Laurent Marion, fondateur d'Escale Formation Technique, nous dresse le portrait des principales formations qu'il dispense aux candidats au départ, avant leur grande navigation. Les principales formations que suivent les plaisanciers au long cours sont les stages Sécurité et Survie en mer Grande Croisière, et le Stage Médical Grande Croisière.
Sécurité et Survie en mer Grande Croisière
Ce stage abord toutes les notions de sécurité sur un bateau, depuis le rappel des points de contrôle, la préparation du bateau et de l'équipage pour le gros temps, la gestion de la météo et l'état de la mer, le processus de déclenchement des secours, les manœuvres d'homme à la mer, les méthodes d'abandon du navire ou encore l'utilisation de la pyrotechnie d'alerte.
"C'est une approche grand voyage en famille. On explique comment reposer les notions de sécurité en croisière : limiter la toile, calmer le jeu, gérer les quarts à bord, le rôle de skipper, la gestion du sommeil. C'est une approche pédagogique. On passe d'une vie terrestre sécurisée à une vie en mer où il y a des dangers. Nous ne sommes pas habitués au risque. On dédramatise la situation, on rassure et on leur fait accepter cette notion de risque."
Stage Médical Grande Croisière
En mer, on peut être amené à consulter un médecin (CCMM Toulouse) mais à distance… C'est donc un des membres d'équipage qui devra établir un diagnostic, voir même réaliser des soins. Il est donc important de suivre une formation médicale.
Au terme de ce stage, le plaisancier sera à même de faire face à une urgence vitale et d'assurer les premiers gestes indispensables. Il pourra effectuer les différents bilans en fonction de la blessure (noyade, hypothermie, fracture, plaie…), de prendre en charge un traumatisme, de décider de l'intérêt d'un avis médical, de réaliser des gestes techniques ou encore de préparer une pharmacie de bord adaptée.
"Le stage médical est important. On peut se retrouver à effectuer des gestes médicaux qui sont interdits à terre : piquer, suturer, poser un garrot… Il faut être capable de transmettre un diagnostic par téléphone satellite, de prendre des décisions en fonction des moyens de secours dans la zone de navigation. Ce sont des décisions lourdes de conséquences. Cette formation est là même que celle que suivent les skippers du Vendée Globe."
Météo Marine Hauturière (2 niveaux)
Avec cette formation, le plaisancier acquiert une compréhension globale de la météorologie, depuis la théorie jusqu'aux prévisions en disposant d'outils qui faciliteront le travail. L'objectif est d'aller au-delà de la simple lecture d'un fichier grib ou d'un pilot chart qui doivent être interprétés en fonction des conditions extérieures.
"La case météo est fondamentale. La tempête fait peur. On a réduit la météo à des fichiers gribs, mais ce n'est pas que ça. Il faut les interpréter et il y a différents niveaux de maillage, de précision. Le routage est inutile sans beaucoup de travail de préparation sur les polaires du bateau. La météo, ce n'est pas que le vent. C'est aussi la mer et les vagues."
Les formations pour naviguer en autonomie
De nombreuses formations permettent de gérer son autonomie sans avoir besoin de faire appel au SAV ou à des professionnels : mécanique, électricité et énergie marine, matelotage, météo marine, atelier voilerie et gréement.
"La mécanique diesel est un gros porteur. On n'a pas envie de se confronter à une panne moteur. Alors que l'atelier voilerie, si on part avec des voiles neuves, il y a moins d'intérêt. L'électricité et l'autonomie énergétique sont importantes quand on fait du large. En mer, il n'y a pas d'énergie et on leur apprend à en récupérer : éolienne, hydrogénérateur, panneaux solaires… Il faut comprendre le pourquoi du comment en fonction du confort de ce que l'on souhaite à bord. Les plaisanciers suivent généralement cette formation soit en préachat soit en début du refit pour être sûr de ne pas se tromper."
Seul ou en couple
Toutes les formations ne sont pas à suivre par tous les membres qui composeront l'équipage. Certains domaines n'ont pas besoin d'être maitrisés pour l'ensemble du bord, alors que certaines au contraire permettent de renforcer la confiance mutuelle de l'équipage sur un long voyage.
"Les formations individualisées type Mécanique ou autonomie énergétique ou tout ce qui est technique sont encore très genrées, et typiquement masculines. Tout ce qui est électricité, matelotage, voilerie sont souvent suivies par un seul équipier. Les formations météo, survie et médical se font plus à deux. Ça nécessite une cohésion d'équipage ou de couple pour réaliser ce projet de départ. De plus en plus de plaisanciers suivent l'intégralité des stages mais en moyenne, on est sur 4 à 5 stages. Certains ont déjà des compétences sur des domaines comme la mécanique, l'informatique."
