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Établir une première hiérarchie
Avec l'arrivée de plusieurs nouveaux plans dans la classe IMOCA, ce Défi Azimut va permettre de jauger les performances de chacun. Ce parcours de 628 milles se déroulera dans des conditions musclées et variées, qui pourraient bien permettre aux outsiders de se faire une place au soleil.
Antoine Mermod, président de la classe IMOCA, explique : "Le Défi Azimut est un carrefour passionnant. C'est la première confrontation qui réunit en 2023 tout le plateau et va permettre d'établir une première hiérarchie."
Quatre favoris
Parmi les favoris, on retrouve indéniablement Charlie Dalin, double tenant du titre du Défi Azimut sur Apivia. Désormais doté d'un nouveau bateau, Macif Santé Prévoyance, dernier plan Verdier en date, il a d'ores et déjà affiché la couleur sur la Rolex Fastnet. Un mois après la mise à l'eau de son bateau, Charlie Dalin, accompagné de Pascal Bidégorry, remportait la course devant Yoann Richomme.
Ce dernier, associé à Yann Eliès, a fait confiance au duo Antoine Koch et Finot-Conq pour son IMOCA Paprec Arkea. Il n'a pas connu les problèmes de structure de For People de Thomas Ruyant, conçu par le même binôme d'architectes. Après un "pépin" sur la Bermudes 1000 Race, le double vainqueur de la Solitaire du Figaro avait fait renforcé le fond de coque et les bordés.
Thomas Ruyant, dont le bateau est en chantier, sera donc le co-skipper de Sam Goodchild sur For The Planet. Pour rappel, il s'agit de son ancien bateau, qui détient le doublé Route du Rhum-Transat Jacques Vabre.
Enfin, Jérémie Beyou sur Charal a une revanche à prendre sur le Fastnet. En raison de soucis de voile d'avant, il n'avait pu rivaliser avec le reste de la flotte. Sur son plan Manuard polyvalent, il sera accompagné par Franck Cammas.
Des duos affûtés qui peuvent rivaliser
Si ces quatre IMOCA font office de favoris, il faudra compter avec un bon nombre de concurrents affûtés. À commencer par Biotherm (Paul Meilhat et Mariana Lobato) et Malizia - Sea Explorer (Boris Herrmann et Will Harris) qui ont participé à The Ocean Race. Avec plus de 30 000 milles au compteur, ils ont navigué sur toutes les mers du monde et notamment rencontré des conditions météo virulentes.
Il faudra aussi compter avec Initiatives-Cœur (Sam Davies et Jackson Bouttell), V and B - Monbana - Mayenne (Maxime Sorel et Christopher Pratt), l'Occitane en Provence, l'ex-Apivia de Clarisse Crémer et Alan Roberts qui dispose de plus grands foils avec sa clause d'antériorité, Teamwork (Justine Mettraux et Julien Villion) qui joue toujours placé sans oublier Maître Coq V. Après deux mois sans naviguer après son accident, le rochelais sera accompagné de Julien Pulvé. Pour lui, les écarts entre les bateaux récents seront faibles, comme il l'explique : "il y a très peu de différences entre une dizaine de bateaux qui peuvent viser le podium. Certains sont peut-être sortis plus légers que d'autres mais sont obligés de renforcer. Les écarts se lissent et c'est une chose de bien figurer pendant 48 heures, cela en est une autre de tenir la cadence sur trois mois."
Ce sera aussi l'occasion de découvrir sur l'eau Stand as One mené par Eric Bellion, épaulé par Martin Le Pape. Ce plan Raison dépourvu de foils au design de scow va permettre d'étalonner les gains et pertes par rapport aux foilers, comme l'explique Martin Le Pape : "La question, c'est d'abord de quantifier ce que l'on perd au reaching par rapport aux foilers dans la brise et pour ça, les 48 heures vont être instructives. Pour le reste, il nous faut du médium et surtout du VMG portant pour pouvoir valoriser les qualités du bateau…" Et c'est bien les conditions que rencontrera la flotte après la deuxième marque de parcours.
Ce Défi Azimut sera également l'occasion de découvrir le potentiel d'IMOCA transformés. C'est le cas de Groupe Apicil (Damien Seguin et Laurent Bourguès) et de Prysmian Group (Giancarlo Pedote et Gaston Morvan), deux plans VPLP-Verdier 2015 désormais dotés de grands foils et d'une nouvelle étrave. C'est également le cas de DMG Mori skippé par Kojiro Shiraishi ou encore de Corum l'Epargne de Nicolas Troussel avec ses nouveaux foils, son nouveau fond de coque et une structure revue.
Des bateaux à dérives qui peuvent réserver des surprises
Même s'ils sont sur le papier moins puissants que les foilers, les bateaux à dérives, lancés entre 2006 et 2011, peuvent réserver des surprises. S'ils sont somme toute assez similaires, leurs skippers ont des CV sportifs hétéroclites. On retrouvera dans cette catégorie Tanguy Le Turquais, associé à Félix de Navacelle sur Lazare, Louis Duc et Rémi Aubrun (Fives Group-Lantana Environnement), Sébastien Marsset et Sophie Faguet (Foussier - Mon Courtier Energie), Benjamin Ferré et Pierre Le Roy, qui ont sûrement le meilleur bateau à dérive avec Monnoyeur-Duo for a Job, l'ex MACIF, vainqueur du Vendée Globe 2012. Manu Cousin, accompagné par Clément Giraud, pourra également jauger la teneur des travaux réalisés sur son vieux plan Farr Coup de pouce-Giffard Manutention : mât et dérives reculés, ballasts transformés, nouveaux safrans...