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Un bateau pour caboter en sécurité en Bretagne
Anne-Hélène habite à Crozon-Morgat, dans le Finistère, avec son garçon de 11 ans. Elle passe ses étés sur son bateau et navigue le long des côtes bretonnes en cabotage.
Navigatrice solo, elle recherchait un bateau qui lui inspire de la confiance pour naviguer à deux, son fils n'ayant que 8 ans à ce moment-là. Après avoir possédé un Love Love puis un Sangria, elle a choisi un Westerly Consort de 29 pieds de 1982. "Je cherchais un 30 pieds pour naviguer seule avec mon fils. Le papa est commandant de Marine marchande et travaille tout l'été. J'en profite pour louer ma maison et m'installer à bord de mon bateau pour la saison estivale. Il fallait un bateau dans lequel je me sente à l'aise. Sauf qu'en France, les modèles sont plutôt typés course-croisière. Or, mon programme c'est la sécurité, la croisière et l'habitabilité."
Conseil d'un ami anglais
Anne-Hélène se tourne vers un First 30, mais trop gîtard. Ne trouvant de bateau répondant à son programme, elle contacte un ami qui vit en Angleterre. Ancien coach de la fédération de voile anglaise, il lui envoie directement une photo d'un Westerly Konsort en lui disant qu'il réunit tout ce qu'elle cherche. Elle détaille : "Je n'avais jamais entendu parler de cette marque. J'avais des a priori. Je suis allé sur un site d'association de propriétaires de Konsort et j'ai trouvé une annonce à Arradon, dans le Morbihan. Le bateau était au sec au Crouesty et appartenait à un ancien violoncelliste de la BBC."
Son ex-mari passe le voir extérieurement et valide le modèle. Comme explique Anne-Hélène, "l'échantillonnage Westerly, même si c'est tordu, ça ne casse pas."Elle se rend sur place avec son fils, qui le visite avec des étoiles dans les yeux. Après une navigation avec le propriétaire, elle est charmée. Mais elle n'a qu'un budget de 10 000 € et son bateau de 1982 construit par le chantier anglais Gosport est annoncé à 15 000 £, soit 17 500 €. Finalement, l'affaire est conclue pour 15 000 €. Anne-Hélène et son fils deviennent donc propriétaires de Windrush, bourrasque en anglais en 2020.
Un bateau habitable et tout équipé
À l'intérieur, on trouve une pointe avant avec deux couchettes, une cabine arrière sur babord avec une couchette cercueil, un carré avec une cuisine en bas de la descente. Son modèle est une version améliorée, ainsi, les toilettes incluent une douche, mais pas de bloc-évier. Le lavabo se trouve en face, à côté de la penderie.
Entièrement équipé, avec l'électronique, il possède aussi un hydrovane. Au niveau du jeu de voile, Windrush arbore un génois très couvrant des années 80, une grand-voile, une voile légère de portant, et une cruising suit, ancêtre du spi asymétrique, qu'elle n'a pas encore testé. Anne-Hélène explique : "J'ai acheté une chaussette l'année dernière pour la tester, mais je suis seule à bord. Il faut que je trouve comment le faire. J'ai aussi un bas étai, mais pas de voile à gréer dessus. De toute façon ce n'est pas mon programme de navigation."
Un programme de navigation en maman solo
En 2021, la mère et le fils descendent jusqu'à Hoedic. En 2022, ils découvrent Jersey, Guernesey et Sark. À l'été 2023, ils ont prévu de retourner à Hoedic. À 11 ans, 4 à 5 heures de navigation sont largement suffisantes. Windrush est un biquille et leur permet de se poser facilement, comme l'explique Anne-Hélène : "À Hoedic, au port Lacroix, l'ancien port de l'autre côté de l'île, on se pose. C'est protégé par deux digues. Ça permet aussi de pouvoir rencontrer des gens. Les gens venaient nous parler à l'échouage."
Un bateau de portant
Fière de son bateau, Anne-Hélène ne lui trouve que des qualités, comme elle nous le partage : "Ce n'est pas un bateau de près mais ce n'est pas non plus une catastrophe. J'ai dépassé un First 30.5 en baie d'Audierne avec 15 noeuds de vent. C'est un biquille de 5 tonnes, à l'échantillonnage bien costaud. Au portant, il est top ! C'est un bateau large, 3,25 m. Avec ses deux quilles, il est très à plat sur l'eau, donc on va vite. Il est très raide à la toile, avec un mât assez haut, très robuste. Avant de mettre un ris, on peut soutenir 20 noeuds sans frémir et sans être à la rue. C'est un bateau anglais, et ce sont des navigants. Ils font de la croisière. Les Westerly sont équipés pour la croisière. Ce sont des bateaux conçus pour être marins. La Manche c'est son terrain de jeu, même seule à bord !"
Que des avantages !
Quand on lui demande les avantages de son bateau, Anne-Hélène est sans équivoque : habitabilité, sécurité grâce au cockpit très profond. Le rail d'écoute est sur l'arrière et la bôme passe au-dessus de la tête. Elle ajoute : "C'est un bateau très marin. J'ai confiance en lui." Pour les inconvénients, c'est bien plus compliqué d'en trouver, comme s'amuse Anne-Hélène en conclusion : "Il ne va pas aussi vite qu'un Pogo c'est sûr ! Mais je ne trouve pas d'inconvénient. J'adore mon bateau."
Finalement, le seul inconvénient concerne plutôt la logistique. Le port de Morgat n'est pas équipé pour transporter les biquilles et Anne-Hélène est obligé d'utiliser la grue, qu'on lui facture deux fois, une pour la sortie d'eau et une pour la dépose sur le terre-plein. Elle a réfléchi d'ailleurs à une solution pour laisser Windrush à l'eau le plus possible en testant le para-fouling, un vernis à base de graphène sans biocide.