Barrer à 30 noeuds en IMOCA : l'étrange expérience du vol !

© Briag Merlet

Invités par Alan Roura à naviguer à bord de son IMOCA Hublot, nous avons eu l'opportunité d'en prendre la barre. Une expérience du vol déroutante, sur un bateau dont le design a marqué un tournant à sa mise à l'eau.

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Conditions estivales au large de Lorient

Sortir un IMOCA d'un port n'est pas une mince affaire, même lorsqu'il s'agit de l'un des plus courus, à savoir Lorient La Base. Ces voiliers, conçus pour le Vendée Globe et les grandes courses océaniques, nécessitent un peu de logistique en amont pour le matériel et d'aide à quai au départ et à l'arrivée. Les sorties ne sont pas si nombreuses et les opportunités pour les personnes extérieures aux teams encore moins. Elles sont donc planifiées à l'avance, mais encore faut-il que la météo soit de la partie. Après une navigation annulée avant la Route du Rhum pour cause de pétole, rendez-vous était à nouveau pris avec Alan Roura, le skipper suisse, pour l'accompagner sur Hublot en cette fin de printemps 2023. Et cette fois-ci, la météo était de la partie, avec un vent de terre soutenu et une mer plate.

Un cockpit pensé pour le solitaire

Nous larguons les amarres de Lorient et envoyons rapidement la grand-voile dans la rade. Avec 6 personnes à bord du bateau, on constate rapidement que l'IMOCA, pensé initialement par Alex Thomson avec en objectif quasi unique le Vendée Globe, n'a pas été conçu pour un équipage aussi nombreux. Son fameux cockpit fermé, au pied de mât, accueille difficilement plus de 2 personnes. Heureusement, il fait beau et nous laissons Alan, son co-skipper Simon Koster et leur équipe technique, s'échiner sur le moulin à café pour hisser, étarquer et dérouler...

Un long vol au portant

Avec le potentiel d'un tel bateau et plus de 20 nœuds de vent établis, même si nous avons quitté le ponton vers 10h et que nous sommes attendus pour déjeuner, le plan d'eau de navigation n'est pas celui de monsieur tout le monde sur son croiseur. Le premier objectif est Belle-Ile. Les marins en profitent pour tester un profil de foil, récemment modifié sur bâbord. Alan se met à la barre en extérieur et le bateau démarre rapidement, dès les écoutes bordées. Avec un ris dans la grand-voile et un J2 à l'avant, un peu plus de 20 nœuds de vent établis, le compteur s'emballe. Nous volons autour de 25 nœuds.

Une étrange expérience de barreur

Alan me propose alors la barre. Calé à l'extérieur, le poste de barre secondaire du bateau est en fait peu utilisé en configuration habituelle du bateau, le skipper privilégiant le cockpit intérieur avec les manœuvres et tous les instruments électroniques du bateau. C'est donc sans aucune donnée de cap ou de vitesse, ni de visibilité sur mes penons que je prends, un peu intimidé, la barre du bolide. L'accélération est rapide. Le bateau décolle, et je constate à quel point il est nécessaire de réguler le bateau à la barre. Un foiler est loin d'aller tout droit, et l'on imagine le travail des pilotes automatiques, et leur finesse.

Un poste de barre scabreux
Un poste de barre scabreux

Sans outil, c'est finalement l'assiette du bateau qui sert d'indicateur. L'adrénaline est là et malgré certaines sorties de route, humides pour l'équipage lorsque le foil au vent plante dans l'eau, j'atteins la barre des 29 nœuds.

Il est temps d'empanner et de tirer un bord vers Groix pour comparer les performances avec l'autre foil. S'ensuivent des bords de près, plus difficiles pour ce foiler, très typé pour le portant, avant de rejoindre le port de Lorient.

Merci à Alan et son équipe pour cette riche expérience ensoleillée.

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