Interview / Le directeur du Parc National de Port-Cros s'explique sur le projet de ZMEL de Porquerolles

L'installation de zones de mouillage réglementées autour de Porquerolles ne se fait pas sans heurt. Manque de communication entre les plaisanciers et le Parc National ? Son directeur répond à nos questions pour lever les doutes.

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Le Parc National de Port Cros répond à nos questions. Marc Duncombe, son directeur, nous explique en détail le projet de mise en place de zones de mouillage autour de Porquerolles. Il répond notamment aux questionnements des associations de plaisanciers qui se liguent contre le projet de ZMEL à Porquerolles.

Marc Duncombe, directeur du Parc National de Port-Cros
Marc Duncombe, directeur du Parc National de Port-Cros

Comment avez-vous imaginé le projet ?

Avant de nous lancer dans les travaux, durant 2 ans, nous avons organisé 12 réunions préparatoires dans lesquelles les acteurs locaux et les plaisanciers étaient associés. C'est donc un projet coconstruit avec les usagers. Forcément, la mise en place de zones de mouillage contraint avec des bouées ne plait pas à tous. Mais nous avons cherché à contenter tout le monde.

Quel est l'objectif de ce projet ?

Dans le Parc National, nous considérons que la plaisance est un mode de découverte du parc. L'enjeu est donc de bien accueillir les bateaux, tout en respectant l'environnement. Ainsi, les herbiers de Posidonie sont des zones à protéger. Nos relevés depuis plusieurs années montrent que les herbiers subissent les attaques de plus de 100 km de chaîne de mouillage chaque année. Nous voulons donc éviter cela, en les équipant de bouées de mouillage.

Les bouées ne seront donc que sur les herbiers ?

Oui, le projet est d'installer les bouées sur les herbiers, avec des ancrages hélicoïdaux qui se vissent dans le sol. Les zones de sable, sans herbier, souvent les plus près des plages, resteront libres pour les mouillages sur ancre. Question tenue, les bouées sont garanties pour des vents allant jusqu'à force 7. Bien entendu, cela dépend du fardage du bateau, mais cela devrait suffire.

Les ZMEL de Porquerolles
Les ZMEL de Porquerolles

350 bouées, est-ce suffisant ?

On estime que l'on peut mouiller environ 300 bateaux sur les zones de sable. Avec les 350 bouées, cela porte à 750 bateaux. D'après nos relevés, on compte seulement 8 jours par ans, au plein coeur de l'été, où l'on retrouve 1000 bateaux sur les côtes de Porquerolles. Ce sont toujours des journées de très beau temps, où la plus forte densité existe et dépassera les capacités de mouillages. Ces jours-là, il faudra sans doute que certains se positionnent à couple.

Quid des bouées en hiver ?

Les bouées ne seront installées que pour la saison, de Pâques à septembre. En hiver, les bouées seront détachées de leurs ancres, mais ces ancres resteront dans le sol. En effet, il ne faudra pas mouiller par-dessus pour ne pas crocher dedans. Mais comme il s'agit de zone avec des herbiers, le mouillage est banni. Et un bon marin sait que son ancre ne tient pas dans l'herbier. Il sera préférable pour lui de se mouiller en sécurité sur le sable. Et hors-saison, il y a assez de place pour tout le monde.

Ces bouées seront-elles payantes ?

Nous voulons appliquer le même système que celui en place à Port-Cros depuis 2 ans. Les bouées sont gratuites la journée. Pour passer la nuit, il faut réserver via une application. Les 2 premières nuits ont un prix fixe, qui double ensuite chaque jour. Nous avons mis en place ce système pour éviter les bateaux ventouses. Ce système s'améliore aussi chaque année. A Port-Cros, vous pouvez désormais choisir votre bouée, alors qu'auparavant ce n'était pas possible.

Quel va être l'échéancier ?

Nous aimerions commencer la mise en place de ces bouées par les plages de Notre-Dame et du Langoustier. Si possible pour l'été 2024. Et l'année suivante par les plages de la Courtade et la Plage d'Argent. Celle de la Galère devrait aussi arriver en 2025.

Comprenez-vous la colère de certains pratiquants ?

Moi-même plaisancier voileux, je suis le premier à vouloir conserver ma liberté en mer. Mais la concentration de la plaisance, le nombre de pratiquants, nous obligent à passer par une régulation. Il en va de la survie de l'environnement, et de la bonne pratique de notre loisir.

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