La Somme prend sa source à Fonsomme dans l'Aisne pour se jeter dans la Manche, à Saint-Valery-sur-Somme.
C'est en 1824 que le canal de la Somme, qui serpente de Saint-Simon (Somme) jusqu'à la mer, est créé. D'abord voie de transport vers et depuis la capitale, le canal est progressivement remplacé, au cours du XXe siècle par les transports routiers et ferroviaires.
Presque abandonné par son gestionnaire historique, les Voies Navigables de France (VNF), le canal a été repris dans sa partie en aval de Péronne par le département de la Somme en 2006.
C'est avec Joël Bardot, trésorier de l'association des amis du fleuve Somme, que nous voguons au long du canal de la Somme.
L'association vise à maintenir le fleuve Somme, tant dans sa portion fluviale aujourd'hui fermée que dans sa portion canalisée, accessible, accueillant et riche du large patrimoine de cette région. Créée en 2014, l'association fédère les actions de structures implantées localement, clubs de kayak, plaisanciers ou encore structures touristiques. Elle s'inscrit comme un partenaire efficace des pouvoirs publics, notamment des Voies Navigables de France.
Le canal du midi du nord de la France
Joël explique : "On fait très souvent une comparaison à propos de la Somme en disant que c'est le canal du midi du nord. J'ajoute que c'est aussi plus clair, dans le canal de la Somme on voit le fond !" Creusé dans le lit historique du fleuve Somme, le canal est l'un des seuls en France à se jeter directement dans la mer.
"Le canal constitue, pour les plaisanciers, une offre touristique à plusieurs visages, les eaux calmes et reposantes d'un côté, la navigation côtière de l'autre" continue le guide.
Les habitants du département ont toujours eu un rapport proche avec le fleuve. En effet, ce ne sont pas moins de 70 % des habitants de la Somme qui demeurent à moins de 5 kilomètres du cours d'eau. Ce qui explique sans doute que les aménagements, les transformations et les services autour du canal soient en perpétuelle évolution, partie intégrante du quotidien des locaux.
"Le fleuve s'est retrouvé, pour des raisons à la fois administratives et économiques, coupé en trois tronçons. La partie maritime après Saint-Valery-sur-Somme, le canal à proprement parler sur 120 kilomètres entre Peronne et Saint-Valery et le fleuve Somme, entre Fonsomme et Peronne, qui est totalement abandonné par VNF depuis 2002."
Pour le bicentenaire de la voie, en 2027, l'association caresse l'espoir que la partie restante, en amont d'Offoy, soit reprise par le département pour offrir une voie navigable complète, service compris. Il s'agirait alors de raccorder de nouveau, par le bief partant de Saint-Simon à Offoy, le canal de Saint-Quentin au Canal de la Somme.
Attention à bien suivre les noms
Depuis Offoy jusqu'à Péronne, la Somme mêle ses eaux à celles du canal du Nord. Arrivées à Péronne, les eaux se séparent de nouveau et la branche canal de la Somme entre dans le domaine départemental, juste au passage de l'écluse de Sormont.
Un riche patrimoine naturel et bati le long du canal
"Tous les villages autour du canal font des efforts d'accueil et d'animation" explique Joël. "Il faut penser à acheter le journal local et poser les questions aux éclusiers pour se tenir informé de ce qu'il se passe, car il se passe toujours quelque chose à proximité."
Les propriétaires de bateaux à moteur thermique peuvent faire le plein à Cappy. "Dans ce petit port, où se trouve par ailleurs le siège social de l'association, on peut presque tout faire" explique Joël. Location de vélos, canoés, kayaks ou encore gyropodes sont proposés par ce port géré par l'office de tourisme d'Albert, poétiquement nommée Office du Tourisme du pays du coquelicot. "Chaque année, les plaisanciers mettent à disposition du public leurs bateaux pendant la fête du port, pour faire découvrir au public le canal. Comptez 2 € la promenade qui permet de découvrir le patrimoine fluvial local."
