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Des retrouvailles attendues
De Paris à la Polynésie, il aura fallu à Charles près de 30 heures de voyage, sur plus d'une semaine, pour rejoindre son bateau. Et quelle émotion de le retrouver enfin, après presque 3 ans de séparation !
Alors qu'il est en voyage en voilier dans les eaux polynésiennes, Charles est contraint de rentrer quelque temps en France. Il laisse son voilier au chantier naval d'Apataki en mars 2019 et prend l'avion pour rejoindre Paris, espérant vite revenir sur l'atoll pour reprendre la route.
Mais le retour du propriétaire dans les îles Tuamotu est retardé : d'abord par des contraintes familiales et professionnelles, puis par la pandémie mondiale qui l'empêche de reprendre l'avion. Charles qui payait chaque mois l'équivalent de 250 euros pour le stockage de son monocoque de 11 mètres raconte : "Un temps, j'ai même pensé à vendre mon voilier… mais à plus de 15 000 kilomètres, celui-ci ne bénéficiait pas de suffisamment de visibilité".
En janvier 2022, après près de trois ans d'attente et bien content de ne s'en être finalement pas séparé, il peut enfin revenir sur le chantier et retrouver, au bout du monde, le navire qui lui est cher.
Un soin particulier avant l'hivernage
Charles avait pris le maximum de précautions avant son départ :
- A l'extérieur, il avait déposé tous les éléments qui pouvaient être démontés : gréement courant, barre franche, lattes de bois du cockpit, capote, cagnards... numérotant les pièces et indiquant le sens de pose pour faciliter le remontage à son retour. Il avait aussi huilé sa chaîne afin qu'elle ne rouille pas dans la baille à mouillage, protégé le roof au moyen d'une ancienne voile suspendue de part et d'autre de la bôme et hiverné son moteur.
- A l'intérieur, il avait levé tous les coussins et mousses, ouvert les placards et planchers. Il avait aussi retiré le loch pour laisser s'écouler les eaux en cas de besoin, et protégé cette ouverture par une moustiquaire pour empêcher les animaux intéressés de rentrer. Le propriétaire complète "J'avais aussi disposé en plusieurs points stratégiques une solution à base d'acide borique et de lait concentré, sensée venir à bout des cafards qui oseraient s'aventurer dans le bateau".
Bilan, 3 ans après
Quand c'est enfin l'heure de retrouver son voilier, Charles est soulagé. Il explique : "A l'extérieur, la vieille voile qui protégeait le pont était en lambeau, mais globalement le voilier était encore en très bon état. La coque en aluminium était intacte, le pont avait été relativement bien protégé". Il précise : "Le climat sec des îles Tuamotu a favorisé un bon stockage : alors que je m'attendais à embarquer sur un bateau avec des moisissures en plusieurs endroits comme c'est souvent le cas à Tahiti, j'ai au contraire trouvé un bateau très sain".
Au niveau des équipements, les batteries AGM qui dataient de 2017 n'ont pas survécu. Les collages du stand-up-paddle et de l'annexe n'ont pas non plus résisté aux conditions : le premier explose à la première mise sous pression et la seconde, qui est entièrement décollée, sera rafistolée au moyen de plusieurs cartouches de Sika en attendant de pouvoir en acquérir une nouvelle.
A l'intérieur du bateau, particulièrement exposé à la chaleur, les plastiques n'ont pas tenu : la plupart des poignées des ustensiles sont devenues collantes, les éléments en silicone ont cuit au point de devenir cassants. Quant aux éléments biodégradables comme les sacs poubelles, dont il s'était servi pour emballer certaines affaires, ils se sont effectivement biodégradés et n'étaient plus qu'en paillettes à son arrivée.
Les espaces n'ont pas été envahis par les insectes ou nids de guêpes, et la solution à base d'acide borique et de lait concentré a effectivement eu raison de cafards aventureux. Charles avance : "La quille de mon voilier était posée sur des blocs béton et le reste de mon bateau n'était en contact avec la terre que par les béquilles, c'est peut-être cela qui a permis de ne pas avoir trop de visites d'animaux à bord ".
Un objectif : repartir en grande croisière autour du monde
Non mécontent de retrouver son voilier dans un si bon état, Charles peut désormais envisager de suivre son projet initial. Pour reprendre son voyage là où il l'avait laissé, il remettra le voilier en condition de navigation et le préparera à la grande croisière. Plusieurs semaines de travail sur le chantier seront nécessaires.