie que la navigation peut se faire sans problème même en plein mois de janvier.'' Grâce à la propulsion électrique, les coûts de fonctionnement de ce bateau sont 48 fois moins élevés que ceux d'un bateau diesel.
Chacun des bateaux est Made in France, construit dans un atelier à Castelsarrasin.
La partie hébergement est alimentée en 220V grâce à un onduleur de 5 kW, permettant ainsi d'économiser l'émission de 10 tonnes de CO2 par an. Pour assurer tout le confort à bord, Dominique a imaginé une réserve d'eau douce constituée d'une cuve de 600 litres, ce qui impose une gestion intelligente de l'eau. L'eau chaude est produite par un chauffe-eau électrique. Les eaux usées, quant à elles, sont stockées dans une cuve, ce qui facilite la vidange dans le réseau d'assainissement des ports.
Un bateau pour toutes les clientèles
En ce qui concerne la clientèle, Dominique l'a remarqué, le Phoebus est apprécié de tous, notamment des amateurs de voile qui avancent en âge et désirent découvrir la navigation intérieure à bord d'un bateau non thermique. Les bateaux sont également accessibles aux personnes à mobilité réduite, conformément à la réglementation en vigueur depuis 2005 : un seul niveau élimine tout problème de marche ou de dénivelé. En 2019, une famille a concrétisé le rêve de leur mère en lui offrant une croisière à bord du coche solaire ''Soleil d'Aquitaine'', pour célébrer ses 80 ans. À la recherche d'un bateau accessible pour son fauteuil roulant, ils ont été séduits par la facilité d'accès du Phoebus, son plancher plat et l'absence d'escalier vers les cabines. Comme le souligne un membre de la famille, "ce bateau nous a interpellé d'abord pour son accessibilité pour les PMR mais aussi par l'originalité de son mode autonome de production d'électricité pour son habitation et son déplacement […] Le maniement du bateau et les tâches spécifiques d'arrimage, de guidage, de cordage ont créé de la cohésion à bord et rassemblé toute la famille pour le plus grand plaisir de notre maman qui a vraiment apprécié son séjour sur l'eau''.
Une démarche écologique
Lorsqu'on lui demande pourquoi elle a choisi de se spécialiser dans la location de bateaux solaires, Dominique explique que l'idée n'est pas récente. En 2006, elle avait initié la construction de la première péniche hôtel électro-solaire de France. Un projet d'ampleur. Propulsée par 4 moteurs électriques, ce bateau de 50 tonnes, accessible à tous, était exclusivement dédié au tourisme fluvial écologique sur le canal du Midi. ''Les difficultés associées à la conduite de ce bateau de grande taille se sont vite fait sentir'' rapporte-t-elle. ''Je me suis dit que si cela était possible pour une telle dimension, pourquoi pas sur plus petit. Familles, amis... pourraient ainsi profiter de l'expérience fluviale en toute autonomie. En puis, en 2019, un premier prototype est né''. Il ne rejette aucun déchet d'hydrocarbures, contrairement aux moteurs thermiques qui, refroidis par l'eau de la rivière, la polluent par conséquent. Pour cette défenseure de l'éconavigation, il est essentiel d'encourager le verdissement de la navigation fluviale car les solutions écologiques actuelles annoncent un avenir plus harmonieux entre l'homme et l'environnement : ''Si tous les bateaux de tourisme fluvial s'équipaient de cette manière, cela éviterait l'émission de plus de 100 000 tonnes de CO2 par an dans les voies navigables de France''.
Le choix d'une navigation paisible
Naviguer à bord des Phoebus de Dominique s'avère être d'une simplicité déconcertante. En effet, loin de constituer un défi, ce qu'elle décrit comme un "paradis fluvial" offre une expérience de conduite d'une quiétude remarquable.
L'équipement de gouverne permet un pilotage sans effort, avec deux joysticks télécommandés ; l'un pour le moteur et l'autre pour la gouverne, ce qui donne la possibilité pour le pilote d'être avec les autres passagers, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur. Suite à chaque réservation et prise de contact avec des plaisanciers, Dominique prend le temps de fournir des explications détaillées sur la navigation, l'accostage aux pontons et la gestion des batteries à bord. Après avoir découvert le Phoebus à Casseneuil, les familles peuvent alors larguer les amarres en parfaite autonomie. Le constat est unanime. Pour l'une d'elle ayant fait l'expérience : ''Le Phoebus solaire s'avère être facile à manœuvrer, si bien que tous les membres d'équipage, y compris les enfants, vont le piloter à tour de rôle durant les deux jours de navigation sur le Lot''.
Afin de savourer paisiblement la richesse de la faune et de la flore qui bordent les rives pendant les excursions quotidiennes de 4 à 5 heures, le canal est soumis à une restriction de vitesse de 8 km/h. La signalisation claire et les nombreuses installations facilitent la navigation. Opter pour le Phoebus, c'est faire le choix d'une navigation économe et silencieuse, grâce à une motorisation électrique alimentée par un générateur photovoltaïque embarqué.
Une exploration fluviale libre
À bord d'un Phoebus, les escales permettent d'apprécier les destinations pittoresques de la région de la vallée du Lot-Garonne. Forte de sa connaissance approfondie de la navigation et du tourisme, Dominique recommande quelques itinéraires garantissant une expérience enrichissante en biodiversité et en culture. ''Sur le Lot, les clients apprécient la flânerie, la baignade et les balades à vélo, privilégiant le slow tourisme et une itinérance paisible''. Comme elle le souligne, ''c'est également l'occasion idéale de profiter d'une pêche en rivière respectueuse de l'environnement, avec la satisfaction de déguster sa propre prise du jour car la rivière a été préservée de la pollution''.
De Fumel à Aiguillon, la rivière Lot propose tout ce qu'un plaisancier peut aimer trouver. "Ce tronçon représente la portion sauvage de la rivière Lot, avec une largeur atteignant parfois 200 mètres et une bande de rive de 30 mètres à droite comme à gauche, interdite pour protéger les berges des remous." Globalement, le chenal de la rivière Lot a une profondeur de 5 à 6 mètres, avec un seul point bas atteignant 6 mètres de tirant d'air sur l'ensemble du parcours. Au total, une quarantaine de pontons sont accessibles tout au long de la rivière, avec cinq cales de mise à l'eau à Caseneuil, St Sylvestre, Fongrave, Castelmoron, et Clerac.
Dominique conseille également un petit tour sur le Tarn à partir de la double écluse de Moissac, l'endroit propice pour que ''les amateurs de nage en eau libre se régalent !'' Pour enrichir l'expérience, il ne faut pas manquer la découverte du pont canal de Cacor, en amont de Moissac, ou encore la navigation jusqu'à Agen en passant par le plus grand pont canal de France. Enfin, le port de Toulouse, accessible après trois jours de navigation, s'offre comme une escale enrichissante selon les conseils avisés de Dominique : ''Une opportunité de découvrir la ville rose !''
Des vacances vertes sur le Soleil d'Aquitaine, une péniche écologique from Mutinalia on Vimeo.
