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Nous partons le soir de la rade de Brest avec le courant favorable. Naviguer de nuit a un gros avantage : les enfants sont au lit ! Et, il faut l'avouer, avancer sans bambins dans les jambes est beaucoup plus tranquille. Cette traversée de la Manche débute donc bien. Le vent souffle ni trop, ni trop peu, la houle est faible, le bateau est propre et rangé, tout est fin prêt !
Dans notre bateau, le partage des quarts est un peu particulier. Le capitaine assure la nuit tandis que l'équipière veille le soir et le matin. Nous avons choisi cette répartition pour qu'au moins un adulte soit en forme la journée pour gérer nos adorables enfants mais néanmoins exigeants…
Le mal de mer attaque
Hélas, au matin, la situation est différente : une désagréable houle désordonnée s'est levée. Ceci associé à une allure au près où le voilier tape sans arrêt, c'est la recette parfaite pour un bon mal de mer. Si Guillaume n'y est pas sensible, ce n'est pas le cas du reste de l'équipage.
Le balai des seaux a commencé ! Comment peut-on dire à quel point le temps est long dans ces conditions ? Heureusement que nous avons un cake aux olives tout prêt pour déjeuner, bien que personne n'ait grand appétit. Il est, de toute façon, hors de question de cuisiner.
Le temps suspendu est finalement rompu par la VHF qui se met à crachoter en anglais. Un coup d'œil à l'AIS nous permet de voir une demie douzaine de warships se diriger vers nous, et nous n'aimons pas trop cela.
Un changement de route inopiné
Soudain, la flotte de guerre s'adresse à nous en anglais à la VHF et nous intime l'ordre de changer de cap et de ne pas nous approcher d'eux. Nous avons, de notre côté, l'impression que ce sont eux qui se rapprochent de nous à grande vitesse plutôt que l'inverse, mais bon, soit. Il faut obtempérer et nous changeons de cap pour les laisser passer.
Un moment plus tard, nous avons d'immenses bateaux militaires au-dessus de nous et au-dessous, avec des hélicoptères qui bourdonnent tout autour. Nous sommes un brin tendus, nous sentant vraiment petit à côté de tout ce monde. Mais lorsqu'ils sont passés, l'escadre nous adresse, à la VHF, ses remerciements pour notre coopération et nous souhaite un bon après-midi !
Une arrivée aux Scilly mouvementée
Aucun incident ne vient troubler le reste du trajet vers les Scilly jusqu'à notre arrivée à la tombée de la nuit. Nous sommes bien fatigués même si le mal de mer cède vite dès que l'archipel nous protège de la houle.
Hélas, alors que nous jetons l'ancre, nous nous rendons compte que la chaîne s'est effondrée sur elle-même dans la baille à mouillage et se coince. Nous avons beau faire, nous devons nous y reprendre à quatre fois pour la décoincer et mouiller correctement. Il est près de minuit lorsque nous éteignons le moteur, complètement rincés.
Heureusement que les îles des Scilly en valent largement la peine et même plus !