Mike Golding sur Ecover, le 1er concurrent classé sans quille
Durant la 5e édition du Vendée Globe, Mike Golding inaugure la liste des concurrents du Vendée Globe à terminer classé, mais sans quille. Sans signes avant-coureurs, il perd le bulbe et son voile à 52 milles de la ligne d'arrivée, dans des conditions maniables. Affalant les voiles en urgence, et en remplissant les 7000 litres de ses deux ballasts, il parvient à stabiliser son plan Owen Clark.
Il lui a fallu attendre une rotation du vent pour récupérer un flux portant lui permettant de rejoindre les Sables d'Olonne sous 3 ris-trinquette, et de monter sur la troisième marche du podium. Son tirant d'eau étant notoirement réduit, il est également le premier concurrent à rentrer en IMOCA dans le port des Sables d'Olonne sans se soucier des horaires de marée.
Sur cette édition, près de 20% de la flotte sera touchée par de graves problèmes de quille.
Marc Guillemot 3e d'un incroyable podium
Sur la 6e édition, c'est au tour de Marc Guillemot de se faire trahir par la quille de son 60 pieds Safran. Alors au large des Açores pendant la remontée de l'Atlantique, sa quille donne des signes de faiblesses. Une collision avec un cétacé 4 semaines auparavant en est surement à l'origine.
La tête de quille commence à basculer d'avant en arrière, et s'enfonce de quelques centimètres. Le skipper lève le pied et assure l'ensemble avec plusieurs brêlages. Mais ça ne suffira pas, puisque la quille se détache de son puit le 9 février 2009.
Préparé à cette éventualité, Marc Guillemot réduit sa voilure, passe sous 3 ris-trinquette et remplit ses ballasts. Grâce à une météo favorable, avec des vents portants, il parcourt 975 milles sans quille, et s'adjuge la 3e place derrière Michel Desjoyeaux et Armel le Cléach.
Il sera victime de la même avarie 4 ans plus tard, après 3 jours de course. Ne disposant pas d'une quille de rechange, il abandonnera son 2e Vendée Globe.
Jean-Pierre Dick établit un record de la distance parcourue sans quille
Pendant l'édition 2012-2013, Jean-Pierre Dick, alors en 3e position, perd la totalité de sa quille à 500 milles au Nord Ouest du Cap Vert. Bateau couché, il parvient à redresser son plan VPLP-Verdier et à poursuivre sa route vers les Sables d'Olonne. Il reçoit le soutien d'Alex Thomson, en 4e position, qui se déroute pour lui apporter un soutien moral, et intervenir au cas où la situation se dégraderait.
Mais un front avec des vents de face de près de 40 nœuds lui barrent la route pour atteindre la Vendée. Sans quille, impossible de remonter au vent dans de telles conditions. Il décide de se mettre à l'abri au mouillage dans le port de San Ciprian, sur les côtes galiciennes.
Plongeant dans les eaux froides espagnoles pour assurer son mouillage, il reprend sa route 72h plus tard, et décroche la 4e place de cette 7e édition du Vendée Globe.
Jean-Pierre Dick a parcouru 2650 milles sans sa quille, une performance incroyable qui lui vaudra les honneurs de ses pairs et du grand public.
Pourquoi autant d'avaries sur des quilles d'IMOCA?
Avant 2014, les architectes, en accord avec les skippers, avaient le champ libre pour la conception des quilles d'IMOCA. Avec des voiles en carbone ou en acier mécano-soudé, doté d'un très fort rapport de lest, les accidents furent nombreux.
Talon d'Achille des IMOCA des précédentes générations, ce problème récurrent a été résolu avec l'adoption par la classe d'une quille monotype, dont le voile est maintenant fraisé dans un bloc d'inox. Depuis, plus aucun concurrent n'a dû faire face à un problème de quille, hormis ceux causés par un choc avec un OFNI ou un mammifère marin.