Comment organiser les quarts en mer quand on navigue à deux ?

Quart de veille à la barre

La croisière hauturière en équipage réduit relève plus de la navigation en solitaire que la promenade entre amis, surtout s'il s'agit d'un couple. La bonne répartition des périodes de repos impacte favorablement la sécurité du navire.

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Assurer une veille permanente

Le règlement national pour prévenir les abordages en mer, le fameux RIPAM, stipule clairement que l'on doit assurer une veille permanente en navigation. Cette disposition est bien évidemment impossible à appliquer en solitaire. Elle est difficile en équipage réduit et implique une judicieuse répartition des quarts de nuit.

Selon la météo la nuit s'annonce tranquille ou pas
Selon la météo la nuit s'annonce tranquille ou pas

La navigation hauturière de plaisance se pratique souvent en famille. Sur tous les océans du monde, bien des équipages sont composés d'un couple, parfois assorti d'enfants ou d'un équipier peu aguerri. On parle généralement d'équipage réduit.

Garantir la sécurité du bateau

A priori, et hors difficultés relationnelles particulières, la répartition des quarts ne pose pas de problème majeur. Dans la marine marchande, il est de coutume de pratiquer des sessions de 4 heures souvent organisées comme suit : 8 h à 12 h - 12 h à 16 h - 16 h à 20 h - 20 h à 24 h - 0 h à 4 h et 4 h à 8 h.

À bord d'une petite unité de plaisance, c'est en général bien différent. Nous passerons sous silence les pratiques qui consistent à se contenter de réduire la voilure pour la nuit avant de s'assoupir pour une période indéterminée… Les équipages qui affectionnent ces manières s'autorassurent en évoquant l'usage d'appareils électroniques divers, censés les avertir de la présence d'un obstacle…

La mer est un espace de grande liberté, chaque capitaine est l'unique responsable de ses choix. Ensuite, au large, c'est la mer qui décide de tout. Et c'est une des raisons pour lesquelles, rien ne saurait remplacer la veille visuelle.

Ne pas compter que le navire de commerce se déroute
Ne pas compter que le navire de commerce se déroute

Ainsi, il est essentiel d'organiser judicieusement les quarts de nuit

L'objectif majeur de cette organisation est bien de faire en sorte que la personne responsable du quart soit réellement apte à veiller, sans s'endormir. Ce qui n'est pas une mince affaire. Quand on est jeune, c'est relativement aisé, et encore. Puis, ça se corse avec l'âge…

Les quarts de 4 heures, façon marine marchande, une bonne idée ?

Nous ne recommandons pas l'adoption des longs quarts de 4 heures à la façon de la Marine Marchande. Ils s'avèrent bien long. Nous lui préférons nettement des périodes de 3 heures qui semblent mieux adaptées à la plaisance, surtout en équipage réduit. De même, nous ne saurions préconiser le système "poético-laxiste" qui consiste à ne rien organiser du tout, et laisser les choses se faire au gré des humeurs ou des états de fatigue des uns et des autres.

Proposition d'organisation des quarts en mer en double

Après avoir testé plusieurs combinaisons différentes, voici nos conclusions et une méthode hybride qui a donné satisfaction sur des centaines d'heures de navigation hauturière.

  1. Pratiquer des quarts de 2,5 heures tout au long de la journée
  2. Le dernier quart de ce type se terminera environ 2 heures après la tombée de la nuit
  3. Celui des deux qui est le mieux adapté commencera alors un quart de 6 heures d'affilée. Bien entendu, il n'est pas question de rester éveillé et vigilant durant une telle période. Le seul moyen d'assurer une veille efficace (mais pas à 100 %, hélas), c'est de s'équiper d'un réveil. On le réglera sur 10 à 15 minutes, suivant que l'on est sur un bateau plutôt rapide ou un peu lent. On commence par inspecter consciencieusement l'horizon avant de s'installer comme on peut pour quelques minutes de sommeil au poste de barre. Dès que la sonnerie retentit, on recommence le cycle : Coup d'œil aux instruments de navigations, inspection de l'horizon et du ciel, réarmement du réveil.
  4. Après avoir passé 6 heures à ce régime, l'équipier, qui vient de goûter un bon repos, va prendre la relève. Pendant ce temps, celui ou celle qui a terminé le grand quart, plonge rapidement dans un sommeil profond. C'est justement celui qui est le plus réparateur.
  5. Deux heures et demie plus tard, on adopte à nouveau le rythme "jour" jusqu'à environ deux heures après le début de la nuit.
Par beau temps la traversée est un plaisir
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Une organisation à adapter à l'équipage

Nous sommes tous différents les uns des autres. Tous les individus n'ont pas les mêmes besoins de sommeil. Aussi, ces informations ne constituent somme toute que des propositions qui doivent être envisagées et ajustées au cas par cas.

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