Interview / Cole Brauer, la seule femme autour du monde sur le Global Solo Challenge

Plus jeune et unique participante à la Global Solo Challenge, l'Américaine de 29 ans Cole Brauer vient de doubler le cap de Bonne Espérance en seconde position sur cette course autour du monde en solitaire et sans escale mêlant professionnels et amateurs. Nous avons échangé avec elle alors qu'elle s'apprête à affronter pour la première fois les mers australes.

Une navigatrice américaine expérimentée

Inconnue dans le microcosme franco-français de la course au large, Cole Brauer a grandi dans l'état du Maine, sur la côte Est des Etats-Unis. Elle a déménagé sur l'île d'Hawaï pour faire ses études, et c'est dans les eaux du Pacifique qu'elle a appris à naviguer.

C'est ensuite en Floride qu'elle a commencé à écumer le circuit de régates offshore local, couru principalement en équipage. Mais c'est en solo qu'elle se sent le mieux. Dans un pays peu familiarisé avec la course au large en solitaire, elle parvient à trouver les financements et à fédérer une équipe pour l'aider à se préparer à la Global Solo Challenge.

Un class 40 marin et fiable

First Light, son class 40, est un plan Owen Clarke Design lancé en 2008. Simple, marin et sans fioriture, Cole navigue dessus depuis plus de 8 ans. A bord de ce bateau qu'elle connait sur le bout des doigts, elle voulait initialement s'engager sur la Transat Jacques Vabre 2023.

Mais l'impossibilité de réaliser un classement correct avec ce Class 40 d'ancienne génération l'a poussée à changer ses plans, et à s'aligner sur la Global Solo Challenge comme elle nous l'explique :

"J'ai pu profiter de ma transat entre les Etats Unis et l'Espagne pour valider la préparation du bateau. J'ai effectué de nombreux tests tous les jours et j'ai découvert lors de cette transat que ma capacité énergétique était trop faible pour un tour du monde. Par sécurité, nous avons rajouté des panneaux solaires avant le départ de la Corogne. Pour le reste, je connais vraiment bien First Light, et j'espère battre le record du tour du monde en class 40, qui est de 137 jours".

Souriante, et ambitieuse, Cole a trouvé son inspiration à la lecture des ouvrages d'Ellen Mc Arthur. A l'image de cette référence dans la voile anglo-saxone, Cole espère bien prendre le départ du Vendée Globe 2028, devenant ainsi la première Américaine à s'engager sur l'Everest des mers.

Une première dans le Grand Sud

Partie fin octobre de la Corogne, Cole est actuellement en 2e position sur le Global Solo Challenge, tour du monde en solitaire sans escale mêlant professionnels et amateurs, sur un schéma original de départs décalés. A l'heure de nos échanges, elle aborde son arrivée dans l'Océan Indien avec sérénité, mais curiosité :

"Les prochaines semaines seront une grande première pour moi. Cette approche dans les mers du sud va me permettre d'améliorer mon expérience, tout en préservant à la fois le bateau et moi-même ! Cela a été difficile au début, mais je pense que je commence à développer une meilleure approche dans la gestion des fortes dépressions que l'on rencontre ici".

Des premières semaines de course mouvementées

La descente de l'Atlantique n'a pas été de tout repos, comme nous l'explique Cole :

"Nous avons eu quelques problèmes techniques, principalement avec le pilote automatique. Une des embardées dues au décrochage du pilote m'a causé une contusion sévère aux côtes. Cela me fait simplement réaliser que pour ma prochaine course, je vais passer beaucoup plus de temps à créer un système qui facilite grandement le switch entre les pilotes automatiques primaires et secondaires. Juste pour que les choses restent sûres et simples ! En dehors de cela, la condensation de l'air froid est un problème constant. J'évacue constamment de l'eau du bateau. Je n'ai jamais rencontré ce genre de problème, mais je sais qu'une fois de retour dans des températures plus clémentes, le bateau va sécher !".

Et la solitude dans tout ça ?

"Je me sens vraiment bien en solo sur First Light. Et puis avec les autres concurrents, on échange souvent. Nous formons un groupe de marins très sympa. Nous partageons des idées et quand quelque chose ne va pas, nous en discutons. Nous essayons de nous éviter à chacun une escale technique si nous le pouvons ! C'esr vraiment formidable d'avoir des conversations avec eux. Nous sommes une équipe!"

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