"Toujours à Cappy, il ne faut pas manquer le restaurant Le Graal de Cappy, puis à Eclusier-Vaux, le domaine des petits bouchons" conseille Joël.
"A propos de restauration, les abords du canal fourmillent de petits points de restauration et autres bars qui font tous des efforts pour proposer de l'alimentation de qualité et abordable aux familles" continue le guide. "Il suffit de lever les yeux et de regarder ce qu'il y a sur les berges."
"Tous les services sont disponibles à Péronne, alimentation comme carburant. Le port est à un petit kilomètre du centre-ville et propose une vingtaine d'emplacements" explique le guide.
"A Froissy, il ne faut pas manquer le petit train de la haute Somme, au bord de l'eau" ajoute Joël.
"Sur Corbie, la halte située en centre-ville est organisée en 4 zones différentes qu'il faut bien respecter" commente le guide. "Tous les commerces sont à proximité. A savoir, les sanitaires se trouvent dans le camping juste à côté de la halte."
"A Picquigny, les amoureux des pagaies peuvent s'arrête au club de canoë-Kayak pour pratiquer, c'est aussi l'un des spots de rafting les plus vivants sur la Somme" Recommandation validée par le trésorier de l'association.
"Les amoureux des fleurs doivent faire une halte à Long. La commune est fleurie toute l'année et mérite qu'on s'y arrête". Ne pas manquer, toujours à Long, l'une des premières usines hydroélectriques de France qui a apporté la lumière dans les foyers au début du XXe siècle. L'usine se visite, les machines y sont encore fonctionnelles !
On ne saurait parler de la Somme sans parler d'Amiens et de ses fameux hortillonnages. "La visite est à réaliser toute l'année, en barque comme à pieds" explique Joël. "La cathédrale est à 3 minutes à pieds depuis le port principal d'Amiens où on trouvera tous les services" explique le guide.
Joël précise : "Pour se ravitailler, si vous avez passé plus de temps à visiter Amiens qu'à refaire la cambuse, visez Ailly-sur-Somme ou Picquigny, tous les commerces sont présents et on y trouve du très bon pain !"
Visite à faire en famille, Samara. "Un petit relais nautique est disponible sur place et on peut passer sa journée à visiter ce parc archéologique exceptionnel de la région".
"Le journaliste Henri Sannier, maire d'Eaucourt sur Somme, a lancé la restauration du château. Endroit à ne pas manquer." La bonne nouvelle est qu'une halte nautique est disponible sur place, située à moins de 500 mètres du centre du bourg.
De nombreux services nautiques
Modeste voie d'eau, le canal de la Somme n'en propose pas moins des services nautiques de qualité.
Six bases de location sont disponibles sur le canal.
Ce ne sont pas moins de 13 ports ou escales qui sont proposés tout au long du parcours et autant de cales de mise à l'eau.
La vaste majorité des pontons et escales proposent eau et électricité aux plaisanciers.
"Tout au long du parcours" indique Joël "il faut faire des haltes dans les maisons éclusières. Elles ont quasiment toutes été reconverties pour des services touristiques." Restaurants, artisanat ou petites boutiques ponctuent le trajet sur ce canal.
Un parcours à l'ancienne pour des services modernes
La descente du canal de la Somme ne présente aucune difficulté particulière. Un petit peu de préparation est nécessaire pour aviser le Poste Central d'Exploitation (06 74 83 60 69) de son intention d'utiliser la voie d'eau.
"Selon le programme de navigation envisagé, un ou plusieurs éclusiers viendront suivre le parcours du plaisancier pour, à chaque ouvrage, procéder au sassement. Il ne reste plus qu'à préparer bouts et gaffe pour un passage aisé." explique notre guide.
Ces éclusiers partent de quatre centres d'exploitation répartis tout au long du canal :
- Bray-sur-Somme (pour le secteur de Sormont à Sailly-Laurette)
- Amiens (pour le secteur de Corbie à Montières)
- Long (pour le secteur d'Ailly-sur-Somme à Pont-Rémy)
- Saint-Valery-sur-Somme (secteur d'Abbeville à la baie de Somme).
En été, les éclusages se font du 9 h à 12 h 30 puis de 13 h 30 à 18 h, tous les jours de la semaine (jours fériés compris). Du 1er novembre au 31 mars, les sassements se font du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h.
La navigation demeure ouverte en permanence au sein des biefs, quelle que soit la saison. Le canal de la Somme ne connaît pas de chômage planifié.
Enfin, pour parfaire le portrait d'un cours d'eau pensé pour ses usagers, une application existe (Somme en poche) qui permet d'indiquer au PCE son intention de passer les ouvrages comme d'obtenir des informations touristiques sur les ports et haltes nautiques.
Les moins connectés - ou encore celles et ceux qui veulent déconnecter le temps d'une croisière sur la Somme - utiliseront le guide nautique publié par le département.
Les conseils du guide
Lorsque vous contacterez le PCE pour un accompagnement, pensez à annoncer un tirant d'eau raisonnable, qui prend en compte la charge du bateau en carburant et cambuse, pour éviter les mauvaises surprises. De même, pour laisser aux agents le temps de se mettre en route, contactez le centre d'exploitation au moins une demi-heure avant votre départ chaque matin, en annonçant le programme de la journée. Et si, d'aventure, une halte s'imposait alors qu'elle n'était pas prévue, pensez à prévenir les agents pour leur éviter d'attendre inutilement.
A la haute saison, il peut s'écouler un certain délai entre votre arrivée sur un ouvrage et l'arrivée d'un agent. Ce sera sans doute car il est en train de faire sasser un bateau ailleurs. D'où l'intérêt, pour tous les usagers, de rassembler autant que possible les passages au même moment.
"Discutez avec les autres bateaux qui suivent votre route et avec les agents pour organiser au mieux les passages" explique-t-on du côté du comité du tourisme.
L'écluse de Saint-Valery-sur-Somme est soumise aux conditions de marée. Les agents sont à leur poste 2 h 30 avant la pleine mer pour des passages qui ne peuvent s'effectuer qu'une heure à une demi-heure (selon les coefficients) avant cette pleine mer.
Si la plupart des écluses se passent sans aucune difficulté, certaines nécessitent de se préparer. C'est le cas, notamment, de celle de Pont-Rémy. Située dans une courbe le courant aura tendance à y pousser l'arrière du bateau vers l'extérieur.
L'écluse de La Caroline, à Amiens, est la plus profonde du canal (4.20 mètres), il faut prévoir la longueur de bout nécessaire (une dizaine de mètres dans l'idéal).
Enfin, à l'aval de l'écluse de Picquigny, un très fort courant traversier nécessite une attention permanente. Toujours dans la zone entre Long et Picquigny, prenez large car les virages ont tendance à fortement s'envaser. Le chenal est clairement matérialisé et nécessite d'être respecté.
La vitesse est limitée à 6 kilomètres par heure sur l'ensemble du canal, vitesse qu'il faudra évidemment adapter aux autres usagers qui partagent la voie.
"Pensez à prévoir des pièces de 2 euros, idéalement françaises, qui sont les seules acceptées dans les bornes d'électricité" précision utile du guide qui continue "en cas de disjonction, il faut penser à appuyer sur le bouton de réarmement situé sur le côté des bornes."
"Pour l'eau, les adaptateurs sont tous présents dans les bornes, sauf à Corbie. Il faut les demander à l'accueil du camping" termine Joël.
Les précautions d'usage s'appliquent sur le canal : respect des instructions des éclusiers, partage de l'espace en serrant autant que possible sur la droite et… "Bonne humeur, sympathie et patience sont les maîtres mots d'une promenade réussie sur le canal de la Somme" conclut le guide.