Privé d'électricité en pleine course
Le 1er janvier 2001, Michel Desjoyeaux se réveil avec les nerfs en vrac, mais sans avoir fait la fête la veille. En plein Océan Pacifique, le démarreur de son moteur a fondu. Son 60 pieds PRB 2, un plan Finot Conq lancé en 2000, fait partie des favoris de cette 4e édition.
Le plafond nuageux et le brouillard ne permettent pas aux panneaux solaires de compenser le déficit énergétique. Et la petite éolienne de 400W ne débitte pas assez pour alimenter un 60 pieds énergivore. Sans moteur, impossible de recharger les batteries du bord. Et sans énergie, la course est terminée.
En attendant de trouver une solution technique, Desjoyeaux rationne sa consommation du bord et se rive à la barre. Il y passe une dizaine d'heures, tout en cogitant à la façon de redémarrer un moteur in board sans démarreur.
Utiliser la force vélique
Desjoyeaux imagine alors utiliser la puissance développée par son jeu de voiles pour permettre de compenser le démarreur récalcitrant. L'idée est de créer un lien entre la bôme et la poulie moteur, dont l'emballement permettrai de redémarrer le moteur, un Yanmar Diesel de 37 chevaux.
Il met alors en place un circuit en fixant des poulies à travers le cockpit et le carré.
"Lors de mes premières tentatives, la sangle que j'avais placée autour de ma poulie d'alternateur s'est révélée trop élastique. Par la suite, j'ai mis un cordage en spectra, avec une vis dans la poulie pour tenir le tout. Ensuite, j'ai renvoyé un autre cordage, à l'aide de poulies, jusqu'à l'arrière de ma bôme".
Petit à petit, le skipper borde sa grand-voile, ce qui a pour conséquence de donner une forte gîte à son 60 pieds.
"C'était chaud, car le bateau était couché. J'ai tout lâché et le moteur a démarré ! Je n'ai jamais été inquiet, mais c'était vraiment très très dur, je ne sais pas jusqu'où j'aurais tenu".
Après une charge de plusieurs heures pour remettre à niveau son parc batteries, le skipper sait qu'il a la possibilité de redémarrer son moteur si le besoin s'en faisait ressentir. Mais rapidement, un temps ensoleillé revient, permettant aux panneaux solaires de prendre le relai.
Une arrivée victorieuse
Le 10 janvier suivant, Michel Desjoyeaux vire le Cap Horn avec 600 miles d'avance sur Ellen Mc Arthur. Il conservera la tête de la course jusqu'aux Sables d'Olonne, non sans avoir été inquiété par les attaques de la britannique, qui lui mené la vie dure dans l'anticyclone de Saint Hélène.
Il passe la ligne d'arrivée le , après 96 jours de mer, améliorant de 9 jours le chrono de l'édition précédente.
