La traversée du golfe de Gascogne
Il est désormais temps de quitter Camaret pour rejoindre Porto, au Portugal et affronter le célèbre golfe de Gascogne. Encore une fois, la famille peut compter sur le soutien d'un équipier qu'on leur a présenté.
"Initialement, on s'était inscrit sur VogAvecMoi, mais finalement on a toujours trouvé nos équipiers de manière bénévole et amicale. Ces personnes venaient également pour l'expérience qu'elles pouvaient en retirer. L'idée était de profiter de leur accompagnement et de partager nos expériences avec un fonctionnement donnant-donnant" détaille Laurent.
C'est donc en compagnie de Morgan que Laurent et sa bande de filles se lancent pour une navigation de 500 milles en direction du Portugal. Encore une fois, l'expérience est riche en apprentissages.
"Morgan a fait de l'enseignement aux Glénans, en Australie… C'est quelqu'un de très calme et c'était un très bon élément pour affronter le golfe de Gascogne. J'en conserve une très bonne expérience. Ça a un peu tapé dans le sud avec des rafales à 35 nœuds et de la mer avec 4 à 5 m de creux. Ça nous a mis dans le bain rapidement et ça nous a permis de franchir le pas ! On avait fait que 2 ou 3 navigations à Saint-Malo. La seule expérience du vent et de la voile que j'avais, c'était en parapente en Savoie. On était bien accompagné. On a appris à gérer les quarts de nuit, les instruments, les voiles… En en discutant plus tard avec d'autres voyageurs, on s'est rendu compte que la bonne entente avec un équipier que l'on ne connait pas n'est pas toujours évidente" détaille Laurent.
Découverte des îles de l'Atlantique Nord
C'est seule que la famille effectue la navigation entre Porto et le sud du Portugal, un parcours de 161 milles qu'elle décide de morceler sur de petites distances de 30 à 60 milles. À Cascais, une nouvelle équipière embarque pour 500 milles en direction de Madère, mais cet "accompagnement" sera moins bénéfique que le premier.
"L'ambiance n'était pas très bonne. On a découvert que parfois la vie à bord peut aussi déraper. Notre équipière n'avait pas d'expérience en catamaran et n'était pas habituée à naviguer loin des côtes. Notre objectif de départ était aussi de préserver notre bateau en ne le sollicitant pas trop, mais ce n'était apparemment pas le sien" explique Laurent.
C'est finalement en famille que se déroule la nouvelle navigation de plus de 250 milles en direction des Canaries. Après quelques visites et du cabotage d'île en île : Lanzarote, Tenerife, La Gomera, la famille est rejointe par l'un de leurs deux amis de Saint-Malo début décembre, avant de transater le 13 décembre 2021.
"Entre-temps, on a quand même vécu quelques péripéties… On a notamment déchiré une voile au départ de Madère pour rejoindre les Canaries à cause d'une erreur d'appréciation. On l'a faite réparer sur l'île et récupéré notre gennaker pour la transat" explique Laurent.
L'heure de la grande traversée
Ces 23 jours de transatlantique se déroulent rythmés par les quarts de nuit – répartis entre les 3 adultes – et le soleil, avec des conditions très favorables, malgré un ralentissement entre les Canaries et le large du Cap Vert.
"Nous n'avons pas eu de vent pendant plusieurs jours. On a affalé les voiles, coupé les moteurs et nous nous sommes laissés porter sans rien faire. Il n'y avait pas d'air et la mer était d'huile" explique Laurent.
Le temps est rythmé par la pêche, l'observation des étoiles, la veille et la contemplation de l'immensité de la mer qui les entoure. Les filles sont quant à elles dispensées de travail scolaire pendant la traversée en raison du réseau erratique.
"On a croisé deux cargos qui nous ont contactés via la VHF pour nous demander si tout allait bien et nous proposer des fichiers météo, mais dans l'ensemble nous avons croisé peu de bateaux. Nous n'avons pas pu nous arrêter au Cap Vert car le temps pressait, la femme et le fils de notre ami devaient nous rejoindre en Martinique. On se rend compte qu'on ne peut pas forcément suivre à la lettre le programme fixé avant le départ" ajoute Laurent.
La famille subit quelques avaries – casse du chariot de grand-voile et d'une bosse de ris – qui seront facilement réparées en mer.
"J'étais très content d'avoir cet ami équipier à bord avec nous qui a pas mal de connaissances. Ça aurait été différent si on était partis tous les 5, même si je me débrouille sur pas mal de choses. Il faut gérer la fatigue, la navigation, les réparations et même si le propriétaire avait laissé à bord beaucoup de matériel - on avait un gros magasin de pièces détachées, notamment tout ce qu'il fallait pour réparer le chariot de GV ou la longueur de bout neuf suffisante pour la bosse de ris – je ne m'imagine pas avoir fait cette transat sans lui."
La découverte des Antilles en autonomie
À leur arrivée au Marin, l'heure est à l'escale technique pour réparer notamment la girouette et l'anémomètre qui ont souffert de la transat. Puis le voyage reprend ses droits pour découvrir les nombreuses îles antillaises : Union, au sud des Grenadines, Saint-Vincent, Sainte-Lucie, la Martinique, la Dominique et la Guadeloupe. Avant leur retour, ils iront également visiter Antigua ou encore Barbuda.
"L'île de la Dominique est notre destination préférée pour la qualité de l'île et sa population, et de ce que l'on a pu y trouver. On nous l'avait déconseillée à cause de la piraterie. La population locale est très souriante et aimable, on a eu un accueil des plus chaleureux. C'est dépaysant car les gens ne parlent pas français mais anglais et créole. On encourage les gens à s'y arrêter surtout qu'ils ont beaucoup souffert de l'ouragan Maria, auxquels ont succédé deux années de Covid. On a aussi aimé les Grenadines pour le dépaysement et l'eau turquoise. Dans tous les cas, la vie est chère dans les Antilles, mais on s'adapte. On n'a pas le choix et on ne se plaint pas quand on pense aux populations locales. On a essayé de participer comme on peut en achetant des produits aux petits bateaux qui vendent des fruits, des langoustes."
La famille est désormais autonome et continue de vivre sur son bateau et de profiter jusqu'au début de la saison cyclonique des charmes des îles antillaises. Malgré l'épidémie de Covid, certes moins présente, ils n'ont pas subi de quarantaine ni été freinés dans leur plan. Ils ont d'ailleurs pu compter sur des applications et des contacts avec d'autres bateaux pour connaitre les différentes démarches à réaliser en fonction de leurs escales